Dim. Mai 19th, 2024

Par Yedidya Ebosiri  

À l’aube du 24 février dernier, la Russie lance une opération militaire sur le territoire ukrainien. Kiev est envahie, les réunions d’urgence se succèdent. Depuis 55 jours, ce conflit armé dont le bilan humain et matériel ne cesse de croître inonde les médias. Ennemies du Kremlin, les puissances occidentales s’entendent sur l’horreur de la guerre et condamnent l’invasion russe. Toutefois, la récente question du « génocide » sème la division parmi les alliés de l’Ukraine. 

Alors que les cadavres parsèment les rues de la ville de Boutcha, le président Zelensky ouvre le débat : il accuse son homologue russe de commettre des crimes de guerre « qui seront reconnus par le monde comme un génocide ». Quelque temps plus tard, Joe Biden reprend l’expression. La portée de son discours est d’abord nuancée par la porte-parole de la Maison-Blanche qui rappelle que les propos du président américain n’ont aucune valeur juridique. Or, ce dernier demeure sur sa position en soutenant que Vladimir Poutine tente assurément d’éliminer « l’idée même qu’on puisse être ukrainien ». Le Canada emboîte le pas et cautionne l’emploi du terme génocide. 

À l’autre bout du globe, la France et l’Allemagne ne sont pas de cet avis. Emmanuel Macron estime que cette accusation est prématurée et prévient les puissances nord-américaines des conséquences de cette cascade de mots à l’encontre de la Russie : « Le mot de génocide a un sens et le mot de génocide doit être qualifié par des juristes et non par des politiques. » 

« L’intention de détruire » 

Sur ce point, le chef d’état français voit juste : selon la convention des Nations Unies, le génocide se rapporte à une série d’actes « commis dans l’intention de détruire, intégralement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Depuis sa qualification juridique en 1948, la définition du génocide s’illustre actuellement par trois cas reconnus par l’ONU. D’un côté, la Shoah ayant eu lieu au cours de la Deuxième Guerre mondiale a fait l’objet d’une poursuite officielle auprès des tribunaux internationaux. Il en va de même pour le tristement célèbre génocide des Tutsis du Rwanda. Finalement, la Bosnie-Herzégovine est le théâtre d’un génocide à l’égard des civils musulmans en 1995.  

Bien que ces allégations soient généralement niées par les historiens, l’expression « génocide congolais » se fait courante pour faire référence aux multiples massacres orchestrés par le roi Léopold II. Certains avancent que l’extermination planifiée n’a jamais été une intention politique; d’autres affirment que ce génocide colonial tarde à être reconnu. Quoi qu’il en soit, la question pose débat ce qui semble être le cas de la situation en Ukraine.  

Quand les tribunaux s’en mêlent 

Une enquête a été lancée par la Cour pénale internationale sur la guerre en Ukraine le 2 mars dernier. Créée il y a 20 ans, il s’agit de la juridiction chargée des dossiers concernant les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les génocides. Jusqu’à présent, la Russie ne serait coupable que du second type d’exaction. 


Crédit image @ Tetiana Shyshkina

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