Par Emma Vacquier
L’Université de Sherbrooke est connue pour son implication dans la cause environnementale. Elle dispose de ses propres installations de traitement des matières résiduelles au sein même du campus. L’Université a également arrêté de vendre des bouteilles d’eau et n’utilise que du papier recyclé et de la vaisselle compostable à la cafétéria. Tous ces efforts ont permis à l’UdeS de se hisser au premier rang des universités canadiennes en matière de développement durable et au neuvième rang des universités mondiales en termes d’écologie. La communauté étudiante contribue continuellement à cet effort au sein de l’Université, mais sortis de l’école, que peut-on faire pour réduire notre impact ?
Le Collectif a posé la question à plusieurs étudiants du Campus principal de l’Université de Sherbrooke : Arthur, 22 ans, étudiant en informatique dans le département des sciences, Marie, 21 ans, étudiante en environnement dans le département des sciences et Rosalie, 22 ans, étudiante en relations internationales dans le département des lettres et sciences humaines.
Les repas et la cuisine
ROSALIE : « Un tissu absorbant réutilisable équivaut à dix-sept rouleaux d’essuie-tout avant de devoir être remplacé. Moi, j’utilise ceux de la marque KLIIN : ils sont fabriqués sur la Rive-Sud de Montréal. Pour conserver mes légumes, j’ai fabriqué mes propres wraps avec un tissu de coton et de la cire d’abeille, c’est super efficace et complètement biodégradable. Quand, avec mon chum, on a commencé à avoir le compost et qu’on faisait attention à ce qu’on achetait à l’épicerie, et qu’on a vu qu’on ne faisait plus qu’un sac de déchets ménagers toutes les trois semaines, on s’applaudissait. Sinon, j’essaie vraiment de réduire la viande et de privilégier les légumineuses, si je peux, je ne mange pas de viande plus d’une fois par semaine. Je mange des oeufs et beaucoup de légumes, il suffit de trouver des alternatives à ce que tu mangeais déjà. »
ARTHUR : « Je suis végétarien. Si j’ai le choix entre un produit à végétal ou animal, je fais toujours le choix de l’alternative végétale. Par exemple, je bois du lait végétal de riz et j’achète de la crème de soya. Je pense que la pollution liée à l’exploitation animale est une des causes majeures de la crise écologique dont on ne parle presque jamais, le débat est déplacé. Dans ma colocation, on trie nos déchets au maximum. Par exemple nous avons un énorme stock de canettes et de bouteilles en verre que nous accumulons afin d’aller récupérer leur consigne, c’est une incitation à l’écologie. »
MARIE : « Je suis flexitarienne, je ne mange quasiment pas de viande ni de poisson, je n’en achète pas. Les seuls moments où j’en mange, c’est quand je suis avec ma famille. D’ailleurs, c’est assez mal vu de ne pas manger de viande, c’est culturel, je viens du Sud-Ouest de la France. Je bois surtout du lait végétal, du lait d’amandes, mais je pense changer car la production d’amandes demande beaucoup d’eau. C’est controversé. Par exemple, le soya favorise les monocultures en Amérique du Sud, ce qui est assez mauvais pour la biodiversité. »
Le magasinage
ROSALIE : « Lorsque je vais au supermarché, j’ai un orgueil incroyable, si j’ai oublié de prendre mes sacs réutilisables : c’est tant pis, je prends tout dans mes bras. J’ai décidé de ne plus acheter tous les aliments qui sont emballés avec des emballages non recyclables. Avec mon chum, on vérifie tout le temps si le contenant est bien recyclable. »
ARTHUR : « Lorsque que je suis allé au marché Prospect dans le Vieux-Nord de Sherbrooke, j’ai acheté des petits sacs réutilisables pour les légumes. En plus, c’est un marché qui vend beaucoup de légumes produits localement. Pour cet hiver, j’ai acheté un manteau qu’on pourrait qualifier de végan : il ne contient aucun composé d’origine animale, ni vraie fourrure, ni cuir, ni doublure en plume.”
MARIE : « Je n’ai pas de petits sacs réutilisables pour les légumes, mais quand je vais à l’épicerie, je ne prends pas de sacs en plastique pour mes légumes, je les mets directement dans mon panier et dans mon sac à dos pour rentrer chez moi. »
La salle de bain
ROSALIE : « Au niveau de mon hygiène, je fabrique mon propre déodorant avec un mélange d’huiles et de bicarbonate, j’essaie encore de trouver la composition parfaite pour qu’il soit aussi efficace qu’un déodorant acheté dans le commerce. Ensuite, j’ai la Diva Cup pour mes menstruations, c’est zéro fuites et zéro déchet, c’est vraiment incroyable. Pour me démaquiller, j’ai des cotons réutilisables en fibre de bambou, ma brosse à dents est aussi en bambou et complètement biodégradable. »
MARIE : « Je ne me maquille pas beaucoup mais, si j’ai besoin de me démaquiller, j’ai des cotons réutilisables que j’ai acheté à Sherbrooke. »
ARTHUR : « Je fais de petits efforts, comme couper l’eau quand je me brosse les dents ou prendre des douches assez courtes. J’ai conscience que les petites habitudes de chacun peuvent faire la différence. »
Et après ?
ROSALIE : « Le prochain défi, ça va être de faire nos produits ménagers. J’ai vu une recette qui dit qu’il suffit de conserver ses pelures de lime, d’orange, de citron et de les faire tremper dans un bol avec de l’eau, du vinaigre et du bicarbonate de soude pour faire un nettoyant multi-usage. »
MARIE : « Une fois que je serai installée à un endroit fixe, je veux adopter un mode de vie le plus proche possible du zéro déchet, en achetant en vrac et en faisant le plus de choses possible moi-même. »
ARTHUR ; « Je souhaite devenir le plus minimaliste possible, ça vient de mon éducation, je veux vraiment posséder uniquement le nécessaire, ne pas accumuler et ne pas consommer si ce n’est pas nécessaire. »
Le mot de la fin
MARIE : « Certaines personnes visent la sobriété. Par exemple, au lieu de vouloir un cadeau matériel qui va nous faire plaisir sur le moment mais qui va finir par nous encombrer, il est possible de choisir un cadeau qui se vit, un souvenir. »
ARTHUR : « Le système de croissance dans lequel nous vivons est peu compatible avec l’écologie. On arrive à un stade où on vit déjà très bien et où la croissance n’est pas nécessaire. Il faut sensibiliser à la décroissance. Nous sommes une des premières générations qui a réellement conscience du problème environnemental, c’est à nous de transmettre de nouvelles habitudes aux futures générations ».
L’implication de notre génération est croissante et palpable. En effet, les efforts individuels de changements de mode de consommation et de vie se sont intensifiés avec l’urgence climatique. Les étudiants d’aujourd’hui sont des acteurs importants du changement de demain et les témoignages ci-dessus donnent des idées de changements quotidiens à la portée de tous.