Par Benjamin Le Bonniec
« Sherbrooklyn », c’était il y a maintenant quatre mois. Vous terminez deuxième au concours, mais entre nous, beaucoup de gens vous voyaient l’emporter. Avec le recul, qu’est-ce que ça a changé pour vous d’avoir une telle reconnaissance de la part du public sherbrookois?
Honnêtement, « Sherbrooklyn » on peut qualifier ça d’un « coup de pied au cul ». C’est un événement qui nous a tout d’abord donné confiance en ce que nous faisions et qui nous pousse à prendre ce projet où on a bien du fun pour l’emmener à un autre niveau. « Sherbrooklyn », ça nous a aussi donné des contacts, de la crédibilité et des portes qui s’ouvrent plus facilement!
Vous « bossez » depuis quelque temps avec une société de production, District 7 Production, menée par Karl-Emmanuel Picard. Qu’est-ce que ça vous apporte un tel partenariat?
Karl, c’est un bon partner pour les shows, et le fait qu’il nous ait approchés nous a donné de très belles opportunités. C’est un gars de projet qui aime bien promouvoir des groupes de la relève. Il book fréquemment des concerts rock et lorsqu’il veut emmener des artistes en Estrie, il nous a en tête parce que chaque fois, ça fait des méchants beaux partys. C’est ce qui s’est produit lorsque nous avions fait la première partie de The Damn Truth. C’était malade!
Vous avez multiplié les spectacles à Sherbrooke, mais aussi à Québec ces derniers temps, notamment votre dernier en première partie de Caravane devant près de 200 personnes. Sortir de Sherbrooke, ça doit être une belle expérience. Quels ont été les retours de ces deux dates à Québec ?
On adore jouer à Sherbrooke, mais sortir de chez soi c’est tellement enrichissant. Notre crowd grossit à Sherbrooke, mais à Québec elle commence tout juste, et les feedbacks des gens après nos shows nous motivent de plus en plus. Les gens apprécient notre stock et nous abordent à ce sujet. Bref, c’est toujours un « coup de pied au cul » pour enregistrer un EP ou un album au plus vite.
Hier soir, vous avez été en spectacle au Boquébière, une soirée qui aurait dû se tenir à La petite boîte noire (LPBN). Qu’est-ce que ça vous inspire la disparition d’une telle place pour la vie culturelle sherbrookoise, vous qui faites partie de ces artistes pour lesquels LPBN s’était donné la mission de favoriser l’émergence?
Ces trucs-là, ça ne devrait pas arriver. C’est vraiment triste et historiquement, ça fait au moins deux espaces créatifs laissant place à la musique émergente qui disparaissent à Sherbrooke. On se souvient du Téléphone rouge qui a su accueillir beaucoup d’artistes et faire des concerts de qualité. Des artistes comme Karkwa, Malajube, les Brestfeeders, Beast, We Are Wolves… Ils ont tous joué là dans leur passage à Sherbrooke avant de s’attaquer à de plus grandes scènes. Même chose pour LPBN… Ces gars-là, c’est des mélomanes, des passionnés, comme nous le sommes et comme nous voulons que notre musique le dégage… C’est triste et on espère qu’ils se relèveront rapidement.
Et pour ce spectacle d’hier, c’était un peu un retour aux sources devant votre public dans un bar que vous connaissez bien. Je sais que vous trainez vos gonds souvent là-bas, c’est ce qu’on m’a dit !
En fait, le Boquébière est l’endroit où nous avons fait notre tout premier show! Ça fait un petit moment qu’on n’y est pas allés en tant que musiciens. Revenir au Boq, c’est vrai que c’est revenir aux sources, mais avec un set up pas mal changé depuis les rénovations! Dans le fond… rejouer au Boq, c’est comme revenir avec son ex… qui s’est fait refaire les seins.
Et après, quels sont les plans? Un EP en vue? Un vidéoclip? Montréal bientôt?
Toutes ces réponses! Un EP au plus vite, ça va nous aider grandement à progresser là-dedans. Il faut savoir qu’on est très chanceux jusqu’à présent, puisque tous ces shows bookés l’ont été par bouche à oreilles puisqu’on n’a pas beaucoup de matériel représentatif de ce qu’on fait… On attend, les gens nous abordent, on dit oui, on dit non. Avec un EP, on va être plus proactifs et c’est une belle carte de visite. Notre approche est nulle un peu en ce moment! C’est comme si on était une chick accotée au bar et qu’on attendait qu’un gars vienne nous aborder… quelques one nights qu’on se fait proposer. Mais là, avec un EP, c’est nous qui allons être sur la cruise pour se trouver des bons shows! À Montréal, pourquoi pas! Puis un vidéoclip, certainement en même temps que nous lancerons ce EP. On a gagné ça aussi avec Sherbrooklyn.
Parlons musique maintenant! Avec une guitare pleine d’effets, une grosse ligne de basse avec un drum vivant et énergétique, vous délivrez un rock puissant qui vous est propre, tout ça avec la voix de Rico qui s’ajuste admirablement là-dessus. Le son que vous produisez vient-il d’influences communes ou c’est plutôt chacun qui met sa petite touche et qui donne ce son si particulier à Mojo?
C’est assez varié et les sources sont multiples. C’est certain par contre qu’il y a une trame de fond de blues-rock-psychédélique des années 60-70 qui nous influence grandement. Internet déborde d’artistes de cette époque méconnus qui sont tous passés dans l’ombre de Led Zep, Pink Floyd, etc. On a chacun des goûts spécifiques et variés, c’est certain, mais avec tout ça, c’est comme si dans nos « compos » on tirait chacun la couverte de notre bord, et au final, on finit bien abriés!
D’ailleurs, la formation initiale du groupe a évolué, vous avez intégré Max comme nouveau batteur, qu’est-ce que ça a changé pour vous?
C’est certain que c’est venu changer des choses. Nécessairement, l’énergie que Max est venu mettre dans nos compositions nous a fait revoir notre façon d’aborder nos tounes. D’ailleurs, Max était présent à presque la totalité de nos shows dans le passé, donc ce n’est pas une surprise pour lui la vibe du band et on le connaissait bien. C’est un perfect match actuellement et on trip fort !