Par Nicolas Trudel
À près de deux semaines de l’ouverture des Jeux d’hiver de Sotchi, les débats sur les politiques russes et sur le coût faramineux de l’événement s’estompent enfin pour laisser place à la magie des Olympiques. Bien qu’il s’agisse de débats pertinents, il faut maintenant assumer que les Jeux se dérouleront en Russie et désormais se concentrer sur ceux qui font rêver les nations : les athlètes.
Il y a maintenant deux semaines de ça, j’admirais le flambeau olympique des Jeux de 2010, au Canada place à Vancouver. Bien qu’improvisé, ce petit pèlerinage est accompagné d’un fort symbolisme pour tout amateur de sport canadien. Malgré la pluie qui s’abattait sur la métropole de la Colombie-Britannique, il n’y a pas de meilleur endroit au monde pour se remémorer les derniers Jeux olympiques d’hiver, des Jeux dignes du plus grand rêve.
Il faut avouer que le début des Jeux a apporté son lot d’imprévus. La mort tragique du lugeur Nodar Kumaritashvili lors de la journée d’essai avant la cérémonie d’ouverture a non seulement assombri le début de l’événement, mais aussi avivé de fortes inquiétudes concernant la sécurité des autres athlètes devant utiliser la piste de Whistler lors des compétitions.
Des Jeux d’hiver sans neige, ce n’est pas des Jeux d’hiver! Et pourtant, les jours précédant les premières compétitions au site de Whistler ont été pluvieux, menaçant dangereusement le peu de neige restante. Finalement, tout s’est bien déroulé, mais les organisateurs ont eu bien chaud, autant au sens propre que figuré.
En plus, il fallait bien que quelques journalistes critiquent la cérémonie d’ouverture sur la notion de bilinguisme, ou plutôt du manque de français. Le pire, sans aucun doute, ce n’est pas la place du français, mais bien la honte après la performance de Garou pour le Québec.
Une fois ces quelques pépins traversés, le rêve pouvait commencer. Alexandre Bilodeau remporte la première médaille du pays, de surcroit, la première médaille d’or remportée par un représentant de la feuille d’érable en sol canadien, malgré la tenue des Jeux de Montréal en 1976 et ceux de Calgary en 1988. Et ce n’était que le début d’une série de 14 premières marches pour la délégation canadienne.
Le Pacific Coliseum a été l’un des lieux aux émotions fortes. Accueillant les compétitions de patinage de vitesse courte piste, les amateurs présents ont fêté à plus d’une reprise. Le doublé au 500 mètres masculin, alors que Charles Hamelin remportait l’or et François- Louis Tremblay le bronze, a soulevé les foules autant que l’hystérie de Marianne St-Gelais, qui s’est emparée de l’argent du côté féminin. L’excellence canadienne au relais, avec une deuxième marche pour les femmes et une spectaculaire médaille d’or pour les hommes après une fin de course mouvementée n’a qu’accentué la flamme patriotique.
Sur une autre note, Joannie Rochette demeure un symbole incontournable des Jeux de Vancouver. À peine arrivée dans la métropole de l’Ouest canadien, sa mère est victime d’une crise cardiaque et décède dans les heures suivantes. Deux jours après, Rochette exécute sa plus grande performance en carrière à l’épreuve du programme court, pour mériter la médaille de bronze, sous les applaudissements imminents d’un pays désormais en admiration.
Et bien sûr, le plus grand moment des Jeux : la finale de hockey masculin. Après une douche d’eau froide causée par les États-Unis en amenant la partie en prolongation, le meilleur joueur au monde, devenu un véritable héros national, marque le but gagnant, donnant ainsi la 14e médaille d’or au Canada, un nouveau record historique mondial, et tout ça, à domicile. Je n’ai bien sûr pas connu la Série du siècle de 1972, mais je sais fort bien que nous avons assisté en 2010 à l’un des plus grands moments de l’histoire du hockey.
Où est-ce que je veux en venir avec tout ça? Il y a inconditionnellement certains problèmes avec des événements d’une telle envergure. Mais ne les laissez pas tout gâcher, profitez de la magie olympique. Cette magie soulève les peuples et fait rêver les gens partout sur le globe. Pour l’une des rares fois où l’on peut tout mettre ce qui nous divise de côté et s’unir autour d’une grande passion commune, peu importe notre race, notre nationalité ou nos croyances, profitons-en. Unissons-nous autour de ce rêve olympique.
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