Par Benjamin Le Bonniec
L’expérience culturelle apparait comme propre à chacun, chaque individu en tire son propre vécu. De là, il en ressort la difficulté pour les différents acteurs du milieu artistique et culturel d’assurer la création d’un lien de réciprocité avec le public. On pourrait parler de « marketing relationnel » ou de politique relationnelle individualisée. L’objectif manifeste revient donc à fidéliser durablement un public dans la fréquentation d’un lieu culturel.
Les salles de spectacles, les musées, les théâtres, les cinémas multiplient et diversifient sans cesse leurs offres promotionnelles comme les cotisations annuelles, les abonnements mensuels, les tarifs familles, etc. Ces techniques mises en œuvre par les gestionnaires de salles expriment cette volonté de dépasser le simple échange entre une offre culturelle et le prix d’un billet payé par le spectateur. Il s’agit de créer une sincère relation avec le consommateur d’œuvres culturelles sur le plus ou moins long terme.
Les expositions temporaires, les manifestations saisonnières ou les rendez-vous réguliers (hebdomadaires, mensuels) sont d’autres moyens proposés pour motiver et satisfaire le public. Le domaine des arts et de la culture est un secteur à données variables dépendant de l’offre artistique, et la difficulté réside dans la pertinence du choix des œuvres. Il s’agit de combiner de la meilleure des façons la qualité, la singularité, l’accessibilité tout en ne tombant pas dans l’écueil de la surabondance et de la linéarité.
Le contexte culturel actuel révèle une concurrence élevée, le Québec en est un exemple frappant avec sa diversité artistique reconnue et ses multiples politiques culturelles. Le public se retrouve avec un éventail de choix pléthoriques sans cesse grandissant. Comment satisfaire celui-ci sans se méprendre? Comment favoriser une expérience qualitative intense? De ces questions découle la grande difficulté pour les promoteurs de la vie culturelle. Se renouveler et surpasser sa concurrence deviennent une nécessité permanente qu’il ne faut pas négliger.
Mais l’artiste a aussi son rôle à jouer dans ce tableau. Sa démarche artistique apparait souvent singulière et personnelle, mais à n’en pas s’en cacher, il recherche aussi la plupart du temps une certaine forme de reconnaissance, qu’elle soit publique ou critique. Aussi, il ne peut pas négliger d’agir conjointement avec les différents lieux culturels, les producteurs et donc de soutenir l’offre et la relève. Sans oublier sa démarche créative et artistique, il œuvre à la pérennité du milieu.
PouLa fidélité du consommateur de biens culturels, fondée principalement sur la répétition du comportement, découle donc de ce qu’on lui propose et la compréhension de ses besoins est primordiale pour que tous agissent de concorde dans la continuité d’une vitalité artistique et culturelle. Faire pérenniser la diversité de l’offre par une prise de risque favorise le renouvellement, permet l’actualisation des modes, mais les institutions culturelles ne peuvent pas se hasarder sur des terrains trop méconnus ou alors leur audace ne serait pas bien. Difficile donc d’assurer une fidélisation de la clientèle souvent exigeante qui peut se lasser rapidement de l’offre. C’est pire que les enchères, mais l’économie culturelle fonctionne ainsi et nous, amateurs, ne pouvons qu’agir en ce sens pour pérenniser durablement un milieu capricieux, instable, mais passionnant.
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