Ne plus croire en la théologie

Campus-Felix Morin-Ne plus croire en la theologie-31 mars 2015-credit La presseDans le dernier numéro, je faisais humblement la critique de la fermeture de la Faculté de théologie et d’études religieuses de l’Université de Sherbrooke. À mes yeux, cette fermeture était, et est encore aujourd’hui, un signe de la dérive marchande de l’Université et de la mort prochaine de l’enseignement des humanités. Or, tout de même, je prévoyais que le programme allait perdurer malgré tout et que les dégâts s’arrêtaient au transfert de ce programme du statut de « Faculté » à celui de « Département ». Je me suis totalement trompé. En fait, il y aura un transfert dans une faculté… mais temporaire.

Par Félix Morin

Telle a été ma surprise lorsque j’ai reçu les réponses à mes questions de Rachel Genest, présidente de l’Association des étudiants de la Faculté de théologie et d’études religieuses (AEFATER) et étudiante à la maîtrise en études du religieux contemporain. En effet, la fermeture sera complète. Les étudiants qui sont engagés dans des programmes du premier au troisième cycle seront placés dans un centre, rattaché à la Faculté de droit, en « études du religieux contemporain » qui ouvrira ses portes en septembre prochain. Les programmes de premier cycle ne seront pas reconductibles dans ce centre. En somme, seulement les étudiants qui étudient présentement pourront avoir accès à ces cours. Dès qu’ils auront terminé, il n’y aura plus de premier cycle en théologie à l’Université de Sherbrooke. Comme le disait si bien Rachel Genest, « c’est probablement la fin de la transmission de ce savoir fondamental à l’Université de Sherbrooke ».

Ne plus avoir sa place…

Cette faculté n’aura pas eu la chance de survivre. L’Université, par cette fermeture, affirme que, pour des raisons monétaires, la faculté n’a pas sa place sur le campus. Mais est-ce que d’autres solutions étaient possibles? Logique comptable oblige, est-ce qu’il y avait une manière d’éviter cela? Madame Genest propose, pour consolider le nombre d’étudiants au département, de rendre plus facile la prise de cours de ce programme par des étudiants des autres facultés. Cela permettrait de faire de l’interdisciplinarité entre les différents programmes, d’ouvrir davantage l’esprit des étudiants et de garder ce programme qui était au cœur de l’idée de l’Université.

Triste de voir qu’il ne nous reste même pas l’espoir. Pour les étudiants de cette faculté, c’est le comble de la désorientation. Déjà que ce programme n’est pas celui qui offre à première vue le plus de possibilités de placement sur le marché de l’emploi, on ajoute une couche d’anxiété à ces étudiants. Je n’irai pas dans les détails, mais pour des étudiants qui sortent du doctorat, par exemple, il s’agit d’un endroit de moins où enseigner ou faire de la recherche, et ainsi de suite pour les autres.

Comment être positif? Je me dis que, à chaque décision, les masques tombent et nous voyons les individus avec l’éclairage naturel. Mais les programmes risquent de tomber aussi entre temps. Les savoirs risquent de disparaître. Tous les savoirs ne sont pas rentables, mais il y a des moments où l’idée de « plus-value » doit prendre sa juste place. Les marchands sont dans le temple et je crois que, cette fois-ci, la reconstruction de celui-ci prendra plus de trois jours. Le chemin sera long, le printemps est là.

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