Suite directe ou simple spin-off, Anabelle avait une lourde commande. En tant que film qui s’inspirait de l’univers du délicieux The Conjuring, les amateurs d’horreur étaient en droit de s’attendre à un univers travaillé, à des personnages convaincants, à un scénario bien ficelé… Malheureusement, la commande est arrivée tardivement, et on aura donc droit à du réchauffé.
Par Alexandre Blanchard
La prémisse du film est d’ailleurs un bon exemple de simplicité très banale. John Form (Ward Horton), à l’occasion de la naissance proche de leur poupon, offre à sa femme Mia (Annabelle Wallis) une poupée de collection. Il s’agit évidemment d’Anabelle.
Alors que la vie se déroule bien, le couple se fait agresser dans sa résidence par la fille des voisins qui fait partie d’une secte satanique. Peu de temps après, des événements étranges se produisent dans la maison.
Le film s’ouvre sur une scène présente dans The Conjuring. Bien que totalement inutile, elle nous permet de faire le lien d’un film à l’autre (comme si ce n’était pas déjà assez implicite). Ces constants rappels au film antérieur ne font qu’exacerber les erreurs et les faiblesses de celui-ci.
D’ailleurs, ce qui clash le plus, c’est certainement la construction plus que faiblarde des personnages, autant dans leurs dialogues que dans leurs actions. La piètre performance des acteurs ne fait qu’attiser ce ressenti. On assiste souvent dans le genre d’horreur au stéréotype du personnage stupide : Anabelle semble remporter la palme dans cette catégorie. À un certain point, on décroche tellement les actions des protagonistes semblent farfelues et irréfléchies.
Le scénario déficient souffre d’un rythme hachuré et fait perdre la visée du film : nous horrifier. Le film contient une pléthore de scènes en plein jour, où l’aspect inquiétant devient caduc, ce qui rend l’immersion impossible. Les moments de tensions sont épars et isolés. Cette alternance tension/repos aurait pu être bonne si les moments de tensions avaient été prédominants, ce qui est plutôt le contraire.
Question de nuire encore au scénario, on retrouve dans le long-métrage de 98 minutes tous les clichés du genre : le personnage principal qui se fait passer pour une folle, car personne ne la croit; l’utilisation de méthodes rationnelles, comme l’aide des policiers, qui ne mène nulle part; la visite à la librairie dans le but de dénicher des livres occultes et trouver la cause du malheur, et j’en passe. En parsemant le tout de jump scares infectes et excessivement prévisibles, on a le droit à du déjà vu à la puissance mille.
L’œuvre va néanmoins chercher quelques points pour son côté esthétique qui est somme toute assez réussi. Le réalisateur John Robert Leonetti, directeur de la photographie des deux Insidious et de The Conjuring justement, a réussi son pari en ce qui concerne l’aspect visuel du film. Les multiples prises de vue de la poupée Anabelle sont impressionnantes et instillent la peur dans l’âme. Cette dernière subit d’ailleurs une progression esthétique intéressante tout au long du film. L’ambiance et la tension sont à leur paroxysme lorsque la lentille est fixée sur le regard vide et démoniaque du jouet maléfique.
Ajoutons au tout de la musique clichée, des redondances dans les péripéties, des anachronismes grinçants, des incohérences flagrantes dans le récit et on obtient un film d’horreur des plus banals. Loin d’être mauvais, le film n’a cependant rien pour se démarquer des autres du genre et laisse à l’amateur un goût amer.
3.5/7