Par Ema Holgado
Nous voici enfin au cœur de l’été où la chaleur et les sorties entre amis nous donnent envie de visiter le monde entier. Un dicton espagnol dit que voyager et découvrir le monde est la seule réelle manière de faire quelque chose pour soi qui ne peut être donné après. Les grands globetrotteurs comme les voyageurs du dimanche ne peuvent qu’acquiescer à cette idée. Pourtant, malgré cela, de manière plus pragmatique, le poids écologique que représente le voyage semble parfois contre-productif dans l’idée de faire ce qui est le mieux pour soi. Entre emprunte carbone, tourisme de masse et déchets laissés à tort et à travers, il peut parfois sembler que le voyage soit une chose plus complexe qu’on l’imagine.
Voyager autrement
Décider que la bonne et seule solution est d’arrêter de voyager ne semble pas être une décision très viable. Si certains font ce choix, la plupart des gens, surtout ceux qui ont beaucoup découvert le monde, savent qu’il ferme à beaucoup de découvertes culturelles, d’ouverture sur le monde et de possibilités d’amélioration personnelle. Si les extrêmes ne sont jamais la bonne solution, il s’agit maintenant de se pencher sur de nouvelles manières de voyager plus respectueuses de l’environnement et des populations d’accueil. Ce mode de voyage est-il possible ? Quelles sont nos options dans le domaine du tourisme écologique ?
Le voyage local
Dans un premier temps, il faut rappeler que voyager ne veut pas forcément dire partir à l’autre bout du monde. S’il est vrai que le dépaysement est moins grand, le voyage local s’acclimate à tous les budgets et toutes les envies. À l’heure de l’arrivée du déplacement plus écologique, le road trip est un bon moyen de découvrir le pays. Qu’il soit fait en voiture, en bus ou en train, le road trip permet de découvrir les beautés d’une région en réalisant des arrêts fréquents. Il est même possible de dormir dans son véhicule afin d’être plus proche de la nature et de comprendre l’importance de la préserver en observant les bons gestes pour garder un endroit aussi vierge que possible après notre passage. C’est aussi la meilleure manière de se mêler à la faune locale et de l’observer vivre autour de nous.
Le voyage écoresponsable
Lors de l’organisation d’un voyage plus écoresponsable, la question de l’hébergement est toujours le point central. De plus en plus, de nouveaux lieux proposent de séjourner dans une démarche de tourisme durable. Ces logements sont souvent faits de matériaux plus durables, bien isolés et dans la simplicité. S’ils ne manquent pas de confort, les fioritures sont laissées de côté. Souvent, ces logements sont aussi démontables sous forme de tente, de yourtes, de bulles, etc. Trois critères primordiaux sont à observer pour les hébergements écoresponsables : le respect de la nature, le respect des populations autour de l’hébergement et la sensibilisation des voyageurs. Le plus souvent, on y utilise une énergie renouvelable et on limite la production de déchets non recyclables ou compostables. Lorsque le voyageur y séjourne, il a aussi sa part de responsabilité en respectant les normes et critères écologiques fixés par l’hébergement (tri des déchets, limitation de l’utilisation de l’eau, le respect de la faune et la flore, etc.). Ces nouveaux logements s’inscrivent dans une nouvelle démarche de slow tourism et de slow traveling. Cette manière de voyager a pour concept le fait de voyager doucement, de prendre son temps, de vivre comme la population locale. Au lieu de visiter de nombreuses villes et plusieurs pays durant ses vacances, il s’agit de se concentrer sur un seul endroit durant plusieurs jours en se laissant porter par la vitesse de la vie ambiante. Un voyage durable et reposant.
L’Europe sans avion
Finalement, pour les voyageurs les plus acharnés, il est aussi possible de faire la traversée transatlantique vers le vieux continent sans prendre l’avion. L’impact environnemental d’un vol en avion n’est plus à prouver. Même si de nouvelles manières de réduire la consommation de carburant ou de développer un carburant plus vert sont en route, certains préfèrent éviter ce mode de transport. Avec l’arrivée de ce nouveau public, des plateformes de particuliers ayant des voiliers et faisant des traversées ouvrent afin d’y embarquer aussi des touristes sans expérience maritime contre une compensation financière. En plus du prix, les passagers participent aux tâches sur le bateau et apprennent les rudiments de la manœuvre de la voile. Ces traversées mettent en moyenne entre 3 et 5 semaines.
Le délai est sensiblement le même pour le second mode de passage : le bateau de cargaison. Possédant plusieurs cabines de passagers, les cargos permettent maintenant à des touristes d’embarquer à bord afin de réaliser la traversée auprès de l’équipage du navire partageant repas et temps libre avec eux. Le bateau cargo semble être une option prisée par ceux qui souhaitent un peu de temps seul, car il n’y a pas d’activités sur le bateau et très rarement de connexion internet. Lire et regarder par-dessus bord sont les deux activités méditatives présentes à bord. Le grand avantage du voyage en cargo est que le passager a droit d’embarquer une centaine de kilogrammes d’affaires, dont des vélos. Un avantage non négligeable pour les voyages de très longue durée. Pour voyager en cargo, il faudra compter environ 200 $ par jour passé à bord et comme tout moyen de transport maritime, la date d’arrivée est approximative. Il faudra donc compter entre 3 000 et 4 000 $ pour le voyage aller. Malheureusement, ce mode de transport n’est pas encore viable pour n’importe qui en raison du prix, mais aussi de la durée de transport : l’aller-retour revient à 40 jours de voyage.
Avec le réchauffement climatique faisant partie de notre quotidien, il devient donc impératif de penser à de nouvelles manières de consommer le voyage. Entre grandes traversées en bateau, voyages proches de chez soi, slow travel et alternatives écoresponsables, la démocratisation de ces moyens de consommer permettront au plus grand nombre, espérons-le, de connaitre le monde sans consommer la planète.
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