La déesse des mouches à feu, Geneviève Pettersen
Par Thomas Fortier
L’été tire à sa fin et l’heure des lectures obligatoires, des travaux d’équipe et des mille et un cafés arrive à grands pas. Si vous avez privilégié les terrasses dans les dernières semaines plutôt que d’entamer la pile de livres qui traine sur votre table de chevet, n’ayez crainte, il est encore temps. En espérant inspirer quelques-uns à s’intéresser davantage à la littérature en ce début de session, je vous propose ma découverte estivale : La déesse des mouches à feu (je sais, ce n’est pas une nouveauté, mais un bon classique se lit en tout temps). Après des mois de procrastination, j’ai dévoré en quelques jours l’œuvre de Geneviève Pettersen parue en 2014. On y suit les mésaventures de Catherine, une jeune fille qui tente de survivre à son adolescence dans le Saguenay des années 90. Drogues, famille, sexualité… Les thèmes, parfois difficiles, abordés par l’autrice sont adoucis par un ton et un vocabulaire réaliste et accrocheur. Véritable fenêtre vers une autre époque, le livre nous place rapidement dans la peau du personnage principal et nous permet de découvrir une réalité nouvelle. Et si vous préférez le septième art, le roman a été adapté en 2020 au cinéma par Anaïs Barbeau-Lavalette.
Martine à la plage, Simon Boulerice
Par Alexia Gagnon-Temblay
Je peux affirmer sans nul doute que Simon Boulerice est un de mes auteurs québécois chouchous. À vrai dire, il est un de mes auteurs — tout court — favoris. C’est pourquoi il n’est pas étonnant que j’aie été interpelée par son livre Martine à la plage (paru en 2012) lorsque j’ai posé les yeux sur ce dernier. Outre le nom de l’auteur, annonciateur d’une œuvre intéressante, les illustrations de Luc Paradis contribuent également à rendre l’œuvre légère et très adaptée à l’été selon moi. Fidèle à ses habitudes, l’auteur dépeint une histoire farfelue par le biais d’un langage parfois cru. Cœurs sensibles, abstenez-vous ! En effet, la narratrice est une jeune fille, Martine, obsédée par son voisin, Gilbert, un père de famille marié. Ce dernier, ignorant les intentions de celle-ci, l’engage afin qu’elle garde sa fille. Durant cet été, l’histoire s’articule autour des tentatives de Martine de se rapprocher de l’homme en question. La situation devient très rapidement obsessionnelle. Pour renforcer l’absurdité de cet entichement, Martine échange avec des fantômes. Bref, Martine à la plage est une courte lecture qui, selon moi, permet de faire perdurer l’été.
Le sommeil des loutres, Marie-Christine Chartier
Par Alexia Gagnon-Temblay
Cet été, je me suis également laissé séduire par l’autrice québécoise Marie-Christine Chartier. En effet, j’ai lu Le sommeil des loutres, paru en 2020, et qu’on m’avait souvent recommandé. À travers les pages, l’auteure nous présente l’histoire d’amour naissante entre Jake, une ancienne vedette de la télévision, et Émilie, une jeune étudiante modèle. Le tout est écrit de manière très réaliste, puisque l’auteure y aborde des thèmes tels que la dépendance, le deuil et les ruptures amoureuses, entre autres. Ce roman est une romance qui saura combler les plus ou les moins grands romantiques. Malgré tout, l’histoire demeure réaliste et elle permet ainsi au lectorat de s’identifier avec facilité aux personnages. Avec un récit qui se déroule durant la saison estivale, je pense que c’est une excellente lecture pour terminer l’été et entamer la session d’automne en beauté.
Film : Le Mirage, Ricardo Trogi
Par Renaud Duval
En cette époque de récession et d’inflation masquées où l’on tente de se maintenir à flot dans la maudite machine malgré un sentiment pesant d’absurdité post-pandémique, un film québécois brille par son actualité. Le Mirage, paru en 2015, est, en effet, d’une pertinence remarquable. Le mauvais rêve nord-américain que nous vivons y est abordé sans détour, avec justesse. Patrick Lupien, propriétaire d’un magasin de sport, mène une vie tristement et typiquement aliénée. Baignant dans un univers sans âme qui pourrait autant être Blainville que Boucherville ou Brossard, Patrick sent qu’il doit garder la face malgré un sentiment de vide profond. Incapable d’entrer authentiquement en relation avec lui-même et les autres, tout ce qui l’entoure est représentation, performance, publicité et marchandise. Endetté jusqu’au cou, tiraillé entre les pressions et les pulsions, il s’entraîne irrémédiablement vers un naufrage révélateur. Si le portrait peut sembler bien sombre à première vue, le propos est toutefois livré avec brio. Avec François Avard et Louis Morissette au scénario, de même que Ricardo Trogi à la réalisation, la critique sociale est bien amenée sans pour autant négliger le « bon show » et le divertissement humoristique. Nombreux sont ceux qui, tout en ayant passé un bon moment, sauront s’y reconnaître ou en tirer une belle réflexion.
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