Oeillères généralisées

Par Laurie Marchand

Des nouvelles mornes émanant de partout, des débats sociaux qui ne font que camoufler les vrais débats non verbalisés, des leurres pour qu’on regarde ailleurs, des oeillères comme portent les chevaux.

C’est faux de dire qu’on ne brasse pas nos idées, qu’on ne les exprime pas. Les médias sociaux regorgent d’opinions politiques exprimées avec un argumentaire plus ou moins (surtout moins) rigoureux. On chiale sur tout ! La charte, les Jeux de Sotchi, la condition de l’Ukraine, la souveraineté, la possible élection de Trudeau/détrônement de Harper… Tout et surtout n’importe quoi.

C’est inévitable, les gens s’expriment et font savoir ce qui les dérange. C’est même bon signe de voir qu’on est capable de faire connaitre nos opinions si facilement. Par contre, y’a pas que nos amis Facebook et Twitter qui se rendent compte de ça ! Les fins stratèges politiques aussi tsé ! Pis ils sont bien conscients eux-autres aussi que y’a pas moyen de nous faire fermer la trappe consciemment. Fait que ce qui font, c’est qu’ils nous bernent complètement avec des enjeux bidon pour qu’on se déchire les uns les autres dans la fosse aux lions que sont les médias sociaux et les fausses commissions d’enquête plutôt qu’on réfléchisse sur des enjeux plus concrets.

Prenons un exemple concret :

Phase 1 du plan machiavélique : diviser les gens au sujet de l’intégration des différentes communautés ethniques. Phase 2 du plan machiavélique : profiter des Jeux olympiques pour travailler en douce et annoncer plein de subventions franchement pas si nécessaires qui ne sont en fait que de la poudre aux yeux. Les gens écoutent les nouvelles d’une oreille distraite anyway ! Phase 3 du plan machiavélique (elle s’en vient soyez en surs) : déclencher des élections à un moment où les esprits sont brouillés, encore ankylosées par des médailles olympiques et un tableau que le Huffington Post a cru bon de diviser en médailles québécoises et médailles reste-canadiennes.

Allez-y voter, et faites-le de manière réfléchie… NOT. Je dis pas qu’il faudra pas voter pour le PQ pour autant. Je dis juste qu’il ne faut pas que voir ce qui s’est fait durant les deux dernières semaines. Il faut avoir une vue d’ensemble, mais c’est malheureusement pas ce à quoi on a droit. Les enjeux du système de santé et du système scolaire sont bien effacés sous toute cette question de fibre identitaire québécoise. Soudain la corruption semble n’être qu’histoire de politiciens libéraux et le PQ a les mains plus blanches que neige.

Tous les designeurs sur cette terre vous le diront, il y a bien des teintes entre noir et blanc et elles ne sont même pas perçues de la même façon d’un individu à l’autre sans même qu’il soit daltonien. Ça fait qu’on devrait peut-être enlever nos œillères et garder en tête que chaque nouvelle annoncée par un gouvernement cache peut être anguille sous roche.

Ça s’applique même à l’université ce concept-là! Vous vous rappelez avoir lu qu’un pub sur le campus allait entrer en construction dès que le gouvernement donnait son accord. Eh bien on parlait en fait d’un bistro chic opéré par le café CAUS mais avec de l’alcool et une heure de fermeture avoisinant les 22 h. On s’entend qu’on repassera pour le drink de fin de cours si celui-ci a commencé à 19 h. La nouvelle d’un pub sur le campus prend alors une tout autre allure. Mais bon, je vous apprends rien avec ça !

Il faut seulement être capable de voir plus large et plus loin que la nouvelle en soit. Être capable de remettre en cause ses allégeances. Et y’a rien de mieux qu’un bon vieux débat social douteux pour rendre tout le monde plus religieux que le pape ! Les démons bleus qui aiment la chicane et qui aiment pas le Canada ou les démons rouges assoiffés de pouvoir, de multinationales et d’énergie polluante, ça ressemble drôlement à des petits bonhommes de Daffy Duck d’ange et de démon en miniature qui s’obstinent sur l’épaule de Daffy qui est tout mêlé. Mais ça, c’est juste des cartoons. Dans la réalité, il y a beaucoup plus de nuances que ce que les dessins animés veulent le laisser croire. Faudrait juste pas faire preuve de mauvaise foi et prêcher pour sa paroisse aveuglement parce qu’une fois, dans un cours d’histoire en secondaire 4, notre prof nous a vendu sa salade et on a adopté ses allégeances politiques. Y’a juste les fous qui changent pas d’idée!


Crédit photo © Akova

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