Par Mireille Vachon
Je ne t’apprends rien en te disant que tu n’as pas vraiment réussi à te faire des amis cette année. Je te confirme que personne ne sera bien triste de célébrer ton départ le 31 décembre au soir, alors qu’une nouvelle année — et espérons un nouveau chapitre un peu plus joyeux — commencera. (Bon, OK, les gens seront probablement tristes d’être seuls dans leur salon en écoutant le Bye bye, mais le point n’est pas là.)
Dès janvier, on parlait déjà d’une possible Troisième Guerre mondiale après que les États-Unis aient tué le puissant général iranien Qassem Soleimani, geste considéré comme étant presque une « déclaration de guerre » des Américains contre l’Iran. Déjà là, quand l’année commence avec le président iranien qui promet que son pays se vengera des États-Unis… ça ne part pas si bien que ça.
En février, bonne nouvelle! Parasite de Bong Joon-ho devient le tout premier long métrage en langue étrangère à gagner le trophée du meilleur film dans l’histoire des Oscars. L’œuvre a en plus remporté les honneurs pour le meilleur réalisateur, le meilleur film étranger et le meilleur scénario original.
C’est le tour du fameux 13 mars, jour où l’urgence sanitaire a été déclarée par le gouvernement du Québec. Restaurants, écoles, magasins… tout est fermé sauf les services essentiels. Les fameux points de presse du premier ministre François Legault, toujours fidèlement accompagné de ses deux acolytes, deviennent l’attraction principale des Québécois.
Et ça continue ainsi… Il y a eu les immenses feux en Australie, qui ont détruit 20 % des forêts du pays au début de l’année, puis les plus gros feux de forêt de l’histoire de la Californie, qui ont brûlé plus de 1,4 million d’hectares dans l’État en quelques mois.
On peut aussi penser à la vague de dénonciations d’agressions et de harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux après que Safia Nolin ait dénoncé Marie-Pier Morin, ou encore à Joyce Echaquan, femme atikamekw de 37 ans et mère de sept enfants, qui est décédée dans des circonstances horribles à l’hôpital de Joliette. C’est sans oublier les élections américaines, les plus tordues de l’histoire des États-Unis…
L’année 2020 a aussi été marquée par les sept ans de la tragédie de Lac-Mégantic, les 50 ans de la crise d’Octobre, les cinq ans de l’attentat terroriste de Charlie Hebdo, le moment où le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne avec le Brexit, le décès tragique de l’Afro-américain Georges Floyd, l’attentat de Québec à l’Halloween, l’annulation de Noël (ou presque), la création d’un vaccin en moins d’un an, et cetera, et cetera, et cetera.
Du positif malgré tout ?
On va se le dire, la plupart des événements marquants de l’année sont pas mal négatifs. Mais chère 2020, je dois avouer que tu es quand même arrivée avec ton lot (aussi petit soit-il) d’éléments positifs, à commencer par les chansons incroyables de l’humoriste Pierre-Yves Roy-Desmarais, qui s’est improvisé chanteur depuis le premier confinement. Ça va mal une journée? Pas de problème, il suffit d’écouter en boucle les chansons « Ça va mal », « Je dis merci » ou « J’t’à boute », et tout est réglé.
La pandémie a stimulé la créativité de plusieurs artistes et fait prendre conscience de l’importance de la culture dans nos vies. Lorsque les cinémas, les musées et les salles de spectacles pourront rouvrir, les gens seront certainement au rendez-vous, et auront réalisé qu’on ne peut rien tenir pour acquis dans la vie.
Autre point positif : l’achat local est désormais au cœur des préoccupations, notamment grâce aux mouvements #panierbleu, #musiquebleue ou encore #OnSeSerreLesCoudes. Les Québécois ont pris conscience plus que jamais de l’importance d’encourager les commerçants d’ici. Espérons que cette manière de consommer restera bien ancrée dans nos habitudes, pandémie ou pas.
Dans mon cas, j’ai pu revivre chez mes parents le temps du premier confinement et ainsi passer des petits moments du quotidien avec eux, chose qui ne se serait probablement pas arrivée sans pandémie. Je me suis rapprochée de mes meilleures amies, car être séparées pendant si longtemps nous a fait réaliser à quel point la présence des autres était précieuse pour nous. J’ai réussi à augmenter le nombre de jours sans avoir à me laver les cheveux en les lavant moins souvent (il faut célébrer chaque petite victoire ces temps-ci, non?). Et la liste pourrait continuer encore…
Parce que « rien n’arrive pour rien »
Peut-être que tu voulais faire prendre conscience aux gens que rien ne doit être tenu pour acquis, dans la vie. Peut-être que tu voulais rendre hommage à la devise du Québec pour que lorsqu’on pensera à toi dans l’avenir, on se dise « Je me souviens ». Peut-être que tu te sentais simplement un peu mesquine, et que tu n’avais pas envie d’être complaisante cette année. Ça arrive, tout le monde vit des moments grognons, je ne vois pas pourquoi tu n’aurais pas le droit toi aussi.
Peu importe, je suis certaine que tu avais de bonnes raisons de nous faire vivre 2020 « à ta manière », comme le dirait Roxane Bruneau. Et je t’en remercie. Autant tu m’as fait sacrer à plusieurs reprises cette année, autant tu m’as fait apprécier les petites choses de la vie. Autant tu m’as donné le goût de « flipper des tables », autant tu m’as permis d’apprécier le confort de mon chez-moi. Et ça, personne ne peut t’en vouloir. Comme le dit une de mes très chères amies (qui va d’ailleurs beaucoup me manquer cet hiver pendant son stage en Alberta), « rien n’arrive pour rien ». Et 2020, je te fais confiance : je sais que tu n’es pas arrivée pour rien.
Mais si possible, en terminant, pourrais-tu transmettre un message de ma part à ta successeure 2021? J’aimerais qu’elle fasse en sorte que la foutue phrase « Ça va bien aller », qu’on entend depuis le mois de mars, prenne enfin tout son sens.
Repose en paix,
Mireille