Pendant que certains se remettent de la léthargie des fêtes et s’affairent pour la rentrée à Sherbrooke, d’autres se préparent pour une rentrée hivernale extraordinaire, une rentrée universitaire à l’étranger. Emmanuelle Boutin, elle, s’est envolée pour Turin!
Par Emanuelle Boutin
Alors qu’une politique restrictive concernant les échanges touche plusieurs facultés et que plusieurs étudiants se voient refuser le droit de partir pour étudier ailleurs qu’à Sherbrooke, je peux me considérer chanceuse de partir cet hiver. En effet, cette restriction ne sera applicable qu’en automne du côté du Département des communications. Heureusement pour moi! Et je dois dire que je suis bien désolée pour tous mes collègues et amis qui seront retenus ici, alors que trop peu de Canadiens s’envolent à l’extérieur du Canada pour étudier. En effet, des recherches menées par le Bureau canadien de l’éducation internationale démontrent qu’en 2012, « malgre´ les avantages des e´tudes a` l’e´tranger pour les e´tudiants (compe´tences professionnelles), pour les universités (visibilité à l’international) et pour les pays (compe´titivite´ e´conomique), le taux de participation du Canada (3 %) est beaucoup plus bas que celui d’autres pays. Par exemple, l’Allemagne a un taux de 30 % et vise les 50 %. » Quelle ironie! Dès lors que les étudiants démontrent un intérêt marqué pour l’échange étudiant, les départements décident d’instaurer des restrictions afin de retenir les étudiants entre leurs murs… Dans ce cas, ne devrait-on pas revoir nos structures administratives et l’organisation des cours? Peut-être que si nous nous penchions sur le problème, étudiants et administrateurs, nous arriverions à trouver des solutions envisageables tant pour les étudiants que pour les représentants de l’administration universitaire.
Enfin…
Changer de ville, changer d’amis, changer de décor, c’est un peu ce qui arrive quand les étudiants s’engagent pour de nombreuses années d’études à l’université. Changer de langue, changer de pays, encore du changement, c’est bien ce qui attend ceux et celles qui s’abandonnent à des études à l’étranger. On dit étudier à l’étranger, mais qui est l’étranger? C’est l’autre ou c’est soi-même? Peut-être que partir nous fait découvrir une nouvelle personne. En tout cas, s’éloigner ainsi du quotidien tend certainement à l’apprentissage. Qu’il soit académique, spirituel, musical, culinaire, personnel, social…cet exil qu’est le voyage permet d’élargir les horizons.
Pour un voyage comme celui-là, on n’est jamais vraiment prêt. Même si la décision est prise près de dix mois avant le départ et qu’on se voit souvent en rêve dans la destination envisagée, on conçoit rarement l’ampleur de tous les préparatifs. D’abord, il faut soumettre le dossier de candidature, lequel rassemble plusieurs documents. Ensuite, il y a la longue attente qui précède l’acceptation du dossier par l’université d’accueil. Dans mon cas, j’ai envoyé mon dossier fin février/début mars et je n’ai su que j’étais officiellement acceptée à Turin qu’en octobre. Après, il faut déjà prévoir le logement. Si votre université collabore, c’est génial. Si vous avez des amis qui connaissent des amis là-bas, c’est encore plus génial! Vous devez aussi penser au visa. LE fameux visa. Encore une pile de documents à produire, à rassembler et à envoyer. Une fois que vous aurez reçu ce bout de papier, les épaules plus légères, vous aurez l’impression que le départ est plus vrai, plus près aussi. Cette accalmie dans la tempête des préparatifs, il faut la savourer, car bien vite, tout déboule et le départ est déjà là, trépignant d’impatience au pied de la porte.
Si vous étiez en session d’études, les examens arrivent à grands pas, alors vous mettez un peu de côté ce projet pour vous concentrer sur les finaux. Si vous étiez en stage, les derniers dossiers doivent être fermés et les dernières semaines se bousculent, vous en oubliez presque votre départ, si ce n’est que de votre collègue qui vous le rappelle toutes les semaines.
Le temps des fêtes arrive, vous êtes donc précipité dans la folie des soupers, des cadeaux, des becs et des mercis. 6 janvier, les fêtes sont terminées. L’étudiant en vous se réveille: « je pars dans deux jours…qu’est-ce que j’apporte? » Faire des valises légères pour transporter un segment de vie n’est pas chose facile (je me suis résolue à ne prendre qu’une seule valise, surtout pour l’aspect pratique de la chose). Ainsi s’empilent vêtements chauds, vêtements légers, appareils électroniques, livres et crayons. Tout est prêt. Tout vous attend. L’aventure, une nouvelle langue, des cours intéressants, des étudiants issus de partout à travers le monde, des voyages, des folies certainement, mais surtout un bagage immense, mille fois plus important que celui qui transporte vos effets personnels, une valise imposante de savoir, de connaissances, de partages, de souvenirs, d’échanges et de moments indescriptibles.