Ven. Avr 26th, 2024

Par Maxime Gagné

Dans un contexte où le terrorisme fait régulièrement les manchettes et où l’État islamique revendique des attentats pratiquement partout sur la planète, qu’en est-il de ses racines, de ses points d’appui?

Le groupe État islamique (EI) détenait depuis quelques années des villes en Syrie et en Irak. Elles constituaient les points d’ancrage de l’organisation dans la région. Parmi celles-ci figurait Mossoul, une métropole du nord de l’Irak. L’EI détenait la ville depuis 2014 et en avait fait la capitale du califat qu’il tente d’instaurer. Une possession qui s’est terminée en juillet 2017 lorsque les Forces armées irakiennes ont repris la ville.

Quelques jours pour l’envahir, des mois pour la reprendre

Il n’a fallu que quelques jours à l’État islamique pour prendre la ville de Mossoul en juin 2014. Surprises, les Forces de sécurité irakiennes avaient dû fuir la ville, abandonnant derrière elles armements et provisions. En effet, elles ont laissé d’énormes dépôts d’armes de provenance américaine ainsi que bon nombre de provisions qui ont permis à l’EI de prendre du terrain dans le pays. Les forces de l’EI avaient presque atteint Bagdad, la capitale, avant de commencer à être repoussées.

Par ailleurs, en prenant la ville, l’EI avait pu prendre possession de la banque centrale de Mossoul et ainsi piller une somme approximative de 500 millions de dollars. Ce montant a permis à l’organisation de financer les opérations terroristes qu’elle a menées dans la région et de fortifier ses assises dans la ville de Mossoul. Il a fallu plus de huit mois aux Forces irakiennes, aidées d’une coalition internationale menée par les États-Unis, pour reprendre celle-ci des mains de l’EI.

L’occupation de la ville a eu de nombreuses conséquences au niveau social et économique. En effet, l’EI avait imposé un régime construit sur une interprétation stricte de l’Islam. La population a dû se convertir et respecter le nouvel ordre ou partir. Ceux qui ne respectaient pas ses consignes étaient passibles de torture ou même d’exécution. Les autorités ont même banni la musique, les téléphones et Internet. L’Organisation des Nations unies estime qu’un million de personnes ont dû quitter Mossoul. La plupart habitent des camps de réfugiés à l’extérieur de la ville et attendent un possible retour vers leur domicile. Un retour difficile à déterminer puisque la ville est en ruine. La reconstruction promet d’être longue et couteuse.

L’État islamique perd sa capitale

La perte de la ville de Mossoul est lourde de conséquences pour l’avenir de l’EI. Sami Aoun, professeur de sciences politiques à l’Université de Sherbrooke et spécialiste des questions du Moyen-Orient, qualifie celle-ci de phase de déclin et de décadence de la bulle utopique qu’est le califat du groupe EI. Selon le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, la reprise de la ville constituait une étape importante, car elle frappe l’EI là où il voulait constituer le cœur de son sanctuaire en Irak. La prise de Mossoul par l’EI a ébranlé la stabilité politique régionale et a créé énormément de publicité pour le groupe extrémiste qui devenait soudainement une menace à ne pas prendre à la légère. La reconquête de la ville est un tournant dans la lutte contre l’EI, car elle sort celui-ci de ses points d’ancrage dans la région. Mossoul était une forteresse que l’EI occupait depuis plus de trois ans. C’est d’ailleurs le seul endroit où son chef a fait une apparition publique, lors d’un discours annonçant l’instauration du nouveau califat.

Cela dit, la reprise de la ville ne signifie pas la fin de l’EI. Selon le lieutenant-colonel Jabbar Mustafa, 90 % des familles encore présentes dans la ville sont reliées à l’EI. La sécurité est donc toujours de mise afin d’éviter une résurgence de l’organisation au sein de la population.

Ce processus vers une ville plus sécuritaire passe notamment par l’installation d’une stabilité au sein des différents groupes ethniques et religieux qui se côtoient chaque jour dans Mossoul. Des représentants des États-Unis et du gouvernement irakien ont à ce sujet discuté d’une possible création de huit régions autonomes à l’intérieur et aux alentours de Mossoul. De tels projets d’autogouvernance ont déjà été discutés dans le passé, il reste à voir si les récents évènements pourront faire en sorte qu’ils se concrétisent.

Maxime Gagné est étudiant en études politiques appliquées à l’UdeS et analyste politique en formation avec Perspective Monde.


Crédit Photo ©  Slate

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