Par Grégoire Bouley

L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a été reconnu coupable par la Première Section de la Cour suprême fédérale (Supremo Tribunal Federal – STF) de plusieurs chefs d’accusation, dont une tentative de coup d’État à l’endroit de l’actuel président du pays Luiz Inácio Lula da Silva. La tentative est survenue après la défaite de Jair Bolsonaro lors de l’élection de 2022. Il a été condamné le 11 septembre 2025 à 27 ans et 3 mois de prison.
Quatre des cinq juges de la Cour suprême chargés du dossier ont déclaré Bolsonaro coupable. Seul le juge Luiz Fux s’est démarqué de ses collègues mercredi en votant pour l’acquittement de l’ancien président. À la suite du verdict, les avocats de Bolsonaro ont annoncé qu’ils feraient appel sous un délai de cinq jours après le verdict. « La défense considère que les peines prononcées sont incroyablement excessives et disproportionnées et déposera les recours appropriés, y compris au niveau international », a déclaré l’assistant de Bolsonaro, Fábio Wajngarten.
Le coup d’État manqué du 8 janvier 2023
Cette tentative de renversement est survenue après sa défaite contre Lula. Bien que le complot n’ait pas obtenu le soutien suffisant de l’armée, les partisans de Bolsonaro ont pris d’assaut plusieurs bâtiments gouvernementaux le 8 janvier 2023. Durant le procès, la juge Cármen Lúcia a rappelé que Bolsonaro avait déclenché « l’insurrection », entrainant le vandalisme de la Cour suprême, du palais présidentiel et du Congrès.
De son côté, le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a déclaré : « Il a tenté d’anéantir les piliers essentiels de l’État de droit démocratique, dont la conséquence majeure aurait été le retour de la dictature au Brésil ». Le fils de l’ex-président, le député Flávio Bolsonaro, a assuré que son père « gardait la tête haute face à cette persécution, car l’histoire montrera que nous sommes du bon côté ».
Selon l’enquête policière, le président défait avait ordonné la fermeture du Congrès brésilien et l’arrestation du président de la Cour suprême ainsi que du président du Sénat. Un plan détaillé de mise en œuvre du coup d’État a été retrouvé par la police. L’enquête révèle également qu’il aurait tenté de faire assassiner Lula.
Déjà, en 2023, Bolsonaro avait été condamné à huit ans d’inéligibilité. Malgré cette sanction, il a affirmé vouloir se présenter à l’élection présidentielle de 2026. Réagissant à la condamnation, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a tweeté : « Les États-Unis répondront en conséquence à cette chasse aux sorcières. » En réponse, Lula a dénoncé une menace inacceptable. « Le président d’un pays ne peut pas interférer dans les décisions souveraines d’un autre pays. S’il décide de prendre des mesures, c’est son problème. Nous réagirons en conséquence. »
Un état de santé fragile
Dimanche 14 septembre, Jair Bolsonaro a été hospitalisé au DF Star de Brasilia, hôpital privé, escorté par plusieurs policiers armés. Il doit y subir deux opérations pour traiter des lésions cutanées, séquelles d’un coup de couteau subi en 2018. L’ancien chef de l’État souffre également de crises de hoquet et de vomissements liés à des problèmes digestifs pour cette même raison. Dans ce contexte, la Cour suprême doit examiner les recours de sa défense avant son incarcération. Bolsonaro pourrait demander à purger sa peine à domicile pour raisons médicales.
Ce jugement marque un tournant dans l’histoire du Brésil. Jamais auparavant un président sortant n’avait été condamné pour avoir tenté d’anéantir les piliers de la démocratie après une élection perdue. Il ouvre la voie à un long processus d’appels pourrait entrainer des répercussions politiques, sociales et diplomatique majeures.
Source : GettyImages
