Sam. Juil 27th, 2024

Par Virginie Roy

La nouvelle bourse Alain Harvey et Claude Villeneuve sera offerte, dès l’automne 2021, aux personnes étudiantes s’impliquant dans des actions visant à favoriser l’inclusion de la diversité sexuelle et la pluralité des genres à l’UdeS.

Par l’entremise de cette bourse, Claude Villeneuve, directeur adjoint des 2e et 3e cycles à l’École de gestion, a souhaité rendre hommage à l’homme avec qui il a passé plus de 20 ans.

« Alain disait souvent qu’il préférait laisser son héritage à quelqu’un qui le mérite et avec qui il aurait eu des contacts significatifs au cours de sa vie. Je crois que le geste que je pose avec cette bourse s’inscrit parfaitement dans cette philosophie », peut-on lire sur le site Internet de l’Université de Sherbrooke.

Cette bourse d’études couvrira l’équivalent des droits de scolarité d’une personne étudiante pour l’entièreté de son baccalauréat. L’excellent dossier scolaire des candidats et candidates et leur implication dans des actions visant à favoriser l’inclusion de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres seront les principaux critères d’attribution.

La personne qui se verra accorder ce soutien financier pourra provenir tant de l’international que du Québec et du Canada.

Installations inclusives

*Afin d’adapter la langue française à la réalité des personnes non binaires, Le Collectif utilisera dans les prochains paragraphes le pronom iel et le déterminant lu, tout deux non binaires.

Le Groupe d’action trans de l’Université de Sherbrooke (GATUS) travaille depuis sa fondation, en 2016, à assurer le respect des droits de ses membres, en proposant notamment l’ajout de services essentiels à leur bien-être à l’administration de l’Université.

Grâce aux efforts du conseil exécutif, d’importantes avancées ont été réalisées, dont l’instauration de toilettes non genrées et d’un vestiaire universel en 2019. « Cette demande nous est venue directement d’un besoin des membres », commente Joanny Raby, porte-parole du GATUS.

Si ces initiatives peuvent sembler minimes aux personnes cisgenres, elles peuvent faire toute la différence dans la qualité de vie des personnes trans, non-binaires et en questionnement.

« Juste de pouvoir éviter d’avoir à faire un choix comme “quelles toilettes devrais-je utiliser pour minimiser les interactions négatives, les regards, les commentaires” augmente la qualité de vie de plusieurs personnes », poursuit lu porte-parole.

Iel raconte d’ailleurs qu’il n’était pas rare qu’une personne étudiante arrive en retard au retour d’une pause en raison de l’attente après une toilette individuelle ou de la recherche de celle-ci. « Avec le répertoire, ça permet de rendre ces endroits-là plus accessibles et ça facilite la vie des personnes qui veulent juste étudier. »

L’anxiété pouvait augmenter encore davantage lorsqu’il était question d’aller se changer dans des espaces genrés. « Il y avait des personnes qui n’allaient pas au Centre sportif et qui, maintenant, peuvent y aller en paix », expose Joanny Raby.

L’Université a en effet instauré le vestiaire universel il y a un peu moins d’un an, dans un espace déjà en place, permettant ainsi de réduire le délai d’utilisation. Le concept est très simple : une aire mixte où tout le monde doit se changer et se doucher en cabine individuelle cloisonnée. Il est annexé au bassin 25 m.

Identité et dénomination

L’UdeS se démarque particulièrement sur le plan de l’inclusion de la diversité de genre grâce à sa Directive officielle relative au choix du prénom, du nom ou du genre, entrée en vigueur en novembre 2019.

« L’Université est la première à avoir une directive aussi développée », note Joanny Raby. Si d’autres universités acceptent uniquement le changement de prénom sur la carte étudiante, les changements de prénom, de nom et de genre touchent également l’adresse courriel USherbrooke, les listes facultaires et le bottin UdeS.

« Avant, la personne étudiante devait faire les démarches avec chaque prof. Maintenant, tout se fait au même endroit », explique lu porte-parole. Ces démarches peuvent même avoir lieu au moment de l’inscription si nécessaire, précise-t-iel.

Si le processus est assez simple — remplir un formulaire indiquant les modifications souhaitées —, tout n’est pas parfait encore.

Blake Ranger a reçu une réponse négative il y a quelques semaines. Un courriel automatisé énumérant une liste de raisons pour laquelle sa demande pouvait avoir été refusée. « Nom offensant, ridicule, quelque chose là-dedans. Tu ne parles avec personne, il n’y a personne qui t’explique quoi que ce soit. Tu n’as même pas la chance de te justifier. »

Au bas du message, les coordonnées du secrétariat général s’iel désire les contacter pour comprendre le refus. Ce qu’iel a fait sur le champ, tout en écrivant parallèlement à une amie travaillant au sein du bureau du registraire.

Sa demande sera finalement acceptée quelques heures plus tard. Tout est bien qui finit bien. Oui, mais… « Pendant tout ce processus, il n’y a eu personne qui m’a présenté des excuses », confie Blake Ranger.

Iel aura tout de même la chance de s’entretenir avec la secrétaire générale Jocelyne Faucher pour lui exprimer ses commentaires.

« Je n’ai pas une confiance inébranlable, mais je suis quelqu’un qui a assez confiance en soi pour savoir que, moi, j’ai quelque chose en tête et je m’en vais en ligne droite. Mais quelqu’un d’insécure, pour lui, pour elle, si ce sont les premiers pas d’une grande aventure, ça l’aurait pu les décourager de recevoir un courriel automatisé comme ça », s’indigne Blake Ranger.

Iel témoigne tout de même de l’ouverture universelle du corps professoral qui l’entoure. « Leurs réactions démontrent aussi une forme d’amour et d’entraide qui est, j’aurais tendance à dire, ancrée à l’Université. »

Après ces réussites, le GATUS se penche maintenant sur l’utilisation du titre de civilité Mx. « Présentement, le titre M. ou Mme est juste retiré dans le bottin ou dans les autres communications », explique Joanny Raby.

La formation sur le sujet se doit aussi d’être continuée auprès de tout le personnel. « L’Université n’est pas un monolithe. Certaines personnes de l’administration peuvent avoir certains aspects de cette lutte-là très à cœur, sans que ça se répercute bien à d’autres niveaux », conclut lu porte-parole du GATUS.


Crédit Photo @ Béatrice Palin

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