Qu’est-ce qu’on lit ce soir? 

S’engager en amitié, par Camille Toffoli 

Par Audrey-Ann Caron 

Dans les histoires qui ont peuplé mon enfance, les jeunes filles attendaient leur prince charmant avec impatience. Il me semblait qu’une fois en couple, tous leurs soucis s’envolaient. En attendant, elles voyaient leurs amies ou s’occupaient comme elles le pouvaient. Mais avant de trouver l’âme sœur, le temps peut être long.  

En lisant l’essai S’engager en amitié de Camille Toffoli, je me suis rendu compte à quel point la société relayait les amitiés au second plan. Tout le monde semble s’entendre sur le fait que les amitiés sont importantes, mais jamais autant qu’un partenaire de vie. Mais pourquoi ne pas prioriser l’inverse? En tout cas, j’ai été beaucoup moins déçue par mes amis que mes partenaires. 

Il existe des tonnes de livres qui abordent la communication en couple et qui prodiguent des conseils sur comment bien traiter son partenaire. En revanche, il est plutôt rare d’en trouver un sur comment être un bon ami. Dans sa dernière œuvre, l’autrice aborde des sujets comme la colocation et la frontière entre amour, désir et amitié. Il est aussi question d’amitiés féministes, de celles développées en contexte sportif et de celles en ligne. Il s’agit d’un essai très accessible et coloré qui permet de repenser nos relations pour mieux les entretenir.  

Évidemment, les amitiés ne sont pas toujours parfaites, mais j’ai réalisé que j’avais de la chance d’être bien entourée. Quand j’ai terminé la dernière page, j’ai envoyé un court message à ma meilleure amie simplement pour lui dire qu’elle occupait une place de choix dans mon cœur.  

Partager sa vie avec un partenaire peut être une expérience très enrichissante, mais cette avenue ne convient pas nécessairement à tous. J’espère être celle qui, à Noël, s’informera des amitiés de ses petits-enfants au lieu de leur demander s’ils ont quelqu’un dans leur vie.   

Plessis, par Joël Bégin 

Par Jérémy Savard 

Branches taillées entrelacées formant une clôture, voilà la définition d’un plessis et ce qui incarne magnifiquement bien ce roman. Amalgame d’historiettes qui donne un produit entre le roman noir, le récit historique avec un soupçon de fantasmagorie. 

Plessis nous plonge dans des récits moins probables les uns que les autres, les intrigues d’un trésor polonais caché quelque part dans le Musée national du Québec. Un trésor inestimable détenu par le malin qui s’autoproclame Bruno, une manigance commerciale entourant des sacs de croustilles ; bref, un roman qui nous tient en haleine, nous fascine et nous inspire sur notre passé, le passé du chef Maurice Le Noblet Duplessis.  

Ce roman nous plonge dès ces débuts à Schefferville, ancien fleuron économique ayant pratiquement disparu pendant un temps. Dans le guest house de la Iron Ore Company of Canada, le vieux chef se meurt et c’est le peu doué Paul-Émile Gingras, jeune policier trifluvien, qu’on a mandaté pour enquêter sur la mort, ou l’assassinat, du grand Chef. C’est donc un Paul-Émile Gingras un peu nono qui est mandaté par Jos-D, ministre de la Colonisation, organisateur en chef des campagnes électorales de l’Union nationale, le bras droit de Maurice Duplessis, mais surtout son grand-oncle qui trouve en lui l’outil parfait. 

Il n’y a pas d’autre façon de décrire cette œuvre qu’un grand roman. Un grand roman nécessitant néanmoins une connaissance suffisante du contexte sociohistorique entourant les débuts de l’Union Nationale et la mort de Maurice Duplessis. Un roman noir, marqué par un humour soutenu et une familiarité légère : Paul-Émile, jeune policier qui utilise la voiture familiale et une carte dessinée par sa mère Rose-Aimé pour se rendre à l’Assemblée nationale, se rend rapidement compte que le trajet dessiné n’est pas pour aller à l’Assemblée nationale, mais bien pour acheter du maïs sur le chemin. En soi, c’est un roman accessible et rafraîchissant. Il semble important de rafraîchir ses connaissances en lien avec la grande noirceur, question de bien saisir les nuances et certaines blagues pouvant sembler niches. 

Les engagements ordinaires, par Mélikah Abdelmoumen 

Par Lé Bonneau 

À mi-chemin entre l’essai et le récit, Mélikah Abdelmoumen a publié, à la fin 2023, un livre important sur le militantisme ordinaire. Avec Les engagements ordinaires, l’autrice lève le voile sur une réalité qu’on laisse souvent de côté et dénonce l’invisibilisation de l’aspect plus collectif des luttes, principalement menées par des femmes, au profit de leaders charismatiques, plus souvent masculins.  

En faisant des ponts entre le militantisme de sa mère et celui de sa grand-mère, l’autrice nous fait visiter les bidonvilles de Lyon. À partir de son expérience personnelle d’implication auprès de personnes immigrantes, Abdelmoumen réussi à conscientiser les personnes lectrices en leur présentant le militantisme de terrain sans filtre. 

Paru dans une collection que plusieurs adorent déjà — Documents d’Atelier 10 — le livre compte moins d’une centaine de pages. Bien que j’aurais pu m’abreuver des histoires de militantisme de l’autrice durant plusieurs heures, j’apprécie le caractère concis de l’essai. Cette concision permet une excellente compréhension du message en plus de demander une implication minimale aux personnes lectrices. La plume d’Abdelmoumen est d’ailleurs hors pair, ce qui améliore l’expérience de lecture.  

Bref, il est certain que je recommande Les engagements ordinaires à toute personne qui souhaite ouvrir ses horizons sur le militantisme. Cependant, je crois que ces écrits prennent tout leur sens entre les mains de personnes impliquées qui sont en quête d’une nouvelle source de motivation ou qui cherchent à se rappeler les raisons de leur implication. Je suis convaincue que les mots de l’autrice peuvent avoir l’effet d’un baume contre la fatigue militante qui menace certaines personnes impliquées. 

QU’EST-CE QUE LA FÉMINISTHÈQUE? 

Dans le local de l’association générale étudiante de la Faculté des lettres et des sciences humaines (AGEFLESH, A4-053) a pris récemment racine une bibliothèque remplie d’ouvrages féministes ; il s’agit de la Féministhèque. Ses étagères abritent une riche collection d’ouvrages féministes intersectionnels, mettant en lumière nombreuses figures influentes dans le contexte des luttes féministes. Si l’idée de découvrir ces œuvres t’interpelle, n’hésite pas à passer par le local de l’association. Nous serions ravi.e.s de t’y accueillir! 

frederique_kim@live.ca  Web   More Posts
Scroll to Top