Ven. Mar 29th, 2024

Par Maria Métivier

Après quatre années de recherche, l’Enquête Sexualité, Sécurité et Interaction en Milieu universitaire (ESSIMU) a sorti son rapport final sur la situation des violences sexuelles en milieu universitaire. L’étude démontre que plus du tiers des participants affirment avoir subi un acte à caractère sexuel non désiré depuis leur entrée à l’université.

« Dès 2014, une équipe indépendante, soutenue par le Réseau québécois en études féministes (RéQEF), le Service aux collectivités de l’UQAM et le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS), a mis en chantier cette recherche sur les violences sexuelles en milieu universitaire, une première initiative du genre au Québec. » (« Ce que révèle l’enquête ESSIMU sur la violence sexuelle en milieu universitaire au Québec », 2017)

Les violences sexuelles peuvent prendre plusieurs formes : l’agression sexuelle, l’exhibitionnisme, le voyeurisme, le harcèlement sexuel, le cyberharcèlement, l’attouchement non désiré, la menace de viol, le chantage sexuel et diverses formes de comportements sexuels non désirés. Il est important de se rappeler qu’aucune forme de violence sexuelle n’est plus importante qu’une autre. Chaque personne a une expérience et une réaction différente face à un acte sexuel non désiré.

Les visages derrière cette étude

Pour l’étude, on s’est intéressé à plus de 9 200 participants et participantes. 70 % d’entre eux étaient aux études. Près de 40 % des participants et participantes de la recherche affirment avoir été victimes d’une forme de violence sexuelle depuis le début de leur parcours universitaire.

Les victimes sont majoritairement des femmes, des personnes de minorité de genre et de sexe, des étudiants et étudiantes ayant un handicap ou un problème de santé et des étudiants et étudiantes internationaux.

L’ESSIMU affirme qu’à ce jour, près de la moitié des étudiants et étudiantes ayant vécu une forme de violence sexuelle subissent encore des préjudices affectant une sphère de leur vie. Les séquelles de ces violences vont d’un changement d’habitude dans la vie des victimes à de réelles séquelles physiques et psychologiques permanentes.

Briser le silence ou non ?

Lorsque les victimes ont été interrogées à savoir si elles se sont confiées, l’ESSIMU précise qu’environ trois victimes sur cinq ont brisé le silence. Dans la majorité des cas, elles se sont confiées à leur entourage dans la semaine suivant l’acte.

Par contre, près du tiers des victimes de violences sexuelles n’ont jamais parlé de leur expérience. Cette statistique est plutôt alarmante, car ces personnes n’osent pas aller chercher l’aide auquel elles auraient droit.

Malheureusement, encore aujourd’hui, les victimes qui ont brisé le silence affirment qu’elles ont reçu des réactions d’accusation et d’exclusion face à leur mésaventure. Des réponses telles que : « Tu aurais pu prévenir l’événement. » ou « Tu as été irresponsable. » sont toujours entendues, malgré les campagnes de sensibilisation.

Des violences sexuelles quasi omniprésentes

L’étude a rapporté que la majorité des actions de violence sexuelle sont le plus souvent commises lors d’activités festives et sociales (sur le campus et hors campus) et des activités pédagogiques, avec pairs et corps enseignant. De plus, l’omniprésence des réseaux sociaux crée un contexte favorable aux actes de violence sexuelle. La plupart des gestes sont commis par des personnes de genre masculin.

Des solutions possibles?

L’ESSIMU présente 15 recommandations dirigées vers les institutions gouvernementales, scolaires et communautaires. Celles-ci visent à accroître la prévention des violences sexuelles. Elles sont divisées en six axes (Bergeron & Goyer, n.d.) :

  1. La mise en place de politiques et de plans d’action, découlant d’un leadership aux niveaux fédéral et provincial.
  2. La création d’un environnement physique sécuritaire pour la communauté universitaire.
  3. La mise en œuvre de campagnes de sensibilisation en matière de violence sexuelle, permanentes et adaptées aux différents groupes de la communauté universitaire.
  4. La disponibilité d’un lieu unique et spécifique d’informations complètes et pertinentes sur la violence sexuelle en milieu universitaire, par exemple un site Web, et la tenue d’activités de formation et d’éducation à l’ensemble de la communauté universitaire portant explicitement sur la violence sexuelle.
  5. La dotation d’une ressource spécialisée en matière de violence sexuelle, accessible à l’ensemble de la communauté universitaire.
  6. Le financement de projets de recherche dans le domaine des violences sexuelles en milieu universitaire.

Il est aussi important de rappeler que la mobilisation de la communauté étudiante et du corps enseignant et professionnel de l’université demeure un élément clé dans la prévention des violences sexuelles. De plus, si vous ou l’un de vos proches êtes victime d’une quelconque forme de violence sexuelle, plusieurs services sont à votre disposition. Briser le silence peut être une grande épreuve, mais sachez qu’il y a plus d’une personne prête à vous aider.

Si vous ou l’un de vos proches avez besoin d’aide, vous pouvez contacter

Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke – Hôpital Fleurimont

3001, 12e Avenue Nord
Fleurimont (Québec) J1H 5N4
819 346-1110
24 h sur 24, 7 jours sur 7

CALACS Estrie

Case postale 1594, Succursale Place de la Cité
Sherbrooke (Québec) J1H 5M4
819 563-9999
Du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 12 h 
et de 13 h à 16 h 30
info@calacsestrie.com
calacsestrie.com

Service de soutien aux hommes agressés sexuellement durant l’enfance (SHASE)

Répond aussi aux besoins des hommes victimes à tout âge
Sherbrooke
819 564-5043, poste 250
evans.bedard@sapcriminalite.com
shase.ca

Partage au masculin (Ressource pour hommes)

Pour l’ensemble du Québec (numéro sans frais) : 1 866 466-6379
partageaumasculin.com

Iris Estrie

505, rue Wellington Sud
Sherbrooke (Québec)  J1H 5E2
819 823-6704
Du lundi au vendredi de 8 h à 12 h et de 13 h à 16 h
irisestrie.org

Gris Estrie

165, rue Moore
Sherbrooke (Québec)  J1H 1B8
819 434-6413
info@grisestrie.org
grisestrie.org

Groupe d’action trans de l’Université de Sherbrooke (GATUS)

gatus@usherbrooke.ca
gatus.association.usherbrooke.ca
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