Je rêve depuis quelque temps d’une ère 1.0 où les courriels n’existent pas pour me rappeler, même en vacances, que j’ai du pain sur la planche.
Laurie Marchand
Quatre boîtes de courriel, voilà ce dont j’ai à gérer quotidiennement, en plus de ma page Facebook, de mes comptes Twitter, et Linkedin et des nombreuses pages Facebook dont je m’occupe lors de diverses implications au boulot.
Honnêtement, tous ces usernames, passwords, suivis de courriels, planifications à gérer me donnent mal au cœur. Et même quand je suis en vacances, les tâches me rattrapent à grands coups de notifications quand j’essaye juste de publier une photo de moi qui en profite de la vie un Margarita à la main… La magie des faux palmiers à Valcartier où je « profite de la plage » perd de son effet tout à coup.
Et c’est pas évident de laisser tomber, de ne pas donner de suivi immédiatement quand on reçoit un courriel ou une question même si on est censé « être en vacances », car on sent dans le message que quelqu’un dépend de l’information qu’on doit lui fournir, que la boîte de messagerie aura explosé à notre retour, qu’on aura passé à côté d’occasions ponctuelles. C’est pas facile de décrocher.
Parfois, je m’imagine, pack sac au dos, jambes pas rasées, T-shirts sale, sandales Merrel aux pieds, en train de me balader d’un temple à un autre en Inde. Comme seule technologie avec moi : mon ventre qui me sert d’horloge. Si j’ai faim, c’est qu’il doit être l’heure de manger. « Quand l’appétit va, tout va! » disait Obélix.
À la place, mes vacances ressemblent plutôt à un week-end à Boston hyper planifié durant lequel je m’oriente grâce à mon téléphone et au réseau Wi-Fi, qui lui, se charge de me rappeler que j’ai reçu plein de messages même si mon cellulaire a été mis en mode itinérance. Pas moyen d’avoir la paix.
Alors je me résous, quand j’ai besoin de décompresser, à n’aller sur Internet qu’une seule fois par jour. Et ces jours-là, mon compte Facebook est tellement sollicité, qu’il est à vif ; plein de petits boutons rouges lui ont poussé dans le coin droit de sa page. Il fait de l’urticaire le pauvre.
En fait, c’est moi qui fais de l’urticaire. C’est moi qui ne vis pas bien avec l’idée de passer à côté d’une notification importante. C’est moi qui veux être partout à la fois, être efficace partout où je m’implique. Le yoga, c’est bien beau, mais encore faut-il arriver à temps au cours et le coordonner dans mon agenda booké super serré.
Et si je partais, sans agenda, sans téléphone, sans ordinateur, ni tablette. Même pas une petite liseuse. Et si même le téléphone satellite ne me détectait pas pour un certain temps… Sans doute la terre n’arrêterait pas de tourner, je rechargerais mes propres batteries là où il n’y a pas d’électricité et je reprendrais le boulot quelques jours après, l’esprit calme et reposé dans un environnement surexcité.
Mais avant d’en être là, je dois terminer d’écrire ce texte, remplir mon rapport de stage, rédiger les comptes de dépenses au bureau, faire la production du journal, organiser la fête de ma mère, garder mes neveux tel que promis, faire mes boîtes et trouver des bras pour déménager, louer un camion, faire mon épicerie et mon lavage, expliquer mes tâches à la personne qui me remplacera…
Bonnes vacances!