Mer. Mai 8th, 2024

Par Ariane Dorion

Trois ans après le début du tournage, les Québécois ont enfin pu voir en salles le nouveau film de Xavier Dolan qui est paru cet été. Ma vie avec John F. Donovan, plutôt mal accueilli par la critique, demeure tout de même un incontournable.

Dans la Pologne contemporaine, Rupert Turner, comédien de 21 ans, raconte sa singulière histoire à une journaliste. Sa correspondance avec l’acteur John F. Donovan, sa relation avec sa mère, bref, tout y passe! On traverse la vie de l’enfant, puis de l’homme, dans une chronologie troublée par le malaise de Turner face à l’entrevue. Plusieurs acteurs talentueux ont uni leurs forces pour rendre ce film convaincant et émouvant. C’est Kit Harington, bien connu pour son rôle de Jon Snow dans Game of Thrones, qui a été choisi pour jouer John F. Donovan. Il prend sa place dans l’écran avec la puissance qu’on lui connaît et ne laisse personne indifférent.

Le jeune acteur incarnant Rupert est très naturel et posé dans la plupart des scènes, puis surprend d’intensité lors des grands tournants de l’histoire. Ben Schnetzer nous propose un Rupert tout aussi sensible, mais plus mature et plus joueur. Natalie Portman, quant à elle, illumine l’écran. Sa présence est remarquable, des scènes les plus chargées aux moments les plus délicats. Son jeu tout en détail se marie à merveille avec celui, plus découpé, de Jacob Tremblay.

Dès les premières images, le jeu des gros plans annonce une intimité particulière entre les acteurs et le public. On plonge dans la psychée de chaque personnage en se concentrant sur leurs traits, et non simplement sur les actions qu’ils posent. Dolan nous amène à nouveau dans une aventure cinématographique en jouant avec les codes. Comme dans ses autres films, des plans suffocants de beauté sont mêlés à certains décors banals qui font ressortir la pureté de l’histoire. On nous montre l’imparfait de manière parfaite, et cela résulte en une absorption dans l’écran dont on ne sort qu’en entendant le générique. Malgré le grand travail de montage de Dolan, il reste plusieurs longueurs dans le film. Ces pauses nous laissent le temps de digérer les scènes précédentes et d’y réfléchir, ce qui rend l’intrigue un peu prévisible. On sent un peu les conséquences d’une grande production, mais on reconnait la signature de Dolan. Sa poésie, toutefois, se perd un peu, peut-être à cause de la co-écriture avec Jacob Tierney, une première pour le cinéaste chouchou des Québécois.

Ce dernier film de Dolan ne risque pas de devenir un classique, mais il reste une partie importante du travail du réalisateur, qui poursuit son exploration des relations mères-fils avec une utilisation intéressante du personnage de l’enfant. Cette réflexion sur la vie de l’acteur et sur les différentes manières de témoigner son affection à un artiste est pertinente et divertissante, même si elle présente des thèmes moins nouveaux que ce à quoi Dolan nous a habitués.


Crédit Photo @ CTVM

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