Par Jonathan Asselin
Au fil des années et des nouvelles lois, la lutte contre le tabagisme a certainement fait de grands pas. Qu’on pense aux images dégoûtantes qu’on affiche sur les produits du tabac, aux défis comme J’arrête, j’y gagne ou au projet de loi 44 adopté depuis novembre 2015, on ne peut en douter : le tabagisme est de moins en moins à la mode.
Au Québec, Info-tabac estime le nombre de décès causés par le tabagisme à 10 000 par année et le nombre de fumeurs à 1,5 million de personnes, soit à peu près 20 % de la population. La majorité des fumeurs souhaiteraient arrêter cette mauvaise habitude, sans toutefois y parvenir.
Arrêter de fumer la cigarette semble un peu plus accessible depuis l’arrivée de la cigarette électronique. En effet, celle-ci comble l’habitude du fumeur, et peut également lui fournir de la nicotine, pour ainsi totalement remplacer la cigarette. Toutefois, on se rend vite compte que le fumeur continue de fumer. Bien qu’il ne s’agisse pas de tabac, et bien qu’il semble moins nocif de « vapoter », les études ne s’entendent pas sur le sujet.
Du formaldéhyde dans les e-cigarettes?
Selon une étude publiée en janvier 2015 dans le New England Journal of Medecine, le risque de développer un cancer en fumant la cigarette électronique serait entre 5 et 15 fois plus élevé qu’en fumant la cigarette classique. Afin d’en arriver à cette conclusion, les chercheurs disent avoir recueilli et analysé le liquide aérosolisé tiré des e-cigarettes. Selon leurs analyses et leurs conclusions, une personne qui vapoterait 3 ml de liquide par jour inhalerait entre 11 et 18 mg de formaldéhyde, un gaz reconnu comme étant une substance cancérogène pour l’homme. À titre comparatif, on retrouve 3 mg du même gaz dans 20 cigarettes. Vapoter 3 ml par jour reviendrait donc, selon eux, à fumer quatre à six paquets de cigarettes par jour.
Doit-on se fier à cette étude? Elle a déjà été maintes fois critiquée. Selon Gregory Conley, de l’American Vaping Association, cette étude serait grandement biaisée, puisque les chercheurs ont fait leurs tests en augmentant le voltage des cigarettes électroniques à 5.0 V. Il ajoute que, lorsque surchauffées, les cigarettes électroniques produisent un goût désagréable pour les fumeurs, ce serait à ce moment qu’il y aurait formation de formaldéhyde. Les fumeurs éviteraient, selon lui, de faire ainsi surchauffer leurs appareils. Sont-ils pour autant à l’abri des gaz toxiques?
Des études contradictoires
Quelques mois plus tard, soit en août 2015, on écrit que vapoter serait 95 % moins nocif que fumer la cigarette. Le Public Health England, qui signe cette affirmation, en prescrit d’ailleurs l’usage à toute personne qui souhaiterait cesser de fumer. Le directeur de la santé et du bien-être du PHE, Kevin Fenton, relate pourtant que la cigarette électronique n’est pas sans risque, mais que sa dangerosité est infime lorsqu’on la compare à la cigarette classique.
Cette affirmation a elle aussi reçu ses propres critiques. En effet, le chiffre semble sortir de nulle part et ne s’appuyer sur rien d’autre que des bonnes intentions envers les fumeurs. Le PHE semble en effet inquiet de la proportion grimpante de la population qui croit que la cigarette électronique est aussi néfaste que la cigarette classique (passant de 8 % en 2013 à 22 % en 2015). À ce moment, il serait facile d’expliquer la publication de ces statistiques afin de cesser de « perdre du terrain » au sein de la population.
Dans un cas comme dans l’autre, les données et affirmations semblent biaisées. Une seule chose me semble certaine après toutes ces lectures : il semblerait préférable de ne pas fumer du tout.
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