Qu’est-ce qu’on lit ce soir? 

Journal d’Henriette Dessaulles 

Par Sarah Baril-Bergeron 

Admirateurs d’autofiction, soyez attentifs! Je vous présente aujourd’hui le journal intime d’une jeune fille de 14 ans, rédigé des années 1874 à 1 876. Lu dans le cadre de mon projet sur les origines de l’autofiction jusqu’à aujourd’hui, Journal d’Henriette Dessaulles est fascinant. Nous sommes alors transportés dans le présent d’une adolescente à une tout autre époque, où son meilleur ami n’est nul autre que son confident, son journal intime. Rédigé en secret dans le plus grand don de soi, ce cahier est un témoignage de vie, mais aussi de réflexions critiques.  

Malgré les 150 ans qui me séparent des évènements du récit, j’ai pu m’identifier à la narratrice qui refuse les mœurs convenables, se révolte contre les normes de genre et se pose des questions existentielles. Elle se sent hors de son temps ; elle n’a pas l’impression d’appartenir à la société dans laquelle elle évolue. Henriette mentionne souvent qu’elle aurait préféré être un garçon, ou même un oiseau : n’importe quoi d’autre qu’une jeune fille envers laquelle on a beaucoup trop d’attentes. Elle souffre de la froideur de sa belle-mère, tout en nourrissant son affection grandissante pour son voisin, Maurice. Il va sans dire que les thèmes de l’amour et de la solitude transcendent les époques. Le deuil est également au cœur du récit : au sens propre (sa mère biologique), mais aussi le deuil de l’enfance et d’une société à laquelle Henriette Dessaulles se sent étrangère. Elle se révolte contre la souffrance humaine et remet en question l’existence d’un Dieu qui ferme les yeux sur toutes ces misères.  

J’ai été charmée par cette adolescente orgueilleuse et pleine de vigueur qui ne cherche qu’à trouver sa place dans le monde — ce dernier correspondant alors à la petite municipalité de Saint-Hyacinthe.  

Pour les intéressés, l’ouvrage se retrouve gratuitement à la bibliothèque Roger-Maltais. 

Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry 

Par Kristina Bordeleau  

Le Petit Prince est un petit livre publié en 1943 et écrit par Antoine de Saint-Exupéry, écrivain français et pilote d’avion. Saint-Exupéry est né à Lyon dans une famille bourgeoise et a suivi une éducation classique. Malgré sa très bonne plume, l’aviation était la passion première de Saint-Exupéry. Il a accompli de nombreux prodiges et sauvetages à travers sa carrière et son service militaire. Ses voyages et aventures en avion ont inspiré plusieurs de ses œuvres et ont tracé la base narrative de certains de ses livres. Saint-Exupéry est reconnu pour son style sombre et classique. Il arrive à nous embarquer sans aucun mal dans ses aventures et arrive à faire vivre ses personnages de façon brillante, comme le jeune prince à la chevelure de blé. 

L’œuvre du Petit Prince ne se démode pas grâce à sa beauté et son histoire touchante. Il s’agit de l’histoire d’un vol d’Antoine de Saint-Exupéry, pilote à cette époque, qui tombe en panne en plein désert. Son avion est touché par de grands problèmes, causant une inquiétude poignante dans le cœur du pilote, qui ne sait comment il va être en mesure de s’en sortir. Alors qu’il tente de gérer ses problèmes comme un adulte raisonnable, il entend une jolie voix qui lui demande s’il peut lui dessiner un mouton. Il découvre alors un jeune garçon aux yeux curieux et à la chevelure de blé. De cette première question hors du commun, naît alors une amitié profonde entre l’aviateur et le Petit Prince. L’aviateur voyage au gré des histoires, des rencontres du Petit Prince avec d’étonnants personnages et des questionnements de son nouvel ami, qui a une perception du monde tout à fait nouvelle pour lui.  

Cette œuvre se lit très facilement, le fil est fluide et l’alternance des points de vue du Petit Prince et de l’aviateur donne une dimension intéressante à l’histoire. La perspective innocente du Petit Prince est rafraîchissante et offre des réflexions sur notre monde, on découvre également de nombreux personnages attachants à travers ses histoires. Ce petit classique n’est pas un livre qu’on lit pour l’honneur, seulement pour le plaisir du cœur.  

Les luttes fécondes : libérer le désir en amour et en politique de Catherine Dorion 

Par Carolanne Cayouette  

Paru avant que Catherine Dorion soit élue comme députée et devienne connue dans l’ensemble de la province, Les luttes fécondes nous amène dans une exploration intime du désir dans les relations amoureuses et dans l’implication politique. Parsemé d’exemples empreints d’humanité, cet essai se penche sur les désirs profonds que nous portons et certains cadres qui les briment. Il m’a touché par les réflexions sensibles portant sur nos rapports aux autres, les normes sociales amoureuses et la solitude.  

Notamment, ce petit livre, d’une centaine de pages seulement, questionne et interroge sur les caractéristiques de la monogamie exclusive. Catherine Dorion se penche sur le désir de combler tous ses besoins avec une seule personne, l’oubli de soi pour faire durer la relation et la brusque coupure de contacts qui suit trop souvent une rupture avec une personne qu’on aimait pourtant profondément quelques mois plutôt.  

Le livre Les luttes fécondes invite à rester alerte à nos besoins profonds et à la multitude de précieux moments qu’on peut vivre avec les autres si l’on s’abandonne à l’exploration, si l’on surmonte la peur de l’inconnu et si l’on reste attentif et attentive à soi. L’écriture fluide et sentie nous ramène aussi à la nécessité de nous respecter et de respecter profondément les autres pour avoir des relations fécondes et une vie porteuse de sens, individuellement et collectivement.   

« Le désir de l’autre comme boussole, pendant que notre boussole croupit au fond de nous, tellement entraînée à se taire qu’un jour vient où elle se tait même lorsque nous l’interrogeons. Je pense que c’est une bonne définition de ce que c’est l’aliénation. Ça vaut pour les femmes, pour les travailleurs, pour les peuples. » (Catherine Dorion) 


Source: Pexels

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