Par Daphné Auger
Dans la petite salle du Salésien de Sherbrooke, environ 75 personnes se sont donné rendez-vous le 23 novembre dernier pour une soirée électrisante en compagnie d’Émile Bilodeau, pour la cause de David Suzuki. L’énergie de la salle a prouvé que la population du Québec (et particulièrement celle de Sherbrooke!) est prête à renouer avec ses artistes, dans une atmosphère qui respire une certaine normalité.
Jeune Sherbrookois d’adoption, Louis Lussier est originaire de Saint-Bruno de Montarville. Déjà sur la scène depuis quelques années dans le groupe rap La Collection, il se lance en solo en 2018 sous le nom Aswell, mais ce n’est que cette année que son premier microalbum de six chansons parait.
Première partie surprise : Aswell
Mélangeant des sonorités hip-hop et trap, Aswell nous rappelle un peu la musique de Loud, en version moins pop. On sent l’intensité dans sa prestation, l’artiste essoufflé tombant presque dans le rap Eminem par moment. Ses rimes intéressantes, bien que débutantes par endroit, sont teintées d’éléments caractéristiques de sa génération, comme le bilinguisme et la connexion constante aux réseaux sociaux.
Sa « fanbase » ratisse large : plus de 3 millions d’écoutes sur Spotify pour son succès « Leaving ». Une foule de cégépiens, de cégépiennes et de jeunes universitaires s’amasse à ses pieds devant la scène. Les gens chantent ses paroles et connaissent son répertoire. On sent l’engouement dans la salle. Agréable surprise d’une trentaine de minutes avant le programme principal de la soirée, Émile Bilodeau.
Émile Bilodeau et son énergie sans fin
Émile Bilodeau dégage une tout autre énergie : confiance, maturité, plénitude. On sent que cet artiste révélé en 2016 est déjà bien accompli. Ses textes engagés, rappelant vaguement ceux des Cowboys Fringants, tout en étant particulièrement comiques nous indiquent clairement ses préoccupations et ses appartenances. D’ailleurs, Émile Bilodeau ne s’est pas gêné pour applaudir l’élection de Québec Solidaire à Sherbrooke. Cette remarque fut accueillie d’un tonnerre d’applaudissements.
Véritable bête de scène, au même titre que Jean Leloup, ce Longueuillois d’origine donne une prestation enlevante, qui donne entièrement le goût de s’abandonner à la musique, au chant et à la danse. Ses mimiques et expressions faciales rappellent celles de Jacques Brel, et l’amas de gens masqués condensé à ses pieds n’a pu s’empêcher de lui refléter cette intensité.
Une soirée électrique
À l’instar de bien des artistes solos, Émile Bilodeau ne serait rien sans l’accompagnement de ses musiciennes et musiciens, avec lesquels il entretient une complicité éloquente. Il leur accorde la place qu’iels méritent, les laissant improviser des solos à plusieurs reprises durant le spectacle.
Ayant déjà trois albums à son actif, Émile Bilodeau a varié les pièces, donnant à son public l’occasion de découvrir ses nouvelles chansons (Petite nature, septembre 2021), tout en ne négligeant pas les classiques qui l’ont rendu si populaire auprès de la génération Z (Rites de passage, 2016 et Grandeur nature, 2019). La soirée se termine d’ailleurs sur une incroyable montée avec la populaire chanson « Ça va », où l’entièreté de l’auditoire chantait à l’unisson.
Photo gracieuseté d\’Émile Bilodeau