La génération Z marocaine se mobilise pour la justice sociale 

Par Grégoire Bouley 

Les forces de sécurité marocaines arrêtent un manifestant devant le bâtiment du Parlement à Rabat, le 28 septembre 2025.

Depuis quelques jours, le Maroc connaît un mouvement inédit de contestation mené par sa jeunesse. Inspirés par des mobilisations similaires au Népal et à Madagascar, des milliers de jeunes Marocains, principalement de la génération Z, descendent pacifiquement dans les rues de Rabat, Marrakech, Casablanca et Agadir pour réclamer la justice sociale. 

Les appels à manifester sont d’abord apparus sur la plateforme de discussion Discord, où plusieurs milliers de jeunes se sont rapidement organisés. Les revendications portent principalement sur la réforme du système éducatif et l’amélioration des services publics de santé. 

Le 29 septembre, lors du troisième jour de mobilisation, plus de soixante personnes ont été interpellées, la plupart relâchées après vérification d’identité. Les forces de l’ordre ont tenté d’interdire les rassemblements, notamment au centre de Rabat, mais sans empêcher totalement la tenue des manifestations. 

Des revendications sociales claires 

« Ce sont des demandes purement sociales. De manière générale, le droit à une vie digne, c’est-à-dire à l’éducation, à la santé, à un habitat décent. Et aussi, à travers certains slogans, ils réclament la fin de la corruption », explique la présidente de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Souad Brahma. Malgré la répression policière, aucun blessé ni dégradation matérielle n’ont été rapportés, selon l’agence de presse marocaine. 

Entre football et priorités sociales 

De nombreux slogans critiquaient les choix budgétaires du gouvernement. « Les stades sont là, mais où sont les hôpitaux ? », pouvait-on lire sur des pancartes. La contestation intervient alors que le Maroc se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en fin d’année et la Coupe du monde de football 2030, organisée conjointement avec l’Espagne et le Portugal. Pour beaucoup de jeunes, ces investissements massifs contrastent avec les inégalités sociales persistantes, les disparités régionales et le fossé grandissant entre les secteurs public et privé. 

La colère des manifestants s’est aussi nourrie d’un drame survenu récemment à Agadir, où huit femmes enceintes sont décédées lors de césariennes dans un hôpital public, faute d’équipements et de médicaments adéquats. Le directeur de l’établissement a été limogé et une enquête a été ouverte, mais ce drame a profondément marqué l’opinion publique. 

Une réaction politique prudente 

Dans un communiqué publié le 30 septembre, la coalition gouvernementale libérale et de centre droit a affirmé « être à l’écoute et comprendre les revendications sociales » de la jeunesse, assurant vouloir « y répondre de manière positive et responsable ». De son côté, la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme (LMCDH) accuse le gouvernement de « détérioration des conditions sociales » et de « violations des droits constitutionnels ». 


Source : Getty Images

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