Le 26 octobre dernier se déroulait à la Place des Arts le 36e Gala de l’ADISQ, présenté par Ici Radio-Canada. Malgré les nombreux prix décernés et l’hommage à Michel Louvain, ce qui aura surtout attiré l’attention sont les remerciements de certains artistes allant chercher leur trophée sur la scène de la Salle Wilfrid-Laurier. Certains sortaient de l’ordinaire, tandis que d’autres récipiendaires ont dû essuyer la critique au lendemain du gala honorant les artistes de l’industrie québécoise de la musique.
par Karyn Brown
Alex Nevsky, trois fois récipiendaires, incluant Interprète de l’année et Chanson pop de l’année, a semblé manquer de mots pour s’exprimer, tout comme Klô Pelgag, révélation de l’année, qui a certes surpris plusieurs personnes avec son témoignage. Deux artistes qui ont bien fait jaser la communauté médiatique le jour suivant. Richard Therrien, chroniqueur au journal Le Soleil, allait jusqu’à dire que les remerciements « étaient particulièrement ennuyants et mal foutus. À croire que nos artistes ne sont plus capables de remercier convenablement ». Faisons le point.
Des remerciements ; c’est ennuyeux, c’est long, c’est redondant. Que ce soit ceux des Oscars, des Grammys ou de n’importe quel autre gala, le résultat est le même. D’un côté, les remerciements de tous les artisans de la chanson québécoise portent vers une certaine reconnaissance par rapport à la société québécoise, même si celle-ci se dit distincte, mais plus que jamais convertie au rythme de la grande chanson américaine. Who cares qu’est-ce que les artistes peuvent bien vouloir partager au travers de leurs remerciements. C’est leur tribune, leur moment où toutes les émotions vécues sur la route de la reconnaissance convergent vers les trente secondes accordées pour témoigner de leur gratitude envers ceux qui ont su croire en eux. Ces artistes, eux, ne la savent pas à l’avance, la date à laquelle ils recevront leur diplôme. Même que pour plusieurs d’entre eux, cette journée n’arrivera probablement jamais. Ils sillonnent les routes québécoises dans l’espoir que leur art ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Alors pourquoi autant de cynisme et de critiques envers des remerciements qui sortent assurément de l’ordinaire ?
De l’autre côté, on veut du divertissement, on veut de la nouveauté, on veut rire. Mais de grâce, chers gagnants, ne remerciez que votre mère Louise, votre père Gaston et votre gérant Gino, versez une petite larme et retournez vous asseoir! Lire un petit bout de papier contenant des remerciements prémâchés n’est-il pas une façon d’effacer toute spontanéité et toutes émotions vives après une victoire à l’arraché?
Je ne vous cacherai pas que les remerciements de Klô Pelgag étaient pour du moins extravaganza! Ce n’est certainement pas Marie-Mai ou Sergie Fiori qui auraient remercié leurs parents d’avoir fait l’amour ou qui auraient mentionné une anecdote contenant un lancer de sauce brune St-Hubert sur leur équipe. La révélation de l’année aura toujours le mérite de ne pas s’être tranquillement endormie dans le moule conventionnel du politically correct. Intègre dans sa différence, elle est montée sur scène afin d’aller chercher un prix très important et très significatif pour la nouvelle génération musicale. Au lendemain de sa victoire, elle a tout de même avoué sa nervosité en précisant qu’elle aurait eu autre chose à partager.
Bref, cela fait du bien de voir que ce n’est pas seulement un humoriste – Louis-Josée Houde, avec sa performance remarquable comme à l’habitude – qui a mis de la vie à ce 36e gala de l’industrie musicale québécoise.