Sam. Juil 20th, 2024

Par Ariane Drainville

Le déménagement en appartement est synonyme de liberté pour plusieurs. Il se peut que la séparation de la maison familiale entraîne aussi la séparation de nos animaux de compagnie qu’on aime tant. Il deviendra alors tentant d’avoir un animal à soi, à Sherbrooke, pour les soirées froides un peu plus solitaires. Est-ce une bonne idée? Pour évaluer les pour et les contre, je me suis entretenue avec madame Myriame Dumas, zoothérapeute, ainsi qu’avec madame Geneviève Cloutier, de la Société protectrice des animaux (SPA) de l’Estrie.

Le contact régulier avec un animal peut certainement avoir des bénéfices psychologiques sur l’être humain qui le vit; c’est ce qu’avance une étude publiée par l’American Psychological Association. J’ai demandé à madame Dumas de m’expliquer pourquoi. Elle m’a répondu que, selon plusieurs spécialistes en comportement animal, l’animal présente plusieurs traits qui le différencient de l’être humain. D’abord, l’animal n’a aucune attente face au contact avec l’être humain. Il n’est donc pas en mesure de porter des jugements, ce qui incite la personne à vivre toute son authenticité et sa spontanéité. Ensuite, l’animal vit dans l’instant présent et agit naturellement et selon ses envies. En effet, puisque l’animal est guidé par une motivation intérieure à donner de l’affection, il est valorisant pour l’être humain de constater qu’un autre être vivant souhaite lui accorder de l’attention (et en recevoir) sans attachement préalable.

Enfin, l’animal participe naturellement à nous refléter, comme un miroir. Il permet une introspection sur l’état de nos relations interpersonnelles (et de la relation avec soi-même) par l’analyse de notre interaction avec lui. Madame Dumas m’a d’ailleurs confié qu’elle conçoit ses relations interpersonnelles au même pied d’égalité que ses relations avec les animaux. Pour chacune d’entre elles, elle réfléchit à la satisfaction qu’elle retire des contacts et de leur fréquence et décide par la suite lesquelles méritent un investissement plus grand. Les trois traits de personnalité des animaux énumérés permettent donc à l’être humain de s’aider soi-même.

Bienfaits et problématiques visées

Sans pouvoir effectuer de diagnostics précis, madame Dumas m’a confirmé que ses clients ont ressenti à la suite d’un contact animal plusieurs émotions comme : l’ébahissement, l’étonnement, le calme, la sérénité, la sécurité émotionnelle, l’apaisement, la surprise, l’émotion, la confiance, la créativité, etc.

Plusieurs raisons pourraient motiver une étudiante ou un étudiant à vouloir un animal de compagnie, autre que la solitude. Madame Dumas m’a notamment nommé le besoin d’affection, de contact, de conscience, d’équilibre, d’autonomie, d’intégrité, d’estime de soi, d’honnêteté, de respect, d’humilité, etc. Cela peut aussi être pour combler un vide créé par un manque de spiritualité, de contact avec la Vie, d’harmonie et de paix, ou bien un vide créé par le deuil : deuil de personnes, de rêves inachevés, de ses limites, etc. Selon elle, l’animal peut combler bien plus : il peut apporter de l’amour, de l’empathie, de la bienveillance, une forme de collaboration, du soutien et du partage.

En terminant, je lui ai demandé si elle croit qu’adopter un animal de compagnie en étant aux études est un investissement intelligent. Elle m’a simplement répondu que chaque individu sait au fond de lui s’il est prêt à s’investir et si les bienfaits retirés d’un contact animal seront équilibrés avec le temps de soins dont l’animal requiert. Elle a aussi ajouté qu’il est judicieux d’opter pour une approche progressive en s’informant d’abord sur les espèces disponibles puis en entrant graduellement en contact avec elles pour s’assurer de l’affinité mutuelle.

Adopter à la SPA

Avec madame Cloutier, de la SPA, j’ai tenté de hiérarchiser les animaux mis à l’adoption selon le temps qu’il faut leur accorder et les frais qui peuvent en découler. Elle m’a confirmé qu’entre les chats et les chiens, ce sont les chiens qui présentent plus de contraintes. D’abord, dépendamment du logement, il est possible qu’ils ne soient pas acceptés. Ensuite, ils ont besoin de dépenser de l’énergie quotidiennement et doivent faire leurs besoins à l’extérieur. Finalement, ils représentent souvent plus de coûts de nourriture et de soins vétérinaires, notamment à cause des vers du cœur. Madame Cloutier a tenu à me préciser qu’évidemment, les chiots sont encore plus exigeants, parce qu’il faut les « mettre propres » et qu’ils n’ont pas encore développé leur personnalité. Ils pourraient donc s’avérer inadéquats pour l’adoptant quelques mois après l’adoption.

Il arrive que certaines personnes se présentent à la SPA et qu’ils soient charmées par les chiots et souhaitent les adopter. À la SPA, l’équipe compétente de techniciennes en santé animale pourra alors évaluer les conditions de vie de l’adoptant et appliquer l’adoption réfléchie. Dans certains cas, les adoptants seront redirigés vers une espèce ou un individu plus adéquat. Il est important de mentionner que, dans le cas d’un jumelage raté, il n’y a pas que l’animal qui en sera pénalisé. Les soins deviendront aussi un fardeau pour l’être humain et ils amèneront possiblement à un abandon de l’animal. C’est ce que la SPA essaie d’éviter à tout prix en sensibilisant les adoptants à l’engagement pour la vie que ces personnes prennent. Dans tous les cas, il est conseillé pour une étudiante ou un étudiant de se tourner vers un chat adulte (puisqu’un chaton sera tout aussi exigeant qu’un chiot).

Bénévolat à la SPA

Madame Cloutier m’a mentionné qu’une alternative existe pour ceux et celles qui choisiront finalement que leur situation actuelle ne leur permette pas d’adopter un animal. Durant la semaine, il est possible d’appeler à la SPA de l’Estrie et de réserver une plage horaire pour venir promener des chiens qui sont en adoption. Il y a un grand parc municipal près de la bâtisse (située sur la rue Sauvé) ainsi que 4 parcs canins à l’arrière où il est possible de jouer avec eux. La SPA a aussi besoin de familles d’accueil pour un séjour temporaire d’un chat en convalescence ou d’un chaton trop petit pour être stérilisé. La nourriture est même fournie. Finalement, les nouvelles installations possèdent 5 chatteries où il est possible d’aller cajoler les petites bêtes en tout temps sur les heures d’ouverture.

Oui, il est possible d’être en contact avec des animaux lorsqu’on est aux études!


Crédit Photo @ La Tribune

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