Karine est en couple avec Simon depuis près de quatre ans. Parfois elle se caresse en pensant à des femmes. Une en particulier. Elle n’a pas de nom, mais elle est brune, les yeux verts. Ses seins dessinent de belles courbes sous ses vêtements amples et souples. Karine n’a jamais couché avec cette fille. C’est un fantasme, son fantasme à elle.
Jonathan fréquente Mathieu depuis six mois déjà. Chaque nuit est plus torride l’une que l’autre. Les deux partagent ce même gout pour le sexe. Une fois, pendant un 5 à 7, Jonathan a rencontré cette fille : grande, blonde, yeux couleur noisette. Ils ont discuté. Leurs corps se sont effleurés aussi. L’excitation des deux corps était évidente. Cette nuit-là, Jonathan a couché avec une fille pour la première fois.
Sexualité. Nom féminin. Ensemble des comportements liés aux désirs sexuels. Interprétation large pour un concept qui est réinventé chaque fois qu’il traverse une frontière géographique, temporelle, sociale et culturelle. Si la sexualité est vécue et entrevue de façons si différentes, pourquoi cherchons-nous à catégoriser nos comportements? Pourquoi cherchons-nous à nous identifier comme homosexuel, bisexuel ou hétérosexuel?
La question de l’orientation sexuelle intègre rapidement nos réflexions à l’âge adolescent où nous cherchons à intégrer un groupe social. Se définir, c’est un peu s’intégrer. Ainsi, beaucoup de questions traversent l’esprit. Qu’est-ce qui fait de moi une personne qui préfère tel ou tel sexe? Pourquoi mes préférences sont-elles orientées de cette façon? Devrais-je les refouler? Est-ce que ce sont vraiment mes préférences ou vraisemblablement ce ne sont que des conceptions mentales? Comment puis-je en être certain? Et si je n’avais pas de préférence? Et si je n’avais aucun intérêt pour l’autre? Et si, et si, et si… Ce sont autant de questions qui peuvent se poser, parce que nous sommes inconsciemment à la recherche d’une identité. Cette identité, à quoi sert-elle?
Selon la définition que nous donne le dictionnaire, « [l]’orientation sexuelle et l’identité sexuelle sont des représentations conceptuelles intéressantes pour appréhender la construction individuelle et relationnelle […] » Nous avons donc ce réflexe d’apposer une étiquette à notre sexualité parce qu’elle facilite le rapport que nous entretenons avec les autres. Nous avons ce besoin de nous identifier afin de mieux nous concevoir en tant qu’individus, de nous intégrer aux autres et d’être reconnus par l’autre. En effet, pouvoir identifier le groupe auquel appartient un individu nous permet d’orienter nos interventions, d’ajuster notre discours, d’attendre certaines réponses en retour des messages envoyés. Cette catégorisation existe pour faciliter la communication entre individus et clarifier les échanges entre ces derniers.
Toutefois, catégoriser l’orientation sexuelle mène parfois au jugement, à l’incompréhension, voire au rejet de l’autre. Peut-on dans ce cas-là parler de simplification? Qu’en serait-il si ces catégories n’existaient pas et qu’il était considéré simple d’aimer, de fantasmer, d’embrasser le corps de l’autre, quel qu’il soit?
Pour poursuivre la réflexion sur ce sujet ou simplement pour se retrouver avec des gens qui partagent ces états d’esprit, il existe l’Association des gais et lesbiennes de l’Université de Sherbrooke (AGLEBUS) : www.aglebus.association.usherbrooke.ca. Ils ont un groupe privé sur Facebook qui propose des activités diverses autour de ces thèmes.