Lun. Juil 22nd, 2024

Par Karlen Monny

Depuis maintenant quelques mois, une énorme crise des passeports fait rage au Québec. Des longues files d’attente et des heures au téléphone avec Passeport Canada afin de pouvoir partir en vacances ont fait partie de la vie quotidienne d’un grand nombre de Québécois et de Québécoises, prêts à tout pour profiter de leur congé à l’étranger.

Les origines de la crise

D’où vient cette longue attente afin d’obtenir son passeport ? Selon La Presse, un décret gouvernemental publié le 26 mai 2021 confirme que Passeport Canada a limité la délivrance de documents pendant plus de 15 mois. Le décret stipule que « depuis le 18 mars 2020, pour appuyer les efforts de confinement et protéger le personnel, le Programme de passeport a réduit les opérations de traitement des demandes au Canada pour ne traiter que les raisons justifiant un voyage urgent ».

Francis Côté, directeur général de l’agence Voyages Objectif Terre, note que cette crise était complètement prévisible et aurait pu être anticipée. Le gouvernement fédéral a avoué qu’il a été pris de court par le nombre important de demandes de passeports en réponse à la levée des restrictions et surtout à l’approche des vacances estivales, en précisant que beaucoup de personnes ne possédant pas de passeport ont fait la demande ces derniers mois, ce qui a retardé les traitements de tous les passeports.

Les effets et impacts sur la population

Beaucoup de Québécois ont vu leurs vacances filer entre leurs doigts. C’est le cas de Christine Tina Paliotti qui a pris un rendez-vous le 17 mars dernier en vue d’un voyage le 23 juin avec sa fille en Thaïlande. En échangeant avec Émilie Bilodeau de La Presse, Mme Paliotti raconte qu’elle était censée recevoir son passeport aux alentours du 3 mai; mais n’ayant aucune nouvelle du document de voyage vers la mi-mai, elle a multiplié les démarches afin de sauver ses vacances en Thaïlande. Résultats ? Des heures à composer le numéro de la ligne d’assistance de Passeport Canada, des demandes de transferts et des interminables queues devant le bureau. Le jour de son départ, en fin d’après-midi, Mme Paliotti a reçu un appel pour lui demander la date de son départ; il était déjà trop tard, sa fille avait payé 5000 $ pour le voyage qu’elle n’a pas fait.

Des personnes québécoises ont également tenté le tout pour le tout et ont décidé de camper devant les bureaux afin d’obtenir un coupon donnant un rendez-vous. D’autres envisageaient également d’aller au Nouveau-Brunswick afin d’obtenir leur passeport.

Les dispositions prises par le gouvernement

Afin de contrer cette crise qui empiète sur la vie des individus, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé un nouveau groupe de travail composé de 13 ministres, soit le tiers de son cabinet, pour s’intéresser au problème. Il y a également des employés d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada qui « aident maintenant directement à traiter les passeports ».

Une nouvelle organisation a été mise en place sur les lieux afin de gérer l’attente des clients. Toujours d’après La Presse, la directrice générale de Service Canada au Québec confirme que des équipes procèdent désormais au triage des personnes qui patientent en file. Il y a maintenant une queue pour les départs dans moins de 12 h, dans moins de 48 h, dans plus de 48 h, pour un rendez-vous en ligne ou pour récupérer un passeport imprimé. Les demandes des personnes qui partent dans moins de 12 h sont traitées et imprimées sur place, tandis que les demandes de ceux qui partent dans 24 h à 48 h sont transférées à Gatineau afin d’être imprimées et retransférées à Montréal dans la nuit pour qu’elles soient distribuées.

Le Parti conservateur du Canada (PCC), le Bloc québécois (BQ) et le Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD) ont tous soulevé des doutes concernant ce nouveau groupe. Selon les informations de La Presse, Alexis Brunelle-Duceppe qualifie ce groupe de « petit party » qui sert aux ministres à « montrer qu’ils travaillent ». Le néo-démocrate Alexandre Boulerice, lui, a souligné que ce sont des fonctionnaires qu’il faut embaucher et qu’il faut former. Toutefois, d’après Luc Berthold, le chef adjoint conservateur, la solution réside dans le rappel au travail en présentiel de l’ensemble de la fonction publique pour éviter les engorgements comme dans le cas des passeports.

Cette dernière remarque est une des solutions envisagées, reconnait le ministre des Relations Couronne-Autochtone Marc Miller. D’autres solutions sont envisagées comme des « investissements accrus » et l’informatisation des services encore sur papier.

Est-ce que cette crise sera la goutte d’eau afin de faire revenir tous les travailleurs en présentiel ? Il semblerait que cette idée soit sérieusement prise en considération. Il est néanmoins important de se poser la question si un retour au bureau serait bénéfique au vu de la montée des cas de COVID-19. Depuis la levée des restrictions, le nombre de cas semblait stagner, mais une septième vague serait en cours, ce qui pourrait jouer en défaveur du retour en présentiel des personnes au travail.


Crédit image @Kylie Anderson

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