Jeu. Mar 28th, 2024

Par Myriam Baulne 

Tandis que les salles de réunion virtuelles, les avatars et les applications de visioconférence en ligne comme Discord étaient autrefois assez méconnus en dehors du domaine du jeu vidéo, la pandémie apporte aujourd’hui une réalité nouvelle. Après plus d’un an en quasi-confinement, les visites culturelles guidées, les spectacles, les conférences et même nos soirées de jeu entre amis ont aujourd’hui une tout autre allure. L’industrie numérique, qui a profité de cet essor pour se perfectionner, nous réserve-t-elle une révolution? 

En dehors des conséquences prévisibles de la pandémie sur le domaine de l’amusement numérique (hausse du coût des jeux, des abonnements, des ordinateurs et des consoles, sorties prématurées de jeux pour satisfaire l’impatience des joueurs séquestrés, etc.)l’engouement de certains pour de nouveaux passe-temps virtuels a créé un véritable besoin là où se trouvait autrefois une simple envie : celle de se réfugier dans un monde meilleur. Dès 2020, comme la population mondiale se retrouve privée de ses petits bonheurs et dans l’impossibilité de sortir profiter des expériences extérieures, elle recherche la routine, le réconfort, les connexions sociales et les découvertes ailleurs.  

Le phénomène Animal Crossing 

Le succès du jeu Animal Crossing : New Horizons sur Nintendo Switch en est une preuve indéniable. Cinquième opus de sa franchise et offert au prix d’environ 80$ en ligne comme dans les magasins, le jeu bat des records dès sa sortie le 20mars 2020, soit moins d’une semaine après le début du confinement ici, au Québec. Le jeu d’évasion, qui permet entre autres au joueur de créer un personnage à son effigie, de jardiner, de pêcher, de bricoler, de visiter d’autres joueurs et de s’entourer de voisins farfelus, s’écoule à 11,77millions d’exemplaires en 12jours à peine. En effet, le jeu s’attire un public inusité, composé en très grande partie… d’adultes. 

Nintendo annonce d’ailleurs que le jeu a grandement contribué à l’initiation de nouveaux joueurs sur la console Nintendo Switch, puisque plus de la moitié des nouveaux possesseurs de la console ont joué à Animal Crossing : New Horizons le premier jour d’utilisation de leur console. Le succès ne s’arrête pas làAnimal Crossing : New Horizons est le jeu le plus vendu en France en 2020. En date du mois dernier, le jeu s’est écoulé à plus de 31,8millions de copies au total, ce qui fait de lui le titre de Nintendo le plus vendu en une seule année (2020). 

L’attrait est simple : s’évader sur une île, acheter une maison, développer des amitiés dans un monde paradisiaque et sans tracas; voilà le rêve de nombreux jeunes adultes désabusés de la situation sociale actuelle (crise du logement, pandémie, isolement, épuisement professionnel, salaires sous le seuil de pauvreté, etc.). Le jeu permet d’établir des objectifs à long terme et de progresser à un rythme personnalisé, ce qui en fait aujourd’hui un outil de gestion du stress pour de nombreuses personnes. C’est connu, le temps passe vite quand on s’amuse! 

Le bureau virtuel : outil adapté ou piège capitaliste? 

Depuis 2016, un nouvel outil vient révolutionner le télétravail. Le virtual desktop, ou bureau virtuel, permet d’utiliser son ordinateur et toutes ses fonctions dans une immersion totale. Puisqu’il ne requiert que l’achat d’un casque de réalité virtuelle et d’un logiciel d’environ 10$ et qu’il présente d’innombrables fonctions incroyables, le concept est sûr de gagner en popularité et en efficacité dans les prochaines années. Le bureau virtuel permet, entre autres, de simuler l’utilisation de plusieurs écrans pour une fraction du prix, de profiter d’environnements virtuels stimulants et de travailler… couché. 

Les bienfaits sont nombreux et la technologie ne cesse d’épater. Toutefois, un enjeu important fait son apparition. Et si la saisie de données sur Excel ressemblait plus à un jeu qu’à du travail; qu’il était difficile de voir le temps s’écouler, car comme dans les casinos, nous étions coupés de la lumière du jour; que le travail se rapprochait tant du jeu vidéo que les pauses disparaissaient et que les heures de travail s’allongeaient : quelles seraient les implications sociales? À vous d’en juger. 

Découvrez toute l’ampleur du projet de bureau virtuel de Windows ici. 

La technopédagogie ludique 

L’utilisation des TIC (technologies de l’information et des communications) en éducation présente de nombreux avantages et se veut la progression logique dans les méthodes d’enseignement modernes. Aujourd’hui, la plupart des jeunes sont propriétaires d’un téléphone mobile dès la préadolescence. Les salles de classe, qui ont peu changé depuis 100ans, présentent un attrait très moyen pour les étudiants en comparaison aux micro-ordinateurs surpuissants qui tiennent dans la poche de leur pantalon. Toutefois, comme la pandémie de COVID-19 a pu nous le démontrer, un équilibre entre écran et société est requis pour le maintien de la bonne santé mentale et physique de la plupart des humains. 

Quelques compagnies, comme Classcraft (qui siège d’ailleurs au centre-ville de Sherbrooke), cherchent à rendre l’enseignement ludique et à permettre aux étudiants d’évoluer dans un environnement virtuel, rassurant pour plusieurs. D’autres entreprises axent plutôt leurs recherches sur l’utilisation de la réalité virtuelle dans le domaine de l’activité physique, de la médecine et du droit, ce qui s’avère très prometteur. Depuis quelques années, de nombreux artistes font même appel à la réalité virtuelle pour développer de nouvelles expositions créatives immersives (ne manquez pas de lire larticle de Sabrina Asselin à ce sujet dans les prochaines pages!). 

Que vous y voyiez là un véritable cauchemar orwellien ou un rêve digne de la science-fiction, il ne fait aucun doute que la réalité virtuelle fera bientôt partie de notre quotidien. Quant à cette fameuse révolution du numérique… eh bien, nous sommes en plein dedans! Saura-t-elle jumeler humanité et connectivité mieux que les mesures d’urgence adoptées en pleine pandémie? 

Seul l’avenir nous le dira.


Crédit photo @ National Institutes of Health

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Directrice générale pour le Journal Le Collectif

Diplômée du baccalauréat en traduction professionnelle à l'Université de Sherbrooke depuis août 2021, Myriam travaille au journal depuis l'automne 2018. D'abord comme correctrice, elle a ensuite tenté sa main aux postes de cheffe de pupitre des sections campus (hiver et été 2020) et culture (automne 2020 et hiver 2021) avant d'obtenir le poste de directrice générale en avril 2021.

Amoureuse du journal et de son équipe, Myriam se fait un plaisir de pratiquer sa tâche de correctrice encore à ce jour et de mener Le Collectif et ses journalistes plus loin, session après session.