Par Carolanne Boileau
Le 14 mai dernier était synonyme d’élections présidentielles et législatives en Turquie. À la suite d’une attente fatidique, la population turque a finalement appris qu’un deuxième tour serait nécessaire pour clore l’élection présidentielle.
En effet, le président sortant et candidat, Recep Tayyip Erdogan, a obtenu 49,51 % des voix tandis que son principal adversaire, Kemal Kilicdaroglu, s’en sort avec 44,88 % des votes. Ces résultats définitifs ont été rapportés par l’agence de presse officielle Anadolu, mais sont vivement contestés par l’opposition selon un article de France 24. Malgré la gronde, ces chiffres permettent de confirmer qu’un deuxième tour sera nécessaire pour connaître le futur président turc.
Des résultats imprévisibles
Le second tour de l’élection aura lieu le 28 mai prochain et impliquera deux candidats de taille. Le premier, Recep Tayyip Erdogan, est président du pays depuis plus de 20 ans et s’en sort avec un résultat confortable. Sa performance au premier tour fait mentir tous les sondages qui plaçaient son adversaire largement en avance. Contre toute attente, Erdogan profite d’une avance de 2,6 millions de voix sur son rival. L’autocrate islamoconservateur se place donc en tête de la course à la présidence, mais assure tout de même qu’il respectera le désir de la population d’imposer un second tour à cette élection. C’est la première fois que le président sortant sera forcé de se plier à cet exercice puisqu’il avait obtenu plus de 50 % des voix au premier tour lors des deux dernières élections.
Du côté de Kemal Kilicdaroglu, principale alternative au président sortant, celui-ci avance qu’il gagnera certainement le deuxième tour. Le candidat à la présidence affirme que « le besoin de changement dans la société est supérieur [au chiffre de] 50 %; nous devons absolument gagner et établir la démocratie dans ce pays », selon l’Agence France-Presse. Le social-démocrate Kilicdaroglu emmène avec lui une coalition inédite de six formations de l’opposition et tentera d’offrir un vent de fraîcheur à la population turque en remportant cette élection.
Un climat politique difficile
La situation politique actuelle de la Turquie n’a rien d’encourageant pour Erdogan, qui brigue un troisième mandat. En effet, la situation économique dans laquelle il a poussé son pays et ses tendances autoritaires pourraient lui coûter l’appui d’une bonne partie de l’électorat. Pour plusieurs personnes turques, la crise économique et l’inflation, qui fait rage au sein du pays, sont le résultat de décisions prises par leur ancien président. Selon Jean Marcou, directeur du Master Méditerranée–Moyen-Orient à l’Institut d’études politiques de Grenoble, «les Turcs ont connu une situation économique meilleure et ils sont inquiets pour leur avenir», rapporte Radio-Canada.
Au-delà de la situation économique, plusieurs décisions du gouvernement sont également vivement critiquées par la population. Par exemple, la réaction du gouvernement au tremblement de terre du 6 février, ayant causé plus de 50 000 morts, a grandement terni l’image des têtes dirigeantes. La gestion de cet événement pourrait à elle seule jouer un rôle dans le choix de l’électorat. Une chose est sûre : l’incertitude continuera de planer jusqu’au 28 mai.
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