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Culture-edito-photoQue les pros de la psychologie pédiatrique me ménagent (ils me font la vie dure ces jours-ci) : on va faire des folies en gang et on va se remettre les pieds au tournant des années 2000, à la grosse époque de Tatu (All the things she said), du Loup-garou du campus (Merton Dingle), des super boums et du kickball à la récréation.

Par Philippe Côté

Pour la plupart d’entre nous (surtout pour moi et ma grande détresse à vivre mes premiers pas en milieu préscolaire), l’école primaire se veut le premier endroit qui simule un microcosme social. Une hiérarchie s’installe, chacun prend son rôle ; on s’affronte, on gagne et on perd, on réagit, on s’ajuste. Ça se fait de façon plus ou moins consciente, mais c’est là, ça bouge, c’est la loi de la jungle.

Au primaire, la popularité se base sur des trucs arbitrairement choisis et acceptés de tous : qui bottait fort, qui connait ses chansons de corde à danser par cœur, qui faisait des beaux dessins et qui sprintait vite vers la « café ». Moi j’avais des p’tites cannes qui courraient vite : c’était faf les sports.

La culture, c’est un peu pareil. Qu’on l’analyse dans tous les sens, on revient toujours à la même conclusion : on sépare le monde en deux. D’un côté, ce qui est cool. De l’autre, ce qui ne l’est pas. On vieillit, et la cour d’école de notre génération se personnifie et se fixe.

La mode du cool en 2014, ça peut être des pantalons kaki, du indie rock, des barbes, des artworks de latté, la coupe de cheveux de mon ami Julien Testu, votre livre de « 3 fois par jour », des sandales Birkenstocks, des foodtrucks, un chapeau Brixton, des cronuts, le yoga sur des montagnes (#tbt l’Indonésie), des fixies, des casquettes à 5 panneaux.

Alors, ma question : êtes-vous nés à la bonne époque? Ah! Nostalgiques du passé?

Je nous imagine être des pros du swing et perler de la rosée comme des muguets jusqu’à l’aube. Les filles avec leurs robes éclatantes, de couleurs identiques à celles de la série de la Mustang de l’année. La grosse époque du french kiss et des contes de fées, des pin-up et des gars d’armée. En d’autres mots, c’est tellement plus charmant, la belle époque, la nostalgie, gagner la femme de sa vie à coups de poings sur la gueule, et puis l’embrasser sur un assist de Nat King Cole à la radio.

Vous voulez des émotions fortes? Une perruque frisée, du fard à joues, des rubans, des justaucorps à brevet, des talons rouges, des faux mollets, des fausses hanches, et vous voilà dans la cour d’école de Louis XIV!

Les époques changent, la culture aussi. Le mainstream prend des tournures jamais banales, et puis on se départage entre moches et branchés dans une hiérarchie complètement bestiale.

Demandez-vous si on a changé en vingt ans. La coupe de cheveux de Julien, c’est pas mal la même qu’en 1998, avec juste un peu plus de pommade et juste un peu plus court sur les côtés. Il boutonne sa chemise jusqu’en haut, comme à ses belles années à la marelle. Il attire l’attention à sa façon sur instagram avec sa moto, comme la fois où il flashait avec son vélo à chucks, et il affectionne les petits plats chauds des foodtrucks qui lui rappellent sa mère. Cet hiver, Julien portera un foulard découpé dans sa vieille couverte de laine carreautée vert et bleu qu’il a depuis toujours. Pas surpris.

Et pourquoi pas un peu de psychopop? On pense que les enfants se simulent une société dans la cour d’école. Que penseriez-vous des grands qui se simulent une cour d’école en société?

Et moi, quel genre d’adulte vais-je être? P’tits bonds rapides, un peu à la droite du marbre. J’vais la décanner comme du monde.

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