Mer. Avr 24th, 2024

Par Jérémy Plamondon

Facebook (Meta) et Google (Alphabet) ont finalement mis leurs menaces à exécution : il ne sera bientôt plus possible d’accéder à du contenu journalistique canadien sur ces deux plateformes web, la première étant consultée par 29 % des Canadiens pour s’informer selon le Digital News Report 2023, et la seconde ayant 86,8 % des parts de marchés des moteurs de recherches au Canada selon Statscounter.

Cette décision est survenue dans la foulée de l’adoption du projet de loi C-18, maintenant Loi sur les nouvelles en ligne. Il s’agit d’une loi qui vise à forcer Facebook et Google à négocier avec les médias canadiens afin de leur fournir une compensation financière pour leur contenu qui circule sur ces plateformes. Cette loi survient dans un contexte où les revenus publicitaires transitent depuis de nombreuses années vers les géants du web aux dépens des médias traditionnels.

Dans des communiqués de Meta et de Google publiés respectivement le 1er et le 29 juin 2023 sur leur site internet respectif, les deux compagnies ont énoncé qu’elles allaient mettre fin à l’accès aux nouvelles Canadiennes d’ici l’entrée en vigueur de la Loi, soit six mois après son adoption par les partis concernés. Les deux plateformes prétendent faciliter la diffusion des nouvelles canadiennes plus qu’en profiter financièrement. Elles craignent ce qu’elles qualifient de « taxe sur les liens », puisqu’elles disent ne pas contrôler ce que font circuler les usagers sur leurs plateformes, créant donc de l’incertitude financière.

Une réponse politique et économique

Le ministre du Patrimoine canadien Pablo Rodriguez, parrain de la Loi, a rappelé à plusieurs reprises que « tout ce que nous demandons, c’est que ces plateformes contribuent à leur juste part. Pas plus, pas moins, juste ce qui est juste ». Confiant que les discussions avec Google résoudront le problème sur ce front par voie de législation, le ministre a toutefois annoncé le 5 juillet que le gouvernement suspendait toute ses publicités sur Facebook et Instagram (Meta), en raison d’un comportement jugé « déraisonnable » de ce géant du web.

Il s’agit d’une réplique qui a été reproduite par les entreprises de presse et de télécommunications Québecor, Bell Média, Torstar, Cogeco et Postmedia Network Canada, ainsi que par une panoplie d’acteurs privés, publics, communautaires et politiques, surtout au Québec.

Meta combat sur plusieurs fronts

Parallèlement à ce dossier, Meta a lancé le 5 juillet une plateforme visant à être une compétitrice directe à Twitter. Threads, intimement lié à Instagram, a atteint 100 millions d’abonnés en 5 jours, fracassant ainsi le record établi par Chat GPT plus tôt cette année. La saga de la Loi sur les nouvelles en ligne pourrait éventuellement empiéter sur cette compétition des sites de microblogage, puisque Pablo Rodriguez a affirmé le 12 juillet que Threads « sera éventuellement inclus dans la réglementation ». Il s’agirait d’un coup dur pour une plateforme de ce type, où la circulation de nouvelles est centrale au modèle d’affaires.


Crédit image @Jérémy Plamondon

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