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Campus_Benjamin Le Bonniec_Des chroniques insolentes pour un feminisme moderne_17 mars 2015Rencontre avec Isabelle Boisclair, professeure à lUniversité de Sherbrooke qui vient de publier aux Éditions du Remue-Ménage, Mines de rien – Chroniques insolentes en collaboration avec ses amies et collègues Lucie Joubert et Lori Saint-Martin.

Par Benjamin Le Bonniec

Simone de Beauvoir publiait en 1973 sa Chronique du sexisme ordinaire, devenant une théoricienne majeure du courant féministe. C’était il y a plus de quarante ans, et pourtant, le sexisme ordinaire est toujours présent dans notre quotidien. En publiant chez l’éditeur féministe ces chroniques insolentes, les trois professeures de littérature délaissent pour un temps le style académique afin de disséquer la société dans ses travers sexistes et misogynes : le style libéré, moqueur presque satirique. Au-delà de l’objectif inévitable d’apporter sa pierre à l’édifice féministe pour l’égalité, ces chroniques insolentes représentent aussi la possibilité d’utiliser l’humour et la dérision afin de contrer les a priori sur les féministes. « On se fait dire qu’on n’a pas d’humour, mais on en a de l’humour. Nous sommes seulement gouvernées par la mission qui est la nôtre, d’agir en faveur de l’égalité homme/femme et de mettre fin au patriarcat encore trop présent dans nos sociétés. »

« Le féminisme est une idéologie »

Enseignantes, elles sont amenées à faire des études critiques de la littérature et in extenso de la société contemporaine. « En tant que féministe, on analyse la société. Entre nous, on est constamment obsédées par cela, voilà pourquoi on a commencé à écrire des papiers sur le sexisme ordinaire, sur le sexisme au quotidien. » L’idéologie féministe a fait du chemin depuis le mouvement de la libération des femmes, et aujourd’hui on observe une diversification des courants, certains intervenant même sous le coup d’un activisme radical comme le groupe FEMEN qui sortait le 20 mars dernier un manifeste d’une « haine assumée ». Pour Isabelle Boisclair, « il n’y a pas un féminisme, mais des féminismes. Plus le mouvement prend de la place, plus il y a de ramifications, plus il y a un panel de couleurs. L’idée centrale sur laquelle on s’accorde, c’est l’égalité. Au moins, nous ne sommes plus quatre ou cinq hystériques! »

« Les femmes qui écrivent sont dangereuses par définition »

La plupart de ces chroniques parlent de faits vécus, selon la co-auteure, mais de par son statut, elle s’estime vivre dans « une tour d’ivoire », victime uniquement de « jokes au troisième degré » de ses collègues qu’on ne citera pas. Elle est bien consciente qu’elle vit dans un environnement privilégié à l’Université, d’autant plus à la Faculté des lettres et sciences humaines (FLSH), sans pour autant délaisser un ancrage dans la réalité quotidienne. Elle estime tout de même que « la société québécoise est très avancée en matière d’égalité ». Mais le pouvoir des mots se révèle être d’une importance majeure, c’est « une forme d’activisme nécessaire, elle reste une arme. Pourtant, ce n’est pas parce que nous sommes du côté de l’écriture que ça nous soustrait à tout opprobre. » Et les femmes qui écrivent prennent leur place, « elles ont souvent été déniées, mais on arrive à près de 40 % d’écrivaines au Québec. Elles traduisent le monde de leur perspective, différente de celle d’un homme. Si elles écrivent, c’est qu’elles ont été conscientisées. »

Mines de rien – Chroniques insolentes d’Isabelle Boisclair, Lorie Saint-Martin et Lucie Joubert aux Éditions du Remue-Ménage

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