Qu’est-ce qu’on lit ce soir ? 

Ce qu’un jeune mari devrait savoir, Œuvre collective 

Par Alexia Gagnon-Tremblay 

Le début de la session d’automne peut s’avérer demandant pour de nombreux étudiants. Par conséquent, les lectures de cours peuvent occuper beaucoup de notre temps au détriment des lectures pour notre plaisir personnel. Je vous fais donc la recommandation du recueil Ce qu’un jeune mari devrait savoir. En effet, ce dernier se lit très bien. J’ai trouvé qu’il était facile de le poser et de reprendre ma lecture quand j’en avais le temps. Le recueil est composé de textes plus ou moins longs séparés en quatre sections : réflexions, désirs, révolution et alliance. Ces derniers présentent, tous de manière très différente, la perception de leurs auteurs sur ce à quoi ressemblerait le mari idéal. Cette œuvre se veut donc une réponse aux différents ouvrages parus à travers les siècles sur les attentes auxquelles la femme idéale devrait répondre. J’ai apprécié les différentes réflexions que ce recueil m’a inspirées. Mon coup de cœur a été le texte de Coco Belliveau : Le mariage en dix étapes difficiles à digérer. Ce dernier était empreint d’humour et d’espoir. Bref, je le recommande ! 

Hochelagurls, Audrey Hébert 

Par Alexia Gagnon-Tremblay 

Pour une seconde recommandation, j’ai opté pour le recueil de poésie Hochelagurls de Audrey Hébert, que j’ai trouvé très rafraîchissant. Il se lisait extrêmement bien, les pages filent sous les doigts. À travers ses textes, l’auteure aborde sa vie ainsi que celle de ses amies dans leur quartier d’enfance, Hochelaga. J’ai principalement aimé le fait que l’auteure aborde les défis rencontrés personnellement par chacune d’entre elles, mais toujours avec une touche d’humour bien placée. Je suis sûre qu’au moins quelques-unes des références à la culture populaire vous feront sourire lors de votre lecture. Bref, c’est une lecture que je considère comme parfaite pour le retour à la routine et à la vie d’étudiante, sans toutefois être banale ! 

Méduse, Martine Desjardins 

Par Sarah Baril-Bergeron 

Afflictions, abjections, abominations, courroucences, cataclysmes, concupiscences, déshonnorances, ignoblesses… voilà quelques-uns des surnoms que portent les yeux du personnage principal de Martine Desjardins dans son roman Méduse (Alto, 2020). Affligée depuis la naissance d’une étrange et terrible déformation oculaire, la protagoniste grandit à l’ombre des regards et de l’affection de sa propre famille. Elle se voit internée à l’Athenaeum, un institut pour jeunes filles à déformations physiques. Dans cet endroit de l’horreur, elles sont à la merci des « bienfaiteurs », dont les jeux aussi puérils que déconcertants s’approchent davantage de la torture. Méduse est une jeune femme qui a été rejetée, humiliée et ostracisée toute sa vie, à un point tel où elle n’a jamais osé s’observer dans la glace. Sa quête de vengeance devient la nôtre lorsqu’elle s’échappe de l’institut pour déchainer sa rage sur quiconque tente de lui faire du mal à nouveau. Martine Desjardins nous propose ici un roman sur la honte, l’image de soi et la prise de pouvoir. À l’aide d’une plume métaphorique et d’une maîtrise de la langue extrême s’apparentant à l’exercice d’écriture, l’auteure nous livre un récit troublant, aux limites du gore, qui porte un important message féministe. Malgré son niveau de langue plutôt soutenu qui exige une lecture attentive, Méduse est définitivement un page-turner de grande qualité qui mérite les acclamations reçues.  

La Russie 1985 – 1999 : Traumazone (Série documentaire), Adam Curtis 

Par Renaud Duval 

L’invasion russe de l’Ukraine depuis février 2022 a bouleversé nos repères et notre perception du monde. Même un an et demi depuis le début de la guerre, nombreux sont ceux qui ne comprennent pas comment le déclenchement d’une telle tragédie a été possible. Diverses théories explicatives, dont on hésite parfois à savoir si elles relèvent de la pure spéculation ou de la propagande, se concurrencent dans la confusion. Sans offrir d’explication directe ni prendre un côté, la série documentaire d’Adam Curtis Russia 1985 – 1999 : Traumazone nous permet de comprendre objectivement un semblant de ce qu’a pu vivre le peuple russe comme humiliation dans les dernières décennies. À partir d’une riche et exclusive collection d’archives de la BBC, le chevronné documentariste britannique a soigneusement monté, en 8 épisodes, un portrait de la Russie à des heures extrêmement pénibles et tragiquement révélatrices. C’est à une échelle profondément humaine, dans un style de cinéma direct, laissant les Russes parler eux-mêmes de leur réalité, que l’on voit progressivement l’Union soviétique sombrer, puis carrément s’effondrer. Alors que vers le troisième épisode, 1991, on pense avoir vu le fond du trou, la situation ne fait que continuer de se dégrader sous la nouvelle république russe qui teste la « thérapie de choc » : un virage brutal au capitalisme sauvage, sans phase transitoire. La série se poursuit chronologiquement avec tact, et se termine en 1999 lors de l’émergence d’un officier du renseignement, du nom de Vladimir Poutine. 

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