Ven. Juil 26th, 2024

Par Dorian Paterne Mouketou

Alors que le Québec est plongé dans un incessant débat sur la rémunération des médecins spécialistes, la Fédération médicale étudiante du Québec, qui regroupe 4200 étudiantes et étudiants en médecine, a plutôt voulu tirer l’attention des politiques sur l’enjeu de la couverture médicale de la population québécoise. En effet, la FMEQ déposait le 27 mars dernier ses deux mémoires à l’Assemblée nationale du Québec portant sur le régime des médicaments et de la vaccination.

À l’écart de la polémique

Approchée par Le Collectif sur le débat qui déchire le Québec, la FMEQ n’a pas souhaité commenter le dossier de la rémunération des médecins spécialistes. Elle précise que « la FMEQ n’a pas de position sur le sujet, à la demande de nos membres qui considèrent que les opinions des étudiants sont trop diverses pour adopter une position uniforme. Nous avons donc décidé d’adopter une stratégie de valorisation des études en médecine et des raisons qui poussent les gens à étudier en médecine ».

Toutefois, dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir le 27 février passé, le vice-président du regroupement étudiant, Philipe Simard, souhaitait répondre à un autre étudiant en médecine qui disait avoir honte de sa profession suite au déchaînement des critiques à l’encontre des médecins spécialistes. Sans vouloir dénoncer les critiques, dit-il, M. Simard s’adressait à tous les 4200 membres de la Fédération en les convainquant de ne pas avoir honte de leur profession. « Nous n’avons pas honte de notre profession, car pour nous la médecine n’est pas un acte à facturer, mais bien une vocation », écrivait-il.

Exhortant la population québécoise de tourner son attention vers un problème plus délicat, il ajoutait : « Réfléchissons ensemble sur l’avenir du système de santé, plutôt que de tirer toujours plus fort chacun de notre côté. Faisons-le pour nos patients. »

Le régime actuel

Le premier mémoire que les membres de la Fédération médicale étudiante du Québec défendaient le 27 mars dernier à l’Assemblée nationale portait sur la couverture des médicaments essentiels. Depuis 1997, la Loi sur l’assurance médicaments oblige les ménages québécois à adhérer à une assurance médicaments par le biais d’un régime hybride public/privé instauré alors par le gouvernement du Québec. Quel en est le portrait de la couverture des médicaments au Québec, vingt ans plus tard? Non seulement la population québécoise dépense d’énormes sommes sur les médicaments, mais une partie de sa population – une personne sur cinq – peine à s’en procurer en raison du coût élevé. En effet, une étude du Commonwealth Fund montrait qu’en 2007 pas moins de 9 % des ménages québécois dépensaient plus de 1 000 $ par année pour des médicaments. À cela s’ajoute l’incapacité des plus défavorisés qui se trouvent désavantagés, car le système crée des iniquités, indique le mémoire.

Les membres de la FMEQ notent que « le Canada est ainsi le seul parmi les pays développés ayant un régime public d’assurance maladie à ne pas offrir une assurance publique et universelle pour les médicaments prescrits par des professionnels de la santé ».

Pour une équité en santé

Voulant se doter d’un système d’assurance médicaments universelle, la FMEQ propose la mise en place d’un régime d’assurance médicaments public et universel et l’abolition de l’obligation d’adhérer à une assurance privée. « L’instauration d’un régime québécois d’assurance médicaments public et universel devrait suivre le principe selon lequel tous les Québécois devraient avoir un accès équitable à ces médicaments d’ordonnance essentiels. »  

Les ménages québécois ne seraient pas les seuls à vouloir bénéficier d’un tel régime. En effet, « 9 Canadiens sur 10 acceptent l’idée que n’importe quel Canadien, peu importe son niveau socio-économique, ait accès aux médicaments prescrits. À peu près la même proportion croit que les médicaments devraient être inclus dans l’assurance maladie », selon un sondage du Angus Reid Institute.

La vaccination au Québec

Quelle place occupe la vaccination dans la prévention des maladies? « La vaccination est reconnue comme étant l’intervention de santé publique la plus efficace et se classe parmi celles avec le meilleur ratio coûts-bénéfices en ce qui a trait à la prévention des maladies », stipule le mémoire portant sur la couverture vaccinale des ménages québécois. Même si plusieurs vaccins font partie du programme de vaccination gratuite, la vaccination n’est toutefois pas obligatoire au Québec.

Le portrait de la vaccination au Québec n’est pas des plus catastrophiques. Pourtant, des études ont noté dans la population québécoise un manque de connaissance sur la vaccination et une attitude plutôt négative sur le sujet. Si le portrait de la vaccination chez les enfants n’est pas insatisfaisant, la réalité chez les adultes est autre. On remarque effectivement une diminution de la vaccination chez des personnes adultes âgées entre 18 et 59 ans atteintes de maladies chroniques. « Le Programme national de santé publique (PNSP) a fixé un objectif de vaccination de 80 % contre le pneumocoque dans cette tranche de la population fragilisée. Pourtant, à peine 16 % des patients adultes souffrant de maladies chroniques avaient été vaccinés en 2016 contre ce pathogène. »

La faible vaccination chez le personnel de la santé

Les travailleurs et les travailleuses de la santé ne sont pas épargnés par le phénomène. Ainsi, « la proportion de travailleurs de la santé ayant été vaccinés contre la grippe était de 51 % en 2013-2014, alors qu’elle s’élevait seulement à 44 % pour la période 2015-2016 ». Cette strate de la population évoquait comme raison de cette non-vaccination le doute de l’efficacité du vaccin, nous dit le mémoire de la FMEQ.

En général, stipulent les membres du regroupement étudiant, « environ 15 % de la population se montre hésitante par rapport à la vaccination et va dès lors choisir de retarder ou de sélectionner quels vaccins seront administrés à leurs enfants ».

« Comment redonner la piqûre à la population québécoise »

En tant qu’étudiantes et étudiants, il est important de savoir les types de vaccins dont nous avons besoin. Alors que la fin de l’année scolaire approche, plusieurs personnes vont voyager. Les vaccins préviendraient les infections endémiques dans d’autres pays du globe. « La non-vaccination met l’individu non protégé à risque de développer des maladies graves qui peuvent, dans certains cas, aller jusqu’à la mort », rappelle la Fédération. Le plus intrigant est que « l’abstention à la vaccination revêt une dimension d’éthique de communauté, car le fait qu’un individu décide individuellement de ne pas se faire vacciner est néfaste pour les individus immunocompromis qui ne peuvent être vaccinés ».

Plusieurs mythes et croyances sont à défaire pour « redonner la piqûre à la population québécoise ». Le deuxième mémoire propose non seulement de fournir le carnet vaccinal aux enfants à leur entrée à l’école, mais de sensibiliser davantage le personnel de la santé et de resserrer la législation sur les campagnes de vaccination de celui-ci. Enfin, la FMEQ recommande au gouvernement du Québec de développer des campagnes de sensibilisation de grande échelle pour dénoncer « la désinformation qui circule dans les médias » et pour renseigner la population sur les bienfaits de la vaccination.

Le gouvernement du Québec devrait donner ses réponses à ces deux mémoires écrits par la Fédération médicale étudiante du Québec. Le Collectif n’a pas pu joindre le délégué aux affaires politiques de la Fédération pour prendre connaissance de la position des députés de l’Assemblée nationale et du gouvernement du Québec sur ces deux mémoires.


Crédit Photo @ FMEQ

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