Sam. Juil 27th, 2024

Par Judith Doré Morin

Hier soir, le verglas s’immisçait jusqu’à mon lit par l’étroite ouverture entre la fenêtre et le mur de la chambre. La nuit a déroulé une épaisse couverture blanche sur les montagnes environnantes. Le mois d’août prend possession du territoire. Enveloppée dans un chandail de laine bien chaud, une tasse de thé brûlant à la main, je sais que la température grimpera au-delà de 20 ◦c d’ici une heure ou deux. Je comprends enfin pourquoi Inti, le soleil, occupe une place si importante dans la culture péruvienne.

C’est sans hésiter que j’ai choisi de prendre part au projet «Inti, la energía que alimenta la tierra», ma seconde participation au programme Québec sans frontières. Initié en 2014 par le Comité régional d’éducation pour le développement international de Lanaudière (CRÉDIL) et la Red Ecologia Interinstitucional Hatun Sacha (REIHS), ce projet a permis le développement de différentes technologies solaires (chauffe-eaux, serres, fours et séchoirs pour aliments) dans la communauté de San Melchor, un quartier périphérique du centre urbain d’Ayacucho. Située à près de 2750 m d’altitude, dans la Cordillère des Andes, cette ville repose au creux d’une vallée majestueuse où j’ai été accueillie pendant 75 jours.

Un climat préoccupant

Le Pérou occupe actuellement le troisième rang dans la liste des pays les plus vulnérables face aux aléas climatiques. De la côte à la forêt amazonienne, les évènements climatiques extrêmes et les catastrophes naturelles se multiplient. Pourtant, le pays produit seulement 0,5 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique à l’échelle mondiale. Ainsi, de par sa position géographique, le Pérou figure parmi les victimes de l’injustice climatique, un concept désormais omniprésent dans les débats portant sur les relations Nord-Sud.

Pour la santé et l’environnement

Le développement de technologies solaires à San Melchor constitue à la fois une mesure d’adaptation aux changements climatiques et un moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables de ceux-ci. L’accès à de l’eau chaude permet d’éviter le développement de maladies, notamment respiratoires, causées par un ralentissement des activités du système immunitaire lorsque la température corporelle diminue en raison d’une exposition prolongée à de l’eau glaciale. Alors que l’irrigation des terres agricoles tend à s’effectuer avec des eaux usées et que le transport des aliments contribue à accroître la circulation routière, la culture de légumes et de fines herbes sur une petite parcelle de terrain permet d’accéder à des aliments frais et sains. L’énergie solaire employée pour la cuisson des aliments constitue une alternative à la combustion de gaz ou de bois, nocive pour la santé et l’environnement. L’utilisation d’un séchoir réduit le temps de séchage et permet d’éviter la contamination des aliments par les animaux ainsi que les pertes dues au vent ou à la pluie.

Malgré tout, ce projet de coopération internationale présente certaines failles nuisant à sa durabilité, notamment en ce qui concerne le choix des matériaux et la formation offerte aux familles bénéficiaires. Ainsi donc, je réalise bien que les actions réalisées à l’étranger ont des conséquences positives, et négatives, même longtemps après notre départ. En 75 jours, nous ne pouvons pas changer le monde.


Crédit Photo @ Judith Doré Morin

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