Dim. Juil 21st, 2024

Par Mai Lie Caya

L’Université de Sherbrooke fait partie des rares établissements d’enseignement supérieur à permettre aux membres de la communauté étudiante ainsi qu’à son personnel de décider du nom lui étant assigné dans les communications universitaires. À la lumière de cette directive adoptée le 12 novembre dernier, l’UdeS fait preuve d’inclusion et promeut la diversité. En effet, les membres de l’UdeS auront le choix de modifier, en cours d’étude, leurs prénom, nom de famille et genre.

Changement apporté à la politique de désignation

La dénomination indiquée dans les communications universitaires peut différer de la dénomination légale. Par exemple, il est possible que la communauté étudiante internationale ait recours à ce service pour éviter les problèmes de prononciation et de graphie associés à sa dénomination d’origine étrangère. En donnant l’option aux membres de l’UdeS de changer de prénom et même de supprimer l’un d’entre eux, les étudiants et étudiantes auront davantage de facilité à se présenter.

L’approche humaine de l’UdeS

L’application de cette politique s’accorde également à la réalité dont les personnes trans et non binaires peuvent faire face. La compréhension de l’Université quant au stigmate que différentes personnes sont susceptibles de vivre distingue l’UdeS des autres universités québécoises. En effet, elle serait une des premières à légitimer une autre dénomination que celle donnée à la naissance. Il est possible que le genre et le sexe assignés à un individu ne soient pas compatibles avec sa véritable identité. C’est dans cette perspective que la politique de désignation favorisera une transition plus harmonieuse des individus confrontés à ce genre de situation. En effet, Séré Beauchesne Lévesque, du Groupe d’action trans de l’Université de Sherbrooke (GATUS), définit la justification de l’identité des personnes trans comme étant « anxiogène », comparant leur parcours d’étude à un coming out répété chaque session. Même que « beaucoup de personnes trans font le choix de rester dans l’ombre et attendent la fin de leurs études pour transitionner », explique-t-iel.

L’identité sur papier

La dénomination sur la carte étudiante et sur la liste de présence remises aux professeurs, entre autres, reflètera ce changement. Toutefois, le nom légal des membres de l’UdeS demeure en vigueur pour les relevés fiscaux et les relevés de notes, les diplômes, les attestions émises par le Bureau de la registraire ainsi que pour les factures universitaires. Il s’agirait d’une règle à laquelle toutes les universités ont l’obligation de se plier. D’ailleurs, l’UdeS ne serait pas la seule université au Québec à avoir adopté une politique de dénomination de la sorte. L’UQAM, Concordia, McGill et l’Université de Montréal proposent déjà ou proposeront prochainement une opportunité similaire pour les membres de leurs campus.

La position de l’UdeS face à la norme sociale

Maintenant que les membres de la communauté universitaire auront le choix de changer leurs nom, prénom et catégorie de genre, la directive joue un rôle important dans l’affirmation de l’identité des personnes vivant une transition. L’UdeS normalise cette réalité qui a trop souvent été soumise à des formes de stigmatisation. Séré Beauchesne Lévesque se réjouit d’ailleurs de la mise en place de cette directive qui figurait dans les revendications faites par le groupe. Iel, contraction du pronom « il » et « elle », exprime son soulagement à l’idée de ne pas « avoir à se justifier, à répéter son histoire [considérant cette obligation comme étant anxiogène et] discriminatoire pour les personnes trans. Depuis toujours, Séré ne se considère ni gars ni fille, iel se décrit comme une personne trans non binaire. C’est dans cette visée que l’UdeS a également ajouté aux catégories “femme” et “homme” la case “autre” dans ses formulaires. En choisissant cette dernière catégorie, les membres de l’UdeS ne recevront aucune communication adressée au titre de “madame” ni de “monsieur”.

Une politique englobante

Pre Christine Hudon, vice-rectrice aux études à l’UdeS, souligne la “volonté de faire de notre université un milieu exemplaire sur le plan de l’équité, de la diversité et de l’inclusion”. Pour honorer la politique à sa juste valeur, l’UdeS ouvrira en janvier 2020 un “vestiaire universel” au Centre sportif du campus principal. Ce nouvel aménagement mixte sera accessible aux personnes trans non binaires, aux femmes ainsi qu’aux hommes. Déjà que certaines toilettes de l’Université de Sherbrooke sont non genrées, l’annonce de la directive sur la désignation ne peut qu’ouvrir davantage la voie à l’inclusivité dont l’institution est fière.

Bianca > Beyoncé

Pour modifier l’inscription de sa dénomination ou de son genre, la communauté étudiante doit remplir un formulaire en ligne. À n’importe quel moment, l’étudiant ou l’étudiant aura le choix de rectifier et de corriger son nom, son prénom et son genre. Même que, si la personne change d’avis à propos de son nouveau nom, elle pourra s’en départir en tout temps. Toutes les dénominations sont acceptées, hormis celles dont la consonance est dérisoire, péjorative ou grossière ainsi que les références aux personnages connus. D’ailleurs, l’Université s’affranchit de demander la nature du changement de dénomination et “[considère que ce choix] ne nous regarde pas”, admet Kim Lagueux Dugal, registraire de l’UdeS. En date du 20 novembre, la registraire et directrice générale exprime que “36 personnes ont demandé un changement de prénom, de nom et/ou de genre, dont 17 concernent un changement de genre ; 11 concernent un ajout ou un retrait de prénom ou de nom pour des personnes étudiantes et employées canadiennes ; 8 concernent un changement de prénom ou de nom pour les personnes étudiantes et employées internationales”. La nouvelle directive gagne du terrain et les résultats prouvent déjà la pertinence de son adoption.


Crédit Photo @ Université de Sherbrooke

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