Par Laurie Marchand
J’aime pas la routine et le travail de 8 h à 5 h m’angoisse. Aussi rassurant ça puisse être pour bien des gens de savoir ce qui s’en vient, pour moi, c’est presque stressant.
J’ai commencé mon premier stage COOP il y a trois semaines dans mon petit patelin. Ça, ça signifie que je suis de retour chez papa et maman, dans une petite ville où mes amis ne sont pas là parce que eux, ils sont toujours à l’université ! Ça fait que le matin, je pars au boulot avec ma boîte à lunch, je travaille dans mes projets jusqu’à 5h, j’arrête au gym, je soupe (en prenant soin de me garder un restant pour le lendemain), j’écoute religieusement mes programmes et je me couche.
Devinez ce qui se passe le lendemain ? La même chose… sauf que dans mon lunch y’a un nouveau restant de la veille.
Ça devrait être le comble de commencer ma vie de grande, de gagner des sous et de ne plus avoir de travaux ni d’étude. En fait, c’est angoissant ! Angoissant parce qu’il faut réfléchir à l’après baccalauréat, à l’emploi qu’on veut occuper (dont l’horaire sera de 8 h à 5 h), à la ville où on veut s’installer et, immanquablement à tout ce qui vient après : chum, maison enfant, chien, garage, robot culinaire, tout le kit. Angoissant, parce qu’un tel horaire ne permet pas beaucoup de flexibilité, ni de procrastination… Angoissant parce qu’on doit travailler avec des gens de tous âges. Pas mal plus déstabilisant que les travaux d’équipe avec des gens de la réforme même quand toi tu fais partie de la gang qui a connu l’économie familiale !
En fait, j’adore mon stage. On me fait confiance, on me confie de beaux projets. De ce point de vue là, tout est génial. Mais pour une fille comme moi qui a toujours décidé de tout à la dernière minute, ça coupe un peu de spontanéité. Terminés les mercredis après midi en snow parce qu’il a tombé une bordée. Terminés les réveils à 11 h le matin et les dodos après minuit la semaine. Terminés les rendez-vous et les commissions dans le jour pour éviter la foule. Et moi, je vivais très bien avec le fait de gérer mon horaire comme je le voulais. C’est pas un problème pour moi de faire des travaux tard le soir dans un café un peu bruyant, ni me manquer un cours où j’ai déjà la matière en main. C’est surtout pas un problème pour moi de décider à la dernière minute de partir en voyage à le relâche ou durant un long week-end.
Mais en stage et dans ma future vie de grande, c’est pas comme ça que ça marche et ça me fait un peu weird ! Sans doute qu’à l’instar de tous ceux qui aiment la stabilité et qui doivent faire avec l’imprévisible, je dois tenter d’apprivoiser le routinier, essayer de ne pas m’ennuyer et oublier la maxime latine ordem in chao (l’ordre est dans le chao) que Dan Brown m’a fait connaître dans un de ses livres. Je préfère encore me dire que la vie fait bien les choses et que ma job à horaire flexible, je la trouverai bien un jour…
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