Éphémère, le bout de trottoir dans notre histoire

Crédit photo © Cathie Lacasse Pelletier

Par Catherine Foisy

Le bout de trottoir a changé de couleur, le banc n’est plus au même endroit, la rue a perdu une voie de circulation : on y a aménagé une terrasse pour l’été. Ces petites ruelles d’ordinaire sombres où on évitait de mettre le pied font désormais place à de petits jardins féériques, tous entretenus par la population elle-même. On troque le noir pour le vert, on en fait des ruelles vertes. Sur la Wellington Sud, on remarque des sacs de terre où herbes poussent. On peut se servir, pour le temps que ça dure. Le frigo libre-service sur la même rue aussi abrite des aliments qui rapidement sont récoltés par d’autres.

Les marchés, eux aussi, ne sont là que quelques mois par année. Les marchands aussi. C’est beau, marcher sur le bord du lac des Nations, passer près du Marché de la Gare et voir ces différentes personnes qui se partagent des bouts de table et qui nous expliquent la provenance de leurs produits, leurs procédés de fabrication. Même si physiquement, leur pignon sur rue ne dure que le temps d’une journée par mois ou quatre ou six, eux, demeurent. On peut aussi apercevoir des boutiques sur roues, qui ne passent que quelques jours. Des restaurants sur roues. Tout ce qui roule, qui passe, et qui revient, ou pas.

L’éphémérité de l’aménagement des villes permet aux citoyens et citoyennes de s’approprier une ville et de la peinturer de la couleur qu’ils le souhaitent. D’autant plus que souvent, cela rend l’environnement nettement plus agréable, plus humain. On y laisse des bribes de conversations, nos cuisses collent sur les bancs qui ne seront plus dans quelques mois et surtout, ces lieux sont propices à l’échange tous azimuts. Le design tactique fait du laid du beau et se propage à vitesse grand V dans toute la province. On ne parle que de choses éphémères, ça semble bien populaire ces temps-ci. Mais si on s’y accroche, qu’est-ce qu’il nous reste après? Le plaisir de pouvoir recréer quelque chose d’encore mieux, de tourner la page, et de recommencer. Puis, on est chanceux ici, avec quatre saisons bien distinctes les unes des autres, on peut en faire, des choses, qui ne durent que quelques mois.

Comme notre histoire qu’on laisse sur un bout de trottoir qui, rapidement, devient autre chose.


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