Jeu. Mar 28th, 2024

Par Stéphane Martire 

Les élections présidentielles françaises auront une nouvelle fois montré des fractures profondes au sein d’un pays qui vit, depuis plusieurs années, la montée inexorable des extrêmes. Jusqu’ici, la classe politique dirigeante en a peu tenu compte. 

Vote de protestation? 

Sortie des partis traditionnels de LR (ancien UMP) ou du PS, ce sont deux partis aux extrêmes qui ont pris le relais. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon terminent le premier tour avec respectivement 23,15 % et 21,95 % des voix, derrière Emmanuel Macron (27,85 %). L’UMP et le PS, ils sont loin derrière. 4,78 % pour Valérie Pécresse et 1,75 % pour Anne Hidalgo. Un résultat sans appel… mais pas une surprise. En 2017, Marine Le Pen était déjà au second tour et Jean Luc Mélenchon s’approchait déjà des 20 % de suffrages exprimés. 

Le vote pour Marine Le Pen exprime, en partie, les voix d’une frange extrémiste de la population française. Parmi les électeurs de la présidente du RN se trouve une part conséquente d’employés (33 %) et d’ouvriers (42 %). De son côté, Jean-Luc Mélenchon réalise des percées dans les quartiers défavorisés. Les résultats des partis traditionnels sont certes dus à la place qu’a pris Emmanuel Macron, entre gauche et droite, ralliant à lui de nombreux anciens membres de LR et du PS.  

Toutefois, ils sont également dus à un « ras-le-bol » des Français. La crise des gilets jaunes avait déjà témoigné d’une fracture importante vis-à-vis du pouvoir. Aujourd’hui, le vote Le Pen/Mélenchon appuie encore un peu plus fort la thèse d’un système politique français qui s’essouffle entre climat social délétère, insécurité et pouvoir d’achat en décroissance depuis 1960. Or, ce sont les mêmes partis politiques qui se partagent le pouvoir depuis 1958, exception faite de Macron, pourtant ancien ministre de François Hollande. Certaines déclarations du président n’ont d’ailleurs pas aidé à renouer le lien. C’est peut-être justement ce manque de dialogue qui pousse, en partie, une certaine France à se tourner vers le populisme des extrêmes. 

Quel avenir pour les partis traditionnels? 

Le résultat du premier tour a donné lieu à un prévisible appel au « front républicain » pour faire barrage à l’extrême droite. Tout à l’honneur de Pécresse et Hidalgo. Pourtant, cela donne un peu plus d’eau au moulin des Français qui jugent que la rivalité PS/LR/En Marche n’est en réalité que « bonnet blanc et blanc bonnet ».  

La campagne fut, comme toujours, le théâtre d’une lutte âpre où (presque) tous les coups sont permis pour finalement appeler à voter pour celui que l’on a tant mis au pilori.  

Les électeurs de l’extrême droite dans tout cela ? Avec 7,7 % de suffrages exprimés en faveur d’Éric Zemmour, c’est 30,85 % d’électeurs qui ont porté leur voix vers l’extrême droite. La réponse reste malgré tout la même : barrage au RN. Cela sonne comme un piège inextricable pour le PS et LR, coincés entre leur devoir moral et leurs ambitions politiques… 

*Cet article a été rédigé avant le deuxième tour des présidentielles françaises. 


Crédit image @ Jeremy Bezanger

FORMER ET INFORMER / Le Collectif a pour mission de rapporter objectivement les actualités à la population et d’offrir une tribune à la communauté étudiante de Sherbrooke et ses associations. Toutes les déclarations et/ou opinions exprimées dans les articles ou dans le choix d’un sujet sont uniquement les opinions et la responsabilité de la personne ou de l’entité rédactrice du contenu. Toute entrevue ou annonce est effectuée et livrée dans un but informatif et ne sert en aucun cas à représenter ou à faire la promotion des allégeances politiques ou des valeurs éthiques du journal Le Collectif et de son équipe.