Ven. Mar 29th, 2024

Par Yedidya Ebosiri

Avec deux chefs d’accusation d’agression sexuelle, André Boisclair, autrefois chef du Parti québécois, plaide coupable. Les victimes racontent leur sombre récit, l’accusé semble crispé. La peine d’emprisonnement est fort probable : les délits commis par l’ex-politicien, attendu de pied ferme au palais de justice de Montréal le 18 juillet prochain, lui coûteraient deux années derrière les barreaux. Tantôt la Couronne, tantôt la défense, le prix à payer fait l’unanimité.

« Ce sont des infractions graves et importantes qui doivent être punies à la hauteur de leur gravité », déclare le procureur de la Couronne. Pour Me Jérôme Laflamme, les procédures criminelles doivent impérativement aboutir au centre de détention afin de renforcer « le message approprié de dénonciation et de dissuasion », comme mentionné au Devoir.

Un premier dossier

En janvier 2014, M. Boisclair est l’instigateur d’un viol collectif. Cette journée-là, la victime d’une vingtaine d’années se rend au domicile de l’accusé après quelques échanges via les médias sociaux. Celui-ci obtient son consentement quant à certains gestes de nature sexuelle à l’exception du sexe anal. Malgré son refus, l’ex-chef péquiste — ayant antérieurement consommé des stupéfiants — ordonne à une tierce personne de pénétrer le jeune homme qui est alors saisi par deux autres individus. Le plaignant résiste, l’accusé lui maintient le torse : une pénétration est tentée par un des complices de M. Boisclair pendant que la victime se débat.

 Si la tentative s’est avérée infructueuse, la victime se dit profondément troublée par ce traumatisme. Devant le juge Labelle, le jeune homme peine à sécher ses larmes : « J’ai eu des plans pour m’enlever la vie, » se plaint-il, d’après les informations du Devoir. Entre les crises de panique et les épisodes dépressifs, il peine à garder un emploi après avoir abandonné son cursus scolaire. Pour fuir son calvaire, il s’est récemment tourné vers les substances illicites.  

La récidive

Moins d’un an après cet évènement, André Boisclair est à nouveau l’auteur de violences sexuelles à l’égard d’un autre homme. Âgé de 23 ans, ce dernier rencontre le récidiviste sur une application de rencontre. Il accepte l’invitation de M. Boisclair à se rendre chez lui. Sur les lieux, la conversation va bon train jusqu’à ce que l’accusé ignore à trois reprises les « arrête » répétés par la victime lorsque les attouchements sont commis.

« Je suis marqué à vie, » constate-t-elle lors de l’audience. De toute évidence, la honte, mais aussi la peur sont les mots que l’homme emploie pour décrire son expérience. En outre, il rejette désormais les relations intimes puisque le contact avec autrui est difficile.

Bruyant silence

L’avocat de la défense, Me Massicotte, rappelle avec insistance que l’accusé est depuis suivi par un psychiatre spécialisé en toxicomanie et a remis aux victimes « des lettres d’excuses ». Il souligne aussi que son client a épargné aux victimes l’anxiété d’un second témoignage en reconnaissant sa responsabilité.

L’accusé, lui, demeure silencieux durant l’audience. « Il est d’avis que le geste qu’il pose [en plaidant coupable] parle mieux qu’il ne saurait le faire, » dit Me Massicotte.


Crédit image @Tingey injury law firm

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