Par Andrée-Anne Roy
L’idéal amoureux des dernières décennies a toujours été la durée, un amour éternel. Est-ce que cela existe encore alors que les familles se brisent, les couples se séparent et l’individu semble chercher une satisfaction perpétuelle qui ne semble se trouver chez personne? En fait, notre génération semble avoir perdu les pédales, mais surtout le gouvernail de l’amour. Pensez vite vite aux parents de vos amis, à ceux autour de vous, voire à vos propres parents. Je me rends compte que peu d’entre eux ont su faire perdurer la flamme.
Un regard maladroit, qui devient ensuite amoureux, fut le début d’une longue histoire. Si les sites de rencontre sont efficaces pour certains, les institutions scolaires le sont tout autant pour d’autres. Par simplicité et par curiosité : c’est de cette manière qu’ils se sont abordés. On dit toujours qu’il faut se trouver au bon endroit et au bon moment pour rencontrer quelqu’un qui nous sera bien cher et je crois que c’est le cas. C’est bien assise dans des estrades observant une pratique de football qu’elle l’a remarqué et qu’elle lui a tapé dans l’oeil. Il faut dire qu’assister à des pratiques, c’est loin d’être palpitant et surtout loin d’être couru par les étudiants. La longue chevelure au vent, elle devait être magnifique et c’est ce qui l’a poussé à l’inviter à sortir. Sans message Facebook, sans courriel, sans site de rencontre, il faut dire qu’à l’époque, les gens se parlaient pour vrai. Il semble que se parler face à face est rendu bien trop compliqué alors que tout est au bout de nos doigts. Cette simple histoire a mené à 40 ans de vie commune et à 38 ans de mariage. La rencontre de mes parents me semble si simple, mais si réelle et je suis heureuse de pouvoir la prendre comme modèle. L’amour inconditionnel existe, selon moi, et perdurera encore si ce modèle de relation peut lui aussi exister.
Ces simples rapports n’ont presque plus lieu aujourd’hui suite à l’avènement du numérique. Mais cela joue-t-il vraiment un rôle important dans ce qu’est l’amour de nos jours? Sûrement. Toutefois, le facteur changement est rendu trop accessible. On se tanne plus vite en raison de toutes les distractions qui nous entourent. Je ne suggère pas de revenir en arrière sur l’émancipation des femmes dans les couples, loin de là. La crainte de vaincre un obstacle, une opinion divergente ou un petit pépin semble grandissante. L’amour est un travail acharné qui est de plus en plus bâclé.
On se voit maintenant à travers des filtres qui eux nous permettent de parler sans gêne derrière nos écrans. La « vie virtuelle » et la « vraie vie » se mériteraient toutes deux un sort tout à fait égal. Il ne devrait pas être aussi facile de pouvoir nous cacher sous un beau discours que nous ne poursuivons pas.
On s’adapte toujours et on ne se permet pas de se sentir bien avec quelqu’un de peur de devoir le quitter bientôt, voire trop vite.
Les gens modifient leurs perceptions et se permettent de choisir ce qui à l’époque semblait malsain. Je pense tout simplement à Tinder qui permet d’un simple clic de voir si une simple image nous semble suffisante pour connaître quelqu’un. On regarde le menu sans vraiment faire de choix. Au lieu de laisser aller les choses, on préfère se questionner sur le nombre de relations que nous aurons dans une vie. Cette génération de changement nous rabat à une constante adaptation. On s’adapte toujours et on ne se permet pas de se sentir bien avec quelqu’un de peur de devoir le quitter bientôt, voire trop vite.
En amour, il faut savoir être égoïste pour voir au-delà des apparences. Il faut s’écouter pour savoir si on est bien dans notre relation. Le doute peut être bien, mais peut aussi s’avérer mesquin, puisqu’on ne va pas nécessairement être mieux dans les bras d’un autre.
La langue française ne nous permet pas la distinction entre like et love et c’est ce qui manque à notre génération. On se permet de seulement apprécier quelqu’un et de s’y apposer alors que l’amour ne vient pas toujours.
Prenez exemple sur votre histoire d’amour préférée pour ne jamais arrêter d’essayer.