Ven. Juil 26th, 2024

Par Katrine Joncas

Vous est-il déjà arrivé d’apercevoir la grande variété d’œuvres d’art présente sur les campus de l’Université de Sherbrooke? Si tel est le cas, peut-être avez-vous aussi remarqué que plusieurs œuvres ne sont pas accompagnées des noms des artistes qui les ont créées. Le campus universitaire de Sherbrooke a la chance inouïe de compter quelque 2 000 œuvres d’art qu’elle s’est vue recevoir gratuitement par l’entremise de dons. Malheureusement, ces œuvres ne sont pas mises de l’avant à leur pleine capacité puisque plusieurs d’entre elles ne sont pas identifiées. Le Collectif s’est entretenu avec Suzanne Pressé, coordonnatrice des expositions et animation au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke, pour en apprendre davantage sur le sujet et ainsi mieux comprendre cette réalité qui peut s’avérer choquante.

Le fonctionnement

La collection d’œuvres d’art de l’Université de Sherbrooke est constituée d’œuvres reçues en dons et d’autres achetées « dans le cadre la Politique d’intégration des arts à l’architecture du gouvernement du Québec qui oblige les propriétaires de bâtiments publics et parapublics à investir 1 % du coût de construction ou de rénovation à une ou des œuvres d’art », explique madame Pressé. Pour sa part, l’Université de Sherbrooke a décidé, il y a de cela plusieurs années, de miser sur les œuvres contemporaines appréciables par tous, c’est-à-dire des œuvres d’artistes ayant œuvré entre 1960 et aujourd’hui. Les œuvres d’art d’artistes qui sont gravées dans l’histoire étant très souvent promues, le but est de donner un vent de fraîcheur et de promouvoir la nouveauté, le monde artistique plus jeune ainsi que les nouvelles générations d’artistes.

Lorsqu’un artiste lui fait don d’une œuvre d’art, l’université n’a d’autre action à faire que de la répertorier et l’inventorier : celle-ci n’a alors pratiquement aucun frais à débourser. Par contre, bien qu’aucune transaction monétaire ne soit effectuée avec les artistes, l’université s’engage à mettre en valeur les œuvres qu’elle reçoit. Une façon de le faire est d’accrocher celles-ci un peu partout sur les différents campus universitaires. Notamment, 1 000 des 2 000 œuvres que compte la Collection du prêt d’œuvres d’art se retrouvent éparpillées ici et là sur les trois campus, mentionne madame Pressé. Les 1 000 autres se retrouvent dans une réserve située sous la galerie d’art. Les étudiants ainsi que le personnel de l’UdeS peuvent donc bénéficier d’un grand nombre.

De plus, madame Pressé affirme que « plusieurs demandes de la part du personnel et des étudiants et étudiantes sont faites pour avoir des œuvres dans les espaces de travail et les bureaux ». Afin de répondre à cette demande et d’en exposer le plus possible, madame Pressé a organisé l’exposition L’Art pour tous! Prêt d’œuvres d’art de l’UdeS, répétée tous les deux ou trois ans, qui comptait l’an passé à la dernière édition plus d’une centaine d’œuvres parmi lesquelles le personnel de l’université est invité à venir en sélectionner pour en exposer dans son espace de travail. Aussi, une réunion annuelle a lieu chaque mois d’octobre entre les membres du comité d’acquisition afin d’étudier les propositions de dons d’artistes et de collectionneurs.

Mis à part ces expositions, plusieurs autres actions sont entreprises afin de concrètement promouvoir le travail de ces artistes qui font en sorte que les campus de l’Université de Sherbrooke possèdent plusieurs œuvres qui enrichissent les espaces et qui leur donnent une réelle identité culturelle. Notamment, une exposition de la collection d’œuvres d’art de l’Université de Sherbrooke a lieu chaque année, deux livrets ont été créés pour faire découvrir les arts de l’université du point de vue de Armand Vaillancourt et Bernard Chaput ainsi que de celui de Normand Chouinard en 2008 et 2009, certaines œuvres sont inaugurées en présence de l’artiste lors de l’installation et les œuvres sont aussi classées sur le site Internet du Centre culturel dans la section Galerie. Finalement, lorsque le don est effectué, l’établissement d’enseignement s’engage à montrer complètement les œuvres lors de reproductions : cela signifie qu’aucune œuvre ne peut être photographiée ou numérisée sans tous ses détails, l’image doit présenter l’œuvre complète. Ce sont plusieurs actions qui demandent beaucoup de travail, mais en valent-elles le coup sans l’identification des artistes à côté des œuvres extérieures?

