L’éducation passe par la langue (III)

Pédagogie. « [C]’est l’art d’enseigner ou les méthodes d’enseignement propres à une discipline, à une matière, à un ordre d’enseignement, à un établissement d’enseignement ou à une philosophie de l’éducation. »

Par Emanuelle Boutin

Le concept est né en en même temps que la première chaire d’enseignement en 1770. Désormais, il faut adapter les méthodes à l’enfant et non pas l’inverse. Alors cette pédagogie, elle en est où? Les méthodes ont été révisées. Constat général : c’est de plus en plus difficile de répertorier, d’identifier les connaissances que possèdent les jeunes à l’issu de leurs années d’études obligatoires.

Chaque pays est différent

Même si l’UNESCO fixe des objectifs communs reliés à l’éducation, chaque pays gère l’éducation comme il l’entend. Au Canada, il s’agit d’une compétence provinciale. Par exemple, l’élève québécois moyen ne terminera pas ses classes avec les mêmes acquis que son voisin ontarien. L’Européen aura une meilleure connaissance historique des différentes révolutions et de l’interdépendance des différents pays européens, alors que les Canadiens en sauront plus sur la période de colonisation et les Américains en apprendront davantage sur la construction de leur indépendance.

Alors qu’on parlait de mondialisation des connaissances au niveau supérieur, de mobilité des étudiants, ne serait-il pas plausible de concevoir un nouveau programme d’enseignement commun, global? Un programme où l’« interculturalisme » serait intégré à l’éducation des enfants, dès leur plus jeune âge. Un programme qui permettrait de comprendre et de respecter l’autre et ses différences. Un programme qui guiderait l’être humain afin d’être un meilleur citoyen dans cette mer d’opinions, de coutumes et de savoirs.

Des changements au Québec?

Il est vrai que nos lointains voisins européens sont certainement plus souvent invités à la rencontre de l’autre. Il en demeure qu’au Québec, encore plus près, ici, à Sherbrooke, différentes communautés – libanaises, serbes ou vietnamiennes, pour n’en nommer que quelques-unes – s’installent et essaient de s’adapter aux coutumes canadiennes et québécoises. Qu’en est-il toutefois de ceux qui les accueillent? Que fait le Québec pour ces enfants qui doivent apprendre une langue étrangère en plus du fonctionnement d’une société différente, de valeurs changées, de repères disparus? Qu’est-ce que l’éducation fait pour ces enfants, qu’ils soient étrangers ou non, pour permettre une meilleure adaptation?

Au Québec, les écoles pourraient commencer par l’enseignement de langues étrangères. La langue est un important vecteur par lequel se transmettent la culture et les valeurs d’une nation. Pourquoi craindre la stupidité des élèves en bas âge alors qu’en Europe, le système éducationnel croit en eux et invite rapidement les enfants à s’approprier plusieurs langues – à tout le moins une deuxième et souvent une troisième langue? En effet, pas moins de 53 % des Européens parlent au moins une langue étrangère – principalement l’anglais par 41 %, le français par 19 %, l’allemand par 10 %, l’espagnol par 6 % et l’italien par 3 %.

Il faut leur concéder ce point : ils côtoient l’étranger tous les jours, et ce, depuis longtemps. Ici au Québec, la réalité est toute autre. Cette diversification des cultures n’est que très récente et davantage réservée aux métropoles comme Montréal, Québec, Toronto ou Ottawa. Il faut aussi prendre en considération que des générations entières se sont débrouillées en ne parlant que français ou anglais. À cela s’ajoute l’importance de mentionner qu’une grande campagne de protection pour la langue française a été menée il n’y a de cela que quelques années. Concevoir que l’étranger dans toute sa complexité fait désormais partie du quotidien québécois prend un certain temps, mais si on veut offrir aux enfants un environnement favorisant et facilitant les échanges, commençons par la langue.

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