La victoire d’un Québécois  

Par Ismaël Lamoureux  

Le Québec s’est toujours uni autour du hockey, mais le 19 novembre dernier, les Alouettes de Montréal ont remporté la coupe Grey pour la première fois en 13 ans, permettant au football québécois de redorer son blason après plusieurs années de reconstruction.  

Or, c’est le discours de Marc-Antoine Dequoy qui a particulièrement retenu l’attention de toute la province, lui qui s’est illustré comme véritable défenseur de la langue française dans son discours d’après match, faisant réagir toute la classe politique et médiatique. C’était clair : un joueur de football, un Québécois avait un message à exprimer et il en a profité dès qu’on lui a donné un micro. Certains affirment qu’il a dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. 

C’était à Hamilton. L’équipe montréalaise disputait le match contre les Blue Bombers de Winnipeg. En remportant le match 28 à 24, l’équipe montréalaise est sacrée gagnante de la ligue canadienne. Pour les fans des Alouettes, c’était l’exaltation. Ce sentiment était plus que partagé par le nouveau propriétaire de l’équipe, Pierre Karl Péladeau, lui qui était plus tôt connu pour son poing levé en faveur de l’indépendance du Québec, alors qu’il se présentait aux côtés de Pauline Marois en 2014. Loin d’être le même type de paris, les deux événements sont sujets à faire jaillir un sentiment nationaliste fort dans le cœur de ceux qui préféreraient chanter Gens du pays en début de match.  

Bonjour/hi, Canada.  

Le Québec est le seul État francophone en Amérique, et depuis toujours, les Québécois ressentent le besoin de s’indigner, de se battre pour protéger la langue française. Cette lutte est d’ailleurs palpable dans plusieurs facettes sociétales : en politique, en culture et dans les milieux académiques. Le monde du sport n’en fait pas exception, lui qui brosse un portrait sombre quant à sa valorisation de la langue de Molière. Les joueurs des Alouettes en ont été particulièrement témoins, alors que la ligue canadienne de Football (LCF) est majoritairement anglophone.  

Alouettes of Montreal  

Le français est en déclin au Québec, particulièrement à Montréal. Les Québécois sont profondément attachés à leur langue, qui leur permet de se reconnaitre et de se comprendre, alors que la langue est le premier vecteur de cohésion d’une nation.  

Ce qui choque les Québécois et les joueurs de football, dans le présent cas, ce n’est pas l’incompréhension de l’anglais, mais le manque de considération pour une équipe officiellement francophone, d’où prenaient racine les mots de Marc-Antoine Dequoy dans son discours émotif, arguant qu’« ils n’ont jamais cru en nous ».  

En entrevue à l’émission Tout le monde en parle, le principal intéressé a clarifié que lui, mais également son équipe, perçoit cette absence du français comme un manque de respect. Selon lui, la protection du français est une revendication de société avant d’en être une politique, a-t-il dit à Guy A. Lepage.  

Le sport comme moteur de réflexion  

Véritablement, Dequoy a reçu une vague d’amour qui dépasse les amateurs du football. Certains le disent « héros », car il a levé le voile sur un problème de fond, plus grand que celui présent dans le sport au pays. Son message, qui a fait le tour des médias du Canada anglais, marquera, peut-être, le début d’une réflexion. D’une part, sur la vitalité du français dans le sport, mais d’autre part, sur le respect des Québécois en tant que nation francophone dans les institutions canadiennes. 


Source: Alouettes de Montréal

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