Qu’attendons-nous?

Bien qu’on ait tendance à remarquer davantage celles qui ne sont pas identifiées, comme le mentionne madame Pressé, quelques œuvres d’art situées à l’extérieur le sont tout de même. Chaque année, un endroit est pris en charge. Les œuvres intérieures sont identifiées à l’aide d’une étiquette cartonnée indiquant le nom de l’œuvre, de l’artiste ainsi que le photographe. Sur ces étiquettes, l’université a pris l’initiative de se façonner une signature accompagnée du logo de l’université pour représenter toutes les œuvres de sa collection, intitulée Collection Université de Sherbrooke. Une bonne initiative qui aide à repérer les œuvres d’ici. Par contre, un sérieux problème demeure : seulement les œuvres de la Faculté de droit, de médecine, du pavillon du rectorat ainsi que du Campus de la santé ont été identifiées jusqu’à maintenant. Cela signifie que ce n’est pas instantané; la plupart des œuvres extérieures ne sont pas identifiées avant un long moment.

Dans un courriel à l’intention du Collectif suite à une parution où on retrouvait en page couverture la photo de l’œuvre qu’il a lui-même léguée à l’Université de Sherbrooke et qui est non identifiée, Gilles Fortier souligne le fait « qu’il [faut] changer les mentalités pour faire davantage respecter les œuvres d’art ». Tout compte fait, bien que les œuvres extérieures nécessitent un matériel plus tenace pour être identifiées, Mme Pressé renforce pour sa part « qu’on ne parle pas d’un million de dollars, mais plus de quelques centaines ». Ce n’est donc pas une somme ahurissante qui serait nécessaire pour donner aux artistes tout le mérite qui leur revient et ainsi mieux les respecter.  

C’est une énorme chance d’avoir des artistes d’ici qui désirent léguer leurs œuvres d’art à l’Université de Sherbrooke. Puisque celle-ci les reçoit pour la modique somme de zéro dollar, ne serait-il pas légitime de donner aux artistes le crédit qui leur revient en identifiant leur art? Simplement, ne serait-il pas nécessaire de prévoir les ressources financières nécessaires à l’identification avant d’accepter les dons? Comme le mentionne Mme Pressé, même si l’université tente de mettre en valeur les œuvres comme promis en organisant des expositions et en créant un répertoire numérique, « si on ne les identifie pas, on rate le reste ». Bien sûr, le crédit donné aux artistes est d’une grande importance puisqu’il lui accorde une reconnaissance directe. C’est donc dommage que ce ne soit pas l’entièreté de celles-ci qui soient identifiées. Les artistes travaillent très fort pour concevoir ces œuvres et subvenir à leur besoin en travaillant dans le domaine des arts. Pour permettre à ceux-ci de s’épanouir complètement dans leur domaine, mais aussi pour satisfaire le personnel de l’université en offrant un accès direct et non seulement numérique aux artisans ayant pensé ces œuvres qui se retrouvent sur son campus, une sérieuse attention devrait être portée à ce fléau.

Cela dit, pour les plus curieux du campus, une grande variété d’œuvres d’art est disponible un peu partout dans les différentes facultés du Campus principal, au Campus de Longueuil ainsi qu’au Campus de la santé. De plus, l’exposition des étudiants en arts visuels aura lieu bientôt.

Pour en apprendre davantage sur la collection d’œuvres d’art de l’Université de Sherbrooke, rendez-vous sur le site du Centre culturel, dans la section « Galerie d’art ».


Crédit Photo @ gallieart.tumblr.com

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