Par Guillaume Cabana, librairie Appalaches
L’essai Pompières et pyromanes de Martine Delvaux, publié aux éditions Héliotrope, est un brasier et cela est sublime. L’essai suit les mots adressés à la fille de Delvaux présentés dans le texte Le Monde est à toi, publié en 2017 chez Héliotrope. C’est un livre sur la transmission mère-fille avec pour toile de fond la crise environnementale qui fait rage et le phénomène de l’écoanxiété qui en découle. Ce court essai est pertinent autant par son sujet que par ses mots vifs.
Sa force réside dans son allégorie à l’élément du feu, qui est autant source de création que de destruction, voire de changement et de renouveau. On y voit la force d’incapacité du feu et celle de la potentialité que cette force possède. Ainsi, l’essayiste féministe nous plonge directement dans le mythe prométhéen. Ses mots ardents permettent de nourrir le feu qui nous habite afin de tenir position et de faire acte face aux défaites quotidiennes de l’humanité. De même souffle, l’intellectuelle féministe y aborde un enjeu actuel, celui de la destruction de la nature par l’homme.
Un texte coup-de-poing
Il y a là un rapprochement direct entre la nature et la condition des femmes, menacées de manière permanente par des violences qui déciment tant le territoire que le corps. L’écrivaine porte des mots incendiés qui ont la force de présenter la beauté du monde et de nous guider telle une lueur d’espoir à travers cette noirceur qui s’alourdit. La fascination du feu est récurrente, par des références historiques qui permettent de découvrir autant des significations communes. Martine Delvaux fait appel à Atwood, Agamben, Alexievitch, Didi-Huberman, Woolf en passant par Anders et quelques faits divers des journaux pour présenter le feu, élément essentiel à l’histoire de l’humanité.
Une lecture nécessaire
En parcourant ce livre d’un coup, plusieurs images me sont apparues, comme la chaleur rassurante d’un feu, la force d’une masse humaine qui s’enflamme pour des convictions, les bougies qu’on allume pour célébrer et partager durant un anniversaire. L’étrangeté d’un lieu décimé après le passage du feu. La beauté dangereuse des tisons qui peuvent enflammer le sol. Les discussions qui nous paraissent éternelles autour d’un feu. Le feu est donc puissant, car il possède la qualité de potentialité. Le feu est donc un symbole d’humanité.
Ce livre anime la flamme de préserver l’amour dans nos rapports avec autrui et d’enflammer nos rêves pour les poursuivre.
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