Mar. Mar 26th, 2024

edito - rodEntrevue avec Léonie Lepage Ouellette, membre du nouveau comité interfacultaire Désinvestissons UdeS

Par Rodrigue Turgeon

R. En quoi consiste le désinvestissement?

L. Les universités, les institutions religieuses et les régimes de retraite achètent des actions, des obligations ou d’autres placements afin de faire des revenus. Certains placements se retrouvent investis dans diverses compagnies exploitant les combustibles fossiles. Le mouvement canadien Sans Énergie Fossile fait campagne pour inciter à retirer l’argent placé dans de telles sociétés. Parallèlement, le but est aussi de transférer ces investissements dans les énergies renouvelables. Le vendredi 13 février prochain sera la journée mondiale du désinvestissement!

R. D’où vient à la base le principe du désinvestissement?

L. Le désinvestissement est un concept qui a fait son apparition dans les années 1980 au moment où sévissait l’apartheid en Afrique du Sud. À la suite d’une forte campagne de désinvestissement, de nombreuses universités américaines ont retiré leur investissement des compagnies qui soutenaient le régime apartheid.

R. Quel est l’effet d’un tel désinvestissement?

L. En enlevant une fraction de leur financement, cela exerce une pression économique directe sur les industries pétrolières en plus de transmettre une prise de position ferme quant à la place des énergies fossiles dans la société actuelle. Ce message s’adresse tout autant aux deux paliers du gouvernement qui doivent comprendre qu’une économie contrôlée par le carbone n’est plus souhaitable.

R. Pourquoi viser les énergies fossiles?

L. Sous le protocole de Kyoto, les États pollueurs se sont entendus pour freiner le réchauffement climatique sous les 2 degrés Celsius en limitant le rejet des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Pour respecter cette entente, il faudrait consommer un maximum de 565 gigatonnes de carbone selon le mouvement Sans Énergie Fossile. Or, à l’heure actuelle, les compagnies de combustibles fossiles ont dans leur réserve 2795 gigatonnes de carbone à bruler. Le réchauffement climatique a malheureusement déjà commencé à causer des catastrophes naturelles importantes telles la désertification, les inondations et les vagues de chaleur. Il est alors primordial de limiter la hausse de température pour le bien-être de chaque individu.

R. Est-ce viable économiquement?

L. Ne vous alarmez pas, le terme désinvestissement ne rime en rien avec décroissance. En d’autres termes, les risques économiques d’un désinvestissement dans le but d’opter pour un investissement plus vert sont faibles selon une analyse du Groupe Aperio, une firme de gestion d’investissement. Il faut aussi prendre en compte que, selon la Banque HSBC, la valeur marchande des actions des sociétés de combustibles fossiles pourrait baisser de 60%. Cela s’explique par le fait que leur valeur a été surévaluée puisqu’une partie du carbone enfoui ne peut être consommé. Par conséquent, le cout réel du carbone n’a pas été pris en compte lors de leur évaluation en tant qu’actions et cela créera une chute du prix en bourse.

R. En quoi cela concerne l’Université de Sherbrooke?

L. L’Université de Sherbrooke a investi de l’argent dans des actions canadiennes impliquées dans le domaine de l’énergie. Le nouveau comité dans lequel je fais partie a pour but ultime de convaincre l’établissement à désinvestir ses actions liées aux combustibles fossiles pour les réinvestir dans des énergies et des technologies durables. Nous commencerons d’abord par sensibiliser et informer la communauté étudiante à cet enjeu.

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