Des voix singulières

Ce qui est particulièrement frappant dans la lecture du recueil Porte-voix, c’est comment chacun des auteurs est parvenu à délaisser sa plume habituelle. Ce n’est pas leur imagination ni leur sujet d’écriture qui étaient requis dans ce projet, mais leur capacité à se projeter dans un corps qui n’est pas le leur, à vivre la vie d’une autre personne. Ce recueil n’est pas un ensemble de voix portées par des écrivains. Les voix ne sont seulement qu’empruntées aux apprenants durant la courte durée d’un texte.

Anthony Lacroix
Raconter, les apprenants le savent déjà. Partager leur histoire, ils ont dû le faire des millions de fois déjà. Ce que le projet de ce recueil a réellement permis, c’est de nombreuses rencontres, parfois difficiles, parfois avortées, avec des Sherbrookois aux cultures diverses.
C’est pour cette raison qu’il était défendu de raconter leur culture dans des mots qui ne sont pas les leurs. Un couscous n’est plus un couscous, mais un Attiéké. C’est important, on ne peut pas raconter la vie d’une autre personne n’importe comment, elle doit s’y reconnaitre.
Le recueil ne doit pas être lu d’une couverture à l’autre, comme le bilan d’histoires douloureuses, mais lu à haute voix tandis qu’un membre de notre famille, un ami ou notre conjoint cuisine. Il faut que l’odeur des épices et le grésillement de la cuisson se joignent aux mots et aux histoires.
Les multiples mains blanches et noires sont jointes, non pas pour former un porte-voix, mais pour écrire, alliant mots et tournures pour former un texte métissé entre deux mondes, voire deux continents.

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