Une semaine dans la peau d’un végétarien

Par Gabrielle Lapierre

Une semaine sans viande correspond, pour certains, à sept jours de salade verte. Détrompez-vous! Les étudiants de l’Association des étudiants en environnement de l’Université de Sherbrooke (AMEUS) ont fait le test à la fin du mois de mars. Les résultats ont été surprenants!

La diète végétarienne est de plus en plus populaire et on ne peut ignorer ses bienfaits. Il est de plus en plus évident que la consommation de viande en grande quantité, comme c’est souvent le cas dans les ménages de l’Amérique du Nord, nuit à l’environnement, à la santé et exacerbe les déséquilibres alimentaires de la planète.

C’est pour ces raisons que l’AMEUS a décidé de mettre ses membres au défi : ne pas consommer de viande pour une durée de sept jours.

Une initiative positive

Ceux d’entre vous qui ont des amis végétariens un peu trop enthousiastes connaissent déjà bien la chanson. « Ton alimentation cause de la souffrance animale! », « Tu contribues à la destruction de la planète! », « Pourquoi manges-tu du porc si tu refuses de manger ton chat?? » (Oui, j’ai déjà entendu la question)

La plupart du temps, les moyens de sensibilisation sur la diète végétarienne sont agressifs, négatifs et parfois même déplacés. Dans bien des cas, cette tactique n’est pas efficace et peut entrainer des conflits difficiles à surmonter. C’est pourquoi Laurence Bonin, coordonnatrice en sensibilisation à l’environnement et au développement durable de l’Association a décidé de faire du défi une vitrine d’information positive pour encourager les étudiants à participer.

L’environnement à cœur

La consommation de viande en grande quantité nuit effectivement énormément à la planète. Un seul kilogramme de viande demande entre 10 000 et 15 000 litres d’eau à produire, contre 1300 litres pour des céréales de pain. En réduisant notre consommation de viande, on contribue à préserver l’or bleu de la planète.

L’espace alloué à l’élevage dans le monde est une source de discorde dans le domaine de la nutrition. Le fait est que l’espace nécessaire pour la production de viande est grotesque par rapport à son rendement. En remplaçant une partie des terres d’élevage par des terres agricoles destinées à la consommation humaine, il serait possible de diminuer les problèmes de famine dont souffrent plusieurs pays.

La production de viande donne aussi un bilan négatif en ce qui a trait à l’émanation de gaz à effet de serre, à l’utilisation de pesticides et aux rejets de contaminant dans l’environnement. Selon un calcul rudimentaire effectué par une des participantes, la semaine sans viande de l’AMEUS a prévenu la relâche de six tonnes de CO2. Imaginez les impacts qu’une telle initiative pourrait avoir à plus long terme!

La santé avant tout

Au Québec, l’élevage de bétail implique souvent l’utilisation d’hormones et d’antibiotiques. Devinez où toutes ces substances se retrouvent? Dans votre corps! Ces antibiotiques servent souvent à aider la croissance des animaux. Résultat? Les bactéries pathogènes qui infectent autant les animaux que les humains deviennent de plus en plus résistantes aux traitements antibiotiques. Grâce à la chaîne alimentaire, ces bactéries se retrouvent dans votre organisme et lorsque vous développez une infection, il est plus difficile de la traiter.

L’utilisation d’hormones de croissance chez le bétail a des effets tout aussi dévastateurs. Saviez-vous qu’il est interdit de donner ces substances aux animaux destinés à la consommation en France? Comme les antibiotiques, les hormones de croissance se retrouvent dans l’organisme humain et peuvent causer toute sorte de déséquilibres, notamment l’arrivée précoce de la puberté.

Photos compromettantes

Cette semaine sans viande a permis à tous les membres de la communauté de la maîtrise en environnement d’en apprendre plus sur leurs collègues. Les organisateurs ont effectivement eu la brillante idée de s‘associer avec l’ÉcoloBoutique et l’épicerie le Silo pour encourager les membres à participer. Les règles étaient simples : partager une photo des plats cuisinés accompagnés de la recette sur le groupe Facebook de l’événement. Quiconque mettait au moins une photo des plats végétariens cuisinés courait la chance de gagner un des trois chèques cadeaux pour un de ces magasins.

Résultat? Entre vingt et cinquante photos par jours de plats inventifs concoctés au meilleur de nos connaissances! Une chose à retenir? Une omelette de pesto et de fromage de chèvre, ça a beau être très très bon, ça ne donne pas les photos les plus appétissantes!

Tisser des liens

Non seulement les étudiants ont participé en grand nombre à l’événement, même nos carnivores réputés se sont lancés dans la danse. Nos compatriotes déjà végétariens ont, pour se donner un défi, réalisé une semaine végétalienne. L’engouement des uns et l’incertitude des autres ont favorisé les interactions sociales au sein de l’Association. « Arrête d’afficher des photos à minuit, ça donne faim! », « Montre-moi comment cuisiner ça! »

La semaine sans viande a effectivement animé les interactions sociales de la semaine. Que ce soit grâce à une recette intéressante, à une photo montrant un plat qui a l’air absolument horrible ou en lien avec le nombre de notifications Facebook faisant saliver, on peut conclure que l’événement a été amusant et rapprochant. Le tofu général tao de Ricardo est désormais un must dans les repas-partage de l’Association!

Pour une expérience enrichissante, cocasse et amusante, encouragez votre association à organiser une semaine sans viande!


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