Par Natasha Guay Marchand
Javier Milei, le candidat d’extrême droite, a remporté le deuxième tour de l’élection présidentielle argentine avec 55,95 % des voix. Alors que l’Argentine subit les coûts d’une inflation incontrôlée et d’une crise économique sans fin, le nouveau président propose des solutions radicales.
Ancien professeur d’économie, âgé de 53 ans, Javier Milei s’est avant tout fait connaitre grâce à ses interventions à la télévision, où il s’opposait ouvertement et sans mâcher ses mots à la gauche politique. En l’espace de deux ans, son discours rebelle enflammé a absorbé toute la droite, interpellant les jeunes et les moins jeunes dévastés par la crise économique. Ironiquement, sa candidature était presque perçue comme une blague pour plusieurs pays occidentaux.
En août, après qu’il réussisse à passer le premier tour des élections primaires avec 30 % des voix, ces mêmes pays sont restés bouche bée. Il est facile pour les médias occidentaux d’analyser cette élection sous un angle idéologique, et il est encore plus facile de critiquer les idées de la droite radicale. Encore faut-il comprendre le contexte de la dure réalité issu de cette élection pour avoir un regard nuancé.
Un contexte particulier
Depuis plus d’une vingtaine d’années, l’Argentine doit composer avec un contexte économique particulièrement difficile en raison de choix monétaires faits par d’anciens gouvernements. Bien que le pays possède sa propre monnaie, le peso argentin est basé sur un système particulier dénommé « caisse d’émission ». La logique de ce système veut que la valeur du peso soit calquée sur celle d’une autre monnaie — le dollar américain — et que celle-ci varie. Le problème est cependant que ce mécanisme est dangereux dans le contexte mondial actuel, où les taux de changes sont flottants et que le marché peut connaitre des variations importantes en de très courts laps de temps.
Cela a entraîné des conséquences drastiques sur l’économie qui a atteint son paroxysme en 2023. Le taux de pauvreté est passé à 40 % et l’inflation a récemment atteint un taux record de plus de 140 % sur un an. C’est dans ce contexte que le discours anarchocapitaliste du candidat Milei a rejoint une grande partie de la population exaspérée par la crise économique.
Plan tronçonneuse
Pour remettre de l’ordre dans l’économie, l’homme à la tronçonneuse a mis de l’avant un programme axé sur la non-intervention et la réduction de la taille de l’État. Dans un premier temps, il veut diminuer le nombre de ministères et de programmes sociaux. Il a également proposé l’adoption du dollar américain en tant que monnaie nationale, tout en fermant la banque centrale argentine, qu’il considère comme responsable de la hausse de l’inflation. À long terme, il souhaite privatiser la santé et l’éducation. Éventuellement, la dernière étape de son programme vise à éliminer toutes les subventions d’aide gouvernementale.
À l’annonce des résultats électorale, une partie de la population a manifesté sa joie. Ces gens, minés par la hausse du coût de la vie, s’accrochent à l’espoir que Milei est peut-être la clef du changement. Toutefois, pour les 44 % ayant voté pour son rival, Sergio Massa, les résultats sont comme une claque au visage. Dans la mesure où plus de la moitié des Argentins reçoivent une aide sociale, le programme du nouveau président est effrayant pour ceux qui en dépendent particulièrement.
Source: Wikimedia Commons