Mea Culpa : je n’avais jamais vu un film de Denys Arcand avant celui-ci. Grand cinéaste du 7e art québécois, réalisateur et auteur de plusieurs grands films comme Les Invasions Barbares, Jésus de Montréal et Le déclin de l’empire américain, il nous arrive avec son nouveau film, Le règne de la beauté, que j’ai vécu comme une blind date ratée.
Simon-Pierre Gagnon
Alors que Luc est de passage à Paris pour se faire honorer pour sa carrière d’architecte, il croise Lindsay, une femme avec qui il avait eu une aventure plusieurs années plus tôt. Il se remémore donc la vie qu’il avait à l’époque à travers souper entre amis, discussions profondes et parties de tennis, alors qu’il vivait dans les montagnes avec sa femme Stéphanie, pour qui la vie devient de plus en plus noire.
Jusqu’ici, on n’a pas réinventé la roue. Et on ne la réinventera pas non plus.
Ma date n’a pas été aussi agréable que je l’aurais cru. Comme le titre l’indique, la beauté est le thème clé de ce film… Non pas qu’il en parle plus qu’il faut, mais le film m’a donné l’impression qu’une matante me montrait ses photos de voyage en me disant « C’est beau, hein? HEIN?! » Ce fut une frustration encore plus forte de constater à chaque plan que, par le plus grand des hasards, les personnages se retrouvaient devant LA fenêtre avec LE décor parfait. La beauté est dans les petites choses, pas besoin de me la rentrer avec de la vaseline dans le fond de la gorge.
Et que font-ils ces personnages? Ils parlent… toujours. Je me doute que ça fait partie du style de Denys Arcand, mais est-ce que je suis obligé de passer à travers autant d’opinions pour en arriver finalement à faire avancer le récit ? Ou même pas du tout en fait : le film compte son lot de discussions inutiles et aurait pu aisément tenir sur un clip de 5 minutes sur Youtube. En plus de la beauté, j’ai eu l’impression de me faire entrer de force une multitude de jugements et de messages… J’avais mal à la gorge, c’est peu dire.
Qui plus est, cette jeune trentaine bourgeoise qu’il nous dépeint est si pénible à regarder. Ils sont tous si froids et stupides : quand l’un dit à son ami « J’ai trompé ma femme », il lui rétorque « C’est des choses qui arrivent. » Quand leur amie est CLAIREMENT en train de sombrer dans la folie, ils continuent de critiquer la consistance du pot qu’ils font pousser dans la grange et réagissent seulement deux mois plus tard. Un moment, je me suis dit que ça devait être voulu… pourtant, il semble tellement vouloir qu’on les aime finalement. Le film sonne si vide que je n’ai point cherché à comprendre davantage.
Cela dit, la femme qui sombre dans la folie est sans aucun doute la plus saine de la bande.
Bref, si le pénis d’Éric Bruneau, qui assure ici une prestation assez remarquable, est un argument assez fort pour vous faire acheter un billet, je ne vous arrête pas. Sinon, attendez que le DVD sorte : vous pourrez mettre sur pause au moins.
2/